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Le plan Marshall, soixante-dix ans d’influence en Europe

Le plan Marshall a 70 ans. Acteur phare de la construction européenne durant le XXe siècle, sa postérité se ressent toujours.

Par  Camille Mordelet

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Henri Kissinger, ancien secrétaire d’Etat des Etats-Unis (de 1973 à 1977), prix Nobel de la paix (1973), et Angela Merkel, chancelière allemande, le 21 juin, à Berlin.

La chancelière allemande Angela Merkel a célébré avec l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, mercredi 21 juin, à Berlin, les 70 ans du plan Marshall, le programme économique américain octroyant des prêts aux Etats européens qui leur ont permis de se reconstruire au lendemain de la seconde guerre mondiale.

C’est le 5 juin 1947 que le plan a été annoncé à l’université d’Havard par le secrétaire d’Etat George Marshall, puis signé par seize pays, près de quatre mois plus tard. La République fédérale allemande (RFA) saute le pas deux ans plus tard.

En tout, le plan Marshall a mobilisé 13 milliards de dollars entre 1947 et 1951. En prenant en compte l’inflation du dollar depuis 1947, la somme correspond en 2017 à environ 145 milliards de dollars (130 milliards d’euros). A titre de comparaison, le plan de relance de Barack Obama pour sortir les Etats-Unis de la crise économique de 2008 s’élevait à 787 milliards de dollars (706 milliards d’euros).

Point de départ à la société de consommation européenne

Angela Merkel a souligné, le 21 juin, que le plan Marshall avait bien servi les intérêts américains : « Bien sûr, ce n’était pas une approche altruiste (…) . Les pays européens devaient se construire comme associés et partenaires commerciaux des Etats-Unis. » Une position qui n’a rien d’anodin dans un contexte de tension entre la chancelière allemande et Donald Trump. Sans citer ce dernier, Angela Merkel a clairement fait référence au président américain en affirmant : « Le protectionnisme, l’isolationnisme entravent l’innovation et à long terme est défavorable pour tout le monde, notamment pour ceux qui comptent mener une politique isolationniste, même s’ils utilisent une terminologie différente. »

L’aide américaine de 1947 n’était donc pas venue sans contrepartie. Le président Harry Truman (président de 1945 à 1953) a utilisé le plan Marshall pour freiner l’expansion soviétique en Europe. En tout, ce sont 13 milliards de dollars qui ont été mobilisés jusqu’en 1951, sous diverses formes. Les principaux bénéficiaires du plan Marshall ont été la Grande-Bretagne et la France, qui ont reçu 49 % des aides américaines (26 % pour les Britanniques et 23 % pour les Français).

Le président de la République française Vincent Auriol et le secrétaire d’Etat américain George Marshall, le 9 décembre 1953.

De quoi entretenir l’activité économique américaine, qui a exporté vers l’Europe , nouvellement dotée d’argent, une large gamme de produits, comme des matières premières, de la nourriture, de l’énergie ou des machines. Les marchés européens, notamment français et britanniques, se sont libéralisés pour accueillir toujours plus de produits made in US . Le modèle européen s’est calqué sur celui de l’Oncle Sam. Les ménages ont rapidement pu améliorer leur confort, grâce notamment à l’électroménager et ainsi se libérer plus de temps personnel ; et qui dit temps libre, dit possibilité de consommer.

La Grèce veut toujours que l’Allemagne rende l’argent

Si les Allemands ont aussi bénéficié du plan Marshall à hauteur de 1,4 milliard de dollars, l’influence de l’initiative américaine à travers ce plan ne s’est pas arrêtée là. Afin d’éviter de répéter les erreurs et conséquences du traité de Versailles signé après la première guerre mondiale, Washington a obtenu des signataires du plan qu’ils repoussent toute demande de réparation de guerre auprès de l’Allemagne, au moins jusqu’à une éventuelle réunification.

Le temps venu, le remboursement entrerait alors dans le cadre d’un « traité de paix ». En 1953, les dettes de l’Allemagne envers les pays touchés par la guerre sont définitivement fixées par l’accord de Londres. Et en 1990, lors de la réunification de l’Allemagne, le chancelier Helmut Kohl obtient que le traité de Moscou ne porte pas la mention du « traité de paix ». Il n’est dès lors plus question d’espérer des réparations de guerre.

Grâce à cette protection du plan Marshall, la RFA, et donc l’Allemagne, a bénéficié d’un véritable « miracle économique », qui lui a permis de prospérer durant près de quarante ans. Sauf que ces dettes, certains pays européens, notamment la Grèce, sont loin de les avoir oubliées. « Ils ont pris les réserves d’or de la Banque de Grèce, ils ont pris l’argent grec et ne l’ont jamais rendu. C’est un sujet qu’il faudra bien aborder un jour ou l’autre. » En 2010, le vice-premier ministre grec Theodoros Pangalos, a lancé cet appel lors d’un voyage en Allemagne.

En pleine crise grecque, l’Allemagne s’est fait la porte-parole de la rigueur budgétaire. Un tour de vis qui est mal passé auprès des grecques et les a poussés à contre-attaquer. Ils ont alors exhumé un « prêt » que les nazis ont imposé à la Banque centrale grecque en 1941, pour contribuer à l’effort de guerre. Montant évoqué par la Grèce : 162 milliards d’euros, sans les intérêts. Soit environ de la moitié de la dette grecque.

« Plan Marshall », une expression entrée dans le langage courant

L’expression « plan Marshall » est aujourd’hui souvent employée pour titiller l’imaginaire collectif. Lundi 12 et mardi 13 juin, des chefs d’Etat africains se sont réunis à Berlin pour participer à une conférence lancée par le G20 et consacrée au partenariat avec l’Afrique. Angela Merkel a accueilli les dirigeants présents en appelant à développer des partenariats capables «  d’apporter la paix, la stabilité, la sécurité  ». Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a rapidement employé le terme « plan Merkel » pour qualifier cette volonté. L’expression est rapidement devenue virale. La référence directe au plan Marshall n’a pas échappé aux médias français, africains et allemands.

Camille Mordelet

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À quoi servit le plan Marshall

Sur son site Web, l’Union européenne dresse son autoportrait : ses «   racines historiques remontent à la seconde guerre mondiale. Les Européens voulaient se mettre à jamais à l’abri d’une telle folie meurtrière   ». Largement diffusé dans les médias et les salles de classe, ce récit néglige délibérément le rôle majeur des Etats-Unis dans l’intégration économique du Vieux Continent.

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A la fin du conflit, l’Allemagne est provisoirement hors jeu. Le Royaume-Uni et la France conservent leurs empires coloniaux, mais sortent affaiblis de la guerre. Celle-ci a en effet accéléré le redressement économique américain – amorcé dès les années 1930 – et accentué les difficultés du Vieux Continent. La dynamique de l’antifascisme, prolongée dans la lutte contre l’occupation nazie, a orienté la politique des Etats européens vers la gauche. Si le communisme reste un phénomène minoritaire, il enregistre une percée spectaculaire, en adhérents (6 à 7 millions) et en votes (plus de 20   % en Finlande, en France, en Islande et en Italie). Conjuguée au poids de l’économie de guerre et à la consolidation de la social-démocratie, cette poussée conforte l’émergence de formes originales de régulation économique. Le capitalisme dominant est à peu près partout tempéré par les mécanismes de l’Etat-providence. Lequel s’est développé après la guerre : c’est en 1942 que l’économiste William Beveridge énonce dans un rapport officiel les bases de l’«   Etat de bien-être   » (welfare state), puis celles du plein-emploi (1944).

Trop d’Etat   ? En 1946 et 1947, l’Amérique observe avec inquiétude l’évolution politique de l’Europe. Au printemps 1947, ses diplomates s’alarment de l’ampleur supposée de la crise économique et sociale européenne, car ils sous-estiment volontairement les résultats prometteurs de la reconstruction engagée. Un des objectifs de ces alertes est de justifier, auprès des congressistes américains, l’octroi d’une aide économique à l’Europe occidentale meurtrie, pour «   endiguer   » le communisme.

Coca-Cola, Hollywood et libéralisation des échanges : telles sont les contreparties de l’aide américaine.

Lancé le 5 juin 1947, le plan Marshall en est l’instrument. Le 12 avril 1948, le Congrès vote le montant global de l’aide (13 milliards de dollars, 1,2   % du produit national brut [PNB] américain, bien davantage que l’aide actuelle au tiers-monde) et entérine ses conditions : les seize Etats bénéficiaires doivent se regrouper dans une Organisation européenne de coopération économique (OECE, devenue OCDE en 1960), rééquilibrer leur balance des paiements et fonder leur reconstruction sur la libéralisation des échanges.

L’aide s’accompagne de traités bilatéraux contraignants, par lesquels l’Amérique s’octroie le droit de donner des «   conseils   » sur l’utilisation des sommes allouées et développe ses exportations vers l’Europe. Surplus agricoles, produits industriels, Coca-Cola et films hollywoodiens illustrent la puissance du modèle américain et la vitalité du «   billet vert   ».

Une pluie de dollars

Une pluie de dollars

L’Union européenne naît donc de la guerre froide, et non de la fin de la seconde guerre mondiale, comme cela se dit souvent. Les dirigeants occidentaux multiplient les rencontres en 1948. Le Britannique Ernest Bevin propose une Union de l’Europe occidentale en janvier, un congrès se réunit à La Haye en mai et le Français Georges Bidault avance l’idée d’une Union économique et douanière en juillet. Le blocus de Berlin (juin 1948 - mai 1949) précipite la coupure de l’Allemagne en deux Etats distincts, la République fédérale d’Allemagne (RFA, mai 1949) et la République démocratique allemande (RDA, octobre 1949). L’Europe centrale et orientale, elle, est intégrée en 1949 dans les réseaux du Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM ou Comecon), réponse soviétique au plan Marshall.

A l’Ouest, les projets fédéraux, politiques et militaires butent sur des résistances. Le blocage institutionnel pousse les responsables européens à contourner le problème par le biais de l’union économique, dans le cadre «   atlantique   » de la guerre froide. La première initiative sérieuse, en mai 1950, conjugue les efforts de la France et de la nouvelle RFA. Sous la houlette du Français Jean Monnet est mise en place une Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui regroupe six pays occidentaux à partir d’avril 1951. C’est le point de départ véritable d’une construction européenne fondée sur l’unification des marchés.

Document Jean Monnet, dont le corps repose au Panthéon, apparaît sous un jour très favorable dans les manuels scolaires français ( 1 ). Dans L’Europe sociale n’aura pas lieu (Raisons d’agir, 2009), les politistes Antoine Schwartz et François Denord rappellent quelques aspects souvent ignorés de la vie du «   père fondateur de l’Europe   » ( 2 ). 1 Il est secrétaire général adjoint de la SDN de 1919 à 1923. Pendant la guerre, il est nommé fonctionnaire aux Etats-Unis et participe au Victory Program. En 1942, Roosevelt le charge de réconcilier Giraud et de Gaulle. Il est nommé au CFLN (Comité français de libération nationale), puis de Gaulle lui confie le Commissariat général au plan en 1945. Parallèlement, il multiplie les initiatives en faveur de la construction européenne, qui font de lui un des pères fondateurs de l’Europe.  2 Jean Monnet est l’héritier d’une famille de négociants en cognac. Né en 1888, il arrête ses études à l’âge de 16 ans pour rejoindre l’entreprise familiale. (…) Après guerre, il devient l’adjoint du secrétaire général de la récente Société des nations (SDN), puis démissionne en 1923 pour reprendre en main les affaires familiales. Jean Monnet entame à cette époque une carrière de haute volée dans le monde de la finance. Il en garde tout au long de sa vie des amitiés, notamment au sein de la banque Lazard. Dans les années 1920, il intègre Blair and Co, une firme d’investissement américaine, et devient le vice-président de sa filiale française. (…) En 1929, il est nommé vice-président de la Bancamerica Blair à San Francisco, puis vice-président du holding Transamerica. Manuel d’histoire de terminale, Nathan, coll. «   Jacques Marseille   », 2004   ; François Denord et Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu , Raisons d’agir, 2009.

Roger Martelli

En perspective

Un plan pour anéantir l’allemagne, la guerre froide au miroir de berlin, de l’écrasement à la résurrection.

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I. Les causes de la division du monde en deux blocs

1. les causes idéologiques.

L'URSS a adopté depuis 1917 les principes du Marxisme fondés sur la dictature du parti communiste et la collectivisation des moyens de production et d'échange. Alors que le capitalisme pratiqué aux États-Unis (EU) et en Europe occidentale est fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échange de même que sur la liberté politique.

A la fin de la seconde guerre mondiale, les occidentaux reprochent aux soviétiques de répandre le communisme en Europe orientale, ce qui était contraire aux accords de la conférence de Yalta (février 1945) où il avait été question de permettre aux pays libérés de former librement leur gouvernement sur la base d'élections libres.

2. Les causes politiques

Le désaccord créé par le verdict du procès de Nuremberg

Les soviétiques voulaient la peine maximale (la peine de mort) pour tous les accusés nazis car ces derniers détenaient des secrets de l'armée russe (assassinat des officiers de l'armée polonaise). Ce qui fut rejeté par les occidentaux.

La question allemande

Après la guerre, les alliés ne s'entendent pas sur la question allemande. La mise en place d'un gouvernement central, la dénazification et le démantèlement de l'Allemagne constituent leurs points de désaccord. En effet, faute d'un gouvernement central, on assiste au maintien d'une gestion séparée des quatre zones d'occupation. Le pays est divisé ainsi que la capitale entre la France, l'Angleterre, les EU et l'URSS.

La question des territoires libérés

L'URSS impose par la force des gouvernements communistes dans tous les pays d'Europe centrale et orientale où son armée est présente, contrairement aux engagements pris à la conférence de Yalta en février 1945. L'expression “rideau de fer” désigne la frontière qui sépare l'Europe en deux blocs. Cette frontière est militarisée c'est-à-dire qu'elle est clairement visible par la présence de chars d'assaut, de troupes militaires, de murs et de barbelés. Ce rideau de fer s'étend sur environ 8500 kilomètres.

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Source: http://www.google.com/search?q=carte+du+rideau+de+fer (22 avril 2020)

La question nucléaire

L'URSS s'inquiète du maintien des bases navales et aériennes américaines en Europe, mais surtout du monopole nucléaire américain.

A ce propos le plan Baruch qui proposait l'interdiction de l'usage atomique à des fins militaires et la destruction des bombes existantes, fut rejeté par l'URSS. Ce rejet entraîne l'adoption de la loi Mahon aux EU qui entoure d'un secret rigoureux tout ce qui a trait à la fabrication d'engins nucléaires.

3. Les causes économiques : le désaccord sur la gestion économique de l'Allemagne

A Postdam (17 juillet au 2 août 1945), il est convenu que le Reich serait démilitarisé et dénazifié. Son industrie, selon les clauses de la conférence, doit être démantelée et l'Allemagne devrait payer aussi des réparations.

Mais dès 1946, les Alliés adoptent des positions opposées. Pendant que l'URSS entend faire de l'Allemagne un pays agricole et se livre à un démontage systématique des usines de sa zone, les américains et les britanniques cessent le démantèlement industriel et la dénazification. Ils craignent de voir l'Allemagne appauvrie et mécontente de son sort basculer dans le camp communiste.

4. La rupture de 1947

Les initiatives américaines

- La doctrine Truman [ 1 ]  : par cette doctrine, les EU décident officiellement d'enrayer la « soviétisation » de l'Europe par une politique d'endiguement ou « containment ». Il s'agit de contenir par tous les moyens l'expansion du communisme en Europe et dans le monde.

Le gouvernement américain ne permettra plus une modification du statut européen en faveur du communisme et il s'engage à protéger les pays libres menacés par l'URSS. Une somme de 400 millions de dollars a été débloquée à cet effet pour soutenir la Turquie et la Grèce. Les relations américano-soviétiques se sont dégradées et la tension monta entre ces deux puissances.

- Le plan Marshall [ 2 ]  : il propose l'aide économique des EU pour la reconstruction de l'Europe (European Recovery Programm). L'aide d'une valeur de 13 milliards de dollars sous forme de prêts et de dons est repartie sur 4 ans.

Si cette aide est acceptée par les occidentaux, elle est refusée par l'URSS et ses satellites (Finlande, Roumanie, Hongrie, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Yougoslavie) car les soviétiques ont compris que ce plan est une manœuvre de l'impérialisme américain. Le plan Marshall consacre alors la division de l'Europe en deux blocs en précipitant les pays de l'Est dans l'orbite économique soviétique.

La réponse de l'URSS

- La création du [ 3 ] Kominform : Face aux initiatives du gouvernement américain, les soviétiques réagissent. En réponse au plan Marshall, Staline riposte par l'arme idéologique. Cette arme idéologique était le Kominform . Elle devait servir de lien entre les pays socialistes de l'Europe de l'Est et l'URSS.

- La doctrine Jdanov [ 4 ]  : Elle se résume en ce qui suit : « le monde est désormais divisé en 2 camps inconciliables, le camp impérialiste et capitaliste dirigé par les EU et le camp anti-impérialiste et démocratique mené par l'URSS ». Les ennemis de l'union soviétique sont le camp impérialiste, les possesseurs de colonies et ceux qui dépendent politiquement et économiquement des États-Unis.

Au début de l'année 1947, le gouvernement américain décide de porter un coup d'arrêt à l'expansion du communisme en Europe. Le 12 mars 1947 le président Harry Truman fait une déclaration devant le congrès américain, déclaration qui sera connue sous le nom de « Doctrine Truman ».

Discours prononcé par G. Marshall à Havard, le 5 Juin 1947

Bureau d'information des partis communistes et ouvriers créé en septembre 1947. A sa création, il comptait 9 partis communistes européens et son but était de coordonner et d'harmoniser leur politique.

Jdanov Andreï (1896 – 1948) idéologue et 3ème secrétaire général du Parti Communiste de l'Union Soviétique (P. C. U. S)

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Aux origines du Plan Marshall

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  • Référence bibliographique

Bossuat Gérard. Aux origines du Plan Marshall. In: Histoire, économie et société , 1999, 18ᵉ année, n°2. La reconstruction économique de l'Europe (1945-1953) sous la direction de Dominique Barjot. pp. 275-296.

DOI : https://doi.org/10.3406/hes.1999.2032

www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1999_num_18_2_2032

  • RIS (ProCite, Endnote, ...)

Résumé (fre)

Résumés Cet article s'attache à présenter les raisons du projet américain d'aide à l'Europe exprimé le 5 juin 1947 par George C. Marshall, secrétaire d'État. Il s'agit de savoir si les Américains ont proposé d'aider les Européens pour des raisons politiques, - on songe à l'endiguement -, des raisons humanitaires, - sauver l'Europe de la misère, comme dit Marshall -, pour gagner des marchés à l'économie américaine. Les raisons américaines ne sont pas simples et très éloignées des réponses catégoriques faites au temps de la guerre froide. Le plan Marshall répondait probablement au destin que les États-Unis avaient assumé du fait de la carence européenne, remodeler l'ancien monde à l'image de la réussite du nouveau pour empêcher un nouveau cycle de catastrophes.

Résumé (eng)

Abstract This article aims at presenting the origin of the American plan for Aid to Europe expressed by the Secretary of State George C. Marshall on the 5th June, 1947. It is essential to know the reasons why the Truman Administration proposed to help European peoples. Was it in connection with any political factors, - containment against communism -, or linked to humanitarian reasons, - to move away Europe from starvation and misery -, or to win any economic markets for the benefit of the American economy ? The American reasons are complex and far from adament answers given at the time of the Cold War. The Marshall plan, such as it appears through the Marshall speech, probably matched with the actual United States destiny, which resulted from the Europe shortcomings. The United States mission was to reshape the Old world along the cultural, economical and political standards of the New to avoid a new cycle of disasters.

  • Histoire d'une décision [link]
  • Les Français et les origines du plan Marshall [link]
  • Le plan Marshall est-il un acte de résistance aux Soviétiques ? [link]
  • Le plan Marshall, le relèvement de l'Allemagne, l'Europe unie ? [link]
  • Le plan Marshall contre la misère et la faim ? [link]
  • Le plan Marshall comme expression de Г idéal et des intérêts américains ? [link]
  • Conclusion [link]
  • [Annexe. The Marshall Plan Speech] [link]

Liste des illustrations

  • Aide financière en prêts et en dons de toute nature des États-Unis, 1er juillet 1945 au 30 juin 1947 (en milliards de dollars) [link]

Texte intégral

AUX ORIGINES DU PLAN MARSHALL

par Gérard BOSSUAT

Envisager les origines du plan Marshall est délicat car le discours de Marshall du 5 juin 1947 ne propose pas un véritable plan. Il offre une aide aux Européens, - encore faut-il savoir auxquels - si les pays européens sont capables d'en définir les contours. Chercher les origines du plan Marshall peut donc se comprendre de plusieurs façons. Il s'agit soit de chercher comment le secrétaire d'État américain et l'administration américaine ont conçu l'idée d'une aide à l'Europe, soit de définir les origines de l'ERP, i.e. le programme de relèvement européen mis en œuvre à travers l'aide intérimaire et le grand programme d'aide qui a suivi, d'avril 1948 à septembre 1951. Nous nous attacherons ici à montrer les origines de la décision américaine d'aider l'Europe. La connais-

HES 1999 (18e année, n° 2)

276 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

sance des origines de l'offre américaine a progressé grâce aux travaux de nombreux historiens 1. L'affaire touche à des questions politiques graves et se prête à des affrontements idéologiques. Le discours de Marshall est-il en rapport avec la Doctrine Truman formulée le 12 mars 1947? Est-il un acte de guerre froide? Est-il au contraire, comme Marshall le dit, une réponse généreuse à une crise économique conjoncturelle? Le débat sur la signification du plan Marshall est engagé depuis longtemps. À ceux qui ont considéré que le plan Marshall était la cause du développement des années glorieuses de la prospérité répondirent bientôt ceux qui jugeaient que les Américains avaient défendu leur empire économique et financier 2. À travers la complexité de la réponse se dessine en fait une nouvelle vision des rapports de l'Amérique avec le monde et peut-être une prise de conscience par l'Amérique elle-même de son nouveau destin.

Histoire d'une décision

L'aide aux pays européens était déjà une réalité avant même le plan Marshall. Que l'on songe à l'aide prêt-bail ou aux prêts consentis par l'Eximbank à différents pays européens, voire au fonds fournis à l'UNRRA. Mais en 1947 ce type d'aide américaine ne pouvait plus se poursuivre. Or la situation en Europe se dégradait rapidement. L'échec de la conférence des Quatre ministres des Affaires étrangères de Moscou en mars-avril 1947 a beaucoup troublé George Marshall. Les témoignages recueillis dans les archives américaines montrent qu'un tournant s'est produit à ce moment-là, plus que le 12 mars. Les pires angoisses prirent corps. L'URSS fut accusée, mais la France ne fut pas non plus dédouanée, de la responsabilité de l'échec de la restauration de l'ordre économique en Europe. Un parlementaire français compétent, Pierre-Olivier Lapie, mit le plan Marshall en rapport avec l'échec de Moscou 3. Le secrétaire d'État, d'après Pierre Mélandri, prit sa décision de lancer une initiative unilatérale américaine dans l'avion qui le ramenait de Moscou.

Aide financière en prêts et en dons de toute nature des États-Unis, 1er juillet 1945 au 30 juin 1947 (en milliards de dollars)

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Toutefois, observons que dans le souci de relever la Grande-Bretagne et d'aider la Grèce, le State-War-Navy Coordinating Committee (SWNCC), à la demande d'Acheson, sous-secrétaire d'État, avait préparé une étude sur une aide à la Grèce et à la Turquie dès le 5 mars 1947. D'autres travaux furent menés au sein du Département d'État par un comité temporaire, le Comité sur l'Extension de l'aide américaine aux gouvernements étrangers en avril 1947. La France fit partie désormais des « critical areas » en raison de considérations politiques et militaires 4. Rien n'indique que les divers projets aient été conçus

278 Histoire Économie et Société

comme une aide à l'ensemble de l'Europe. La tonalité semble être celle d'un affrontement est-ouest, comme en témoignait André Philip, ministre socialiste, à l'ambassade américaine de Paris le 3 avril. Il annonçait en effet l'intention des socialistes d'expulser les communistes du gouvernement («to kick the communists out of the cabinet»)5. Les hommes de la décision furent - en dehors de Marshall - Acheson, Clayton et Kennan, Joseph Jones, Ben T. Moore et Harold Van B. Cleveland. Monnet parle de ce groupe d'hommes au sein duquel se produisit une maturation intensive en quelques jours 6.

L'administration américaine était alertée à l'évidence par l'ambiance de drame en provenance d'Europe. Les indicateurs économiques, financiers et alimentaires signalaient le danger. La crise météorologique (sécheresse des deux étés 1946 et 1947 séparés par un hiver sibérien) ravageait les récoltes en Europe. Le blé manquait. Des demandes pressantes d'aide supplémentaire partaient pour les États-Unis. En France, la ration de pain passait de 300 à 250 grammes par jour et par personne, puis était abaissée à 200 gr. La ration alimentaire d'un Européen était en moyenne de 2000 calories par jour contre 3000 pour un Américain. Les économies européennes éprouvaient des difficultés à payer les importations de matières premières auxquelles s'ajoutait une pénurie de charbon. L'inflation atteignait 80 % en France en 1946. Á cela s'ajoutait la peur du grignotage soviétique. L'Europe était donc menacée de pénurie et de subversion, vu du côté occidental au moins.

Le rapport du comité ad hoc du SWNCC date du 21 avril 1947, quelques jours avant le retour de Marshall de Moscou, via Berlin, où il a vu Clay. Ce rapport intérimaire précisait que le comité avait l'intention de définir les pays à aider en fonction de la sécurité et des intérêts nationaux des États-Unis. Les principes retenus par le SWNCC méritent d'être traduits :

«II est décidé que c'est la politique des États-Unis de :

- défendre la stabilité économique et les processus politiques ordonnés à travers le monde et de s'opposer à l'extension du chaos et de l'extrémisme.

- de réduire ou de prévenir le développement ou l'avancement d'une puissance nationale ou internationale qui constitue une menace substantielle pour la sécurité et le bien-être des États-Unis et de s'opposer aux programmes de coercition et d'infiltration (déstabilisation), spécialement par l'utilisation de minorités armées.

- d'orienter les nations étrangères vers les États-Unis, vers un soutien des Nations-Unies et vers des comportements dans les relations internationales en rapport avec le projet des Nations-Unies » 7.

AUX ORIGINES DU PLAN MARSHALL 279

II s'agissait de donner une aide aux pays utiles à la défense de l'intérêt américain. Quelle était la définition de l'intérêt américain? Le comité évoquait la liberté des nations contre le totalitarisme, la lutte contre les minorités subversives, la protection des zones industrielles. Le ton de ce document est net. Il était conseillé de donner une aide aux pays en danger de perdre leur liberté. Il répondait à la préoccupation de Truman du 12 mars. Mais, à côté de cette première lecture, une autre apparaît. Elle révélait le souci de financer les achats étrangers aux États-Unis, sinon les pays étrangers s'enfonceront dans la dépression, entraînant les États-Unis avec eux (voir l'annexe p. 294). En conséquence l'aide américaine aux économies amies supposait le maintien des contrôles sur la consommation aux États-Unis mêmes. Ce rapport intérimaire sera complété le 8 octobre alors que le plan Marshall aura été formulé !

Quand Marshall revint de Moscou, il demanda à Kennan, le 27 avril, de créer un Policy Planning Staff (PPS) destiné à élaborer un plan de redressement en Europe. Kennan était entouré de Joseph E. Johnson, de Ware Adams, de Jacques J. Reinstein et de Carlton Savage 8. Le 28 avril Marshall prononça un discours à la radio américaine pour rendre compte de la conférence des Quatre. Il désigna la zone sensible pour les États-Unis en Europe : l'Allemagne et l'Autriche. Il parla des forces de désintégration à l'œuvre et donc de l'urgence d'une action. Il évoqua la mauvaise volonté des Soviets à régler la question de l'unification économique de l'Allemagne.

Dean Acheson prononça quelques jours plus tard, le 8 mai 1947, un discours devant le Delta Council à Cleveland (Mississippi). Le discours avait été préparé par Joseph M. Jones, special assistant to the assistant Secretary of State. Il décrivit les ravages de la guerre sur l'Europe et l'Asie, la destruction des deux usines de ces continents, l'Allemagne et le Japon, l'incapacité à faire la paix avec eux. Il rajouta aussi l'action destructrice des calamités naturelles, en anglais les «acts of God». Acheson affirma alors que les mesures d'aide prises par le gouvernement des États-Unis seraient inspirées «principalement par des motifs d'intérêt national». Il avertit ses compatriotes que les États- Unis devraient offrir une aide financière aux États en difficulté, à moins de renoncer à la paix et à la prospérité. Acheson expliqua que le monde avait besoin en 1947 de 16 milliards de dollars d'importations en provenance des États-Unis, qu'il ne pouvait payer que 8 milliards seulement. Comment financer la différence? Aussi priorité devait être donnée à la reconstruction de l'Allemagne et du Japon, et priorité à l'aide aux peuples libres «qui cherchent à défendre leur indépendance, les institutions démocratiques et la liberté humaine contre les pressions totalitaires tant intérieures qu'extérieures» 9. Mélandri écrit que Dean Acheson avait convoqué trois journalistes britanniques pour être bien compris. Truman l'appelle le prologue du plan Marshall dans ses Mémoires.

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Pendant ce temps Kennan poursuivait ses travaux. Il savait que l'Europe devait être la première bénéficiaire de l'aide. Il disposait des premiers travaux du SWNCC. Il fit une proposition le 23 mai. «Il préconisait, dit Mélandri, l'élaboration d'un programme de revitalisation des économies européennes, proposé par les gouvernements du vieux contient et celle, parallèle mais distincte, d'un plan de soutien américain». Le document, que Kennan s'excusait d'avoir rédigé si rapidement, indiquait que l'aide américaine devrait aller à l'Europe de l'ouest seulement. Il distinguait entre un problème de court terme et un autre de long terme. Il désirait lever quelques goulots d'étranglement dans les économies ouest-européennes pour gagner le temps nécessaire aux traitements économiques de fond. Il proposait un programme commun Europe-États-Unis pour résoudre ce dernier aspect. Il recherchait aussi un accord privilégié avec les Britanniques sur ces questions 10. Au nom de quoi agir en Europe occidentale? Kennan, comme le remarque Charles Maier, ne mit pas la situation délicate de l'Europe occidentale sur le compte des communistes, mais sur les conséquences de la guerre et sur la coupure de l'Europe en deux. En revanche il exprima la crainte d'une exploitation par les communistes de la crise européenne au détriment de la sécurité des États-Unis.

Kennan, l'homme du containment, ne souhaitait pas donner pour objectif à l'aide le combat contre les communistes, mais pour la restauration de l'économie et de la société en Europe, et d'éviter ainsi qu'elle soit victime d'un quelconque totalitarisme. L'action américaine devait viser à restaurer d'abord la production de charbon de la vallée du Rhin et son transport vers les lieux de consommation. La France n'était pas nommée, à la différence de l'Allemagne et de l'Italie. Sur le programme à long terme il précisait qu'il s'agissait de l'affaire des Européens. A cette occasion le plan Monnet était cité comme un programme national dont il fallait tenir compte tout en cherchant à en faire un programme international. Il y a dans cette façon de faire un réalisme épous- touflant. Si les Européens ne sont pas prêts à prendre leurs responsabilités cela signifierait que la rigor mortis a saisi le corps politique de l'Europe. Kennan n'excluait pas de faire la proposition à la Commission économique de l'ONU (CEE-ONU) pour tester les pays satellites. Soit ils refusaient, s'alignant sur Moscou, soit ils rompaient avec une orientation univoque. Mais les pays clefs étaient les pays d'Europe occidentale. Dans son esprit, l'Europe orientale était perdue. Son mémorandum n'était pas une déclaration de guerre au communisme, mais la constatation de l'impossibilité d'agir avec les Soviets.

Des années plus tard Kennan exprima son regret d'avoir pu faire croire à une menace soviétique sur l'Amérique : «I should have explained that I didn't suspect them [USRR] of any desire to launch an attack on us. This was right after the war, and it was absurd to suppose that they were going to turn

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around and attack the United States. I didn't think» n. L'aide que concevait Kennan était donc une aide financière et économique aux pays libres d'Europe occidentale. Il formulait ainsi une sorte d'endiguement politique, concentré sur le relèvement de l'Allemagne occidentale, partie active d'une Europe occidentale unie. Kennan a critiqué le containment en Corée et au Viêt-nam, mais il jugea qu'il avait réussi en Europe grâce au plan Marshall qui apparaît donc, avec le recul, comme une réponse au danger soviétique. «And by the time, dit-il, that was done, we had really resisted any danger of a Russian political conquest of Italy or France». La réaction ultérieure d'un autre grand acteur de la période est plus directe. David Bruce, ancien ambassadeur des États-Unis en France, résuma ainsi l'état d'esprit des Américains : «Vers 1946-47 nous avons pensé que les Russes étaient décidés à établir des gouvernements communistes. Nous avons eu peur pour la France et l'Italie. Nous avons conservé cette peur et nous n'avions pas tort» 12.

William Clayton, secrétaire d'État adjoint, chargé des affaires économiques, rédigea un mémorandum pour le sous secrétaire d'État Dean Acheson le 27 mai. Il revenait d'Europe. Il préconisait une aide d'urgence immédiate. Son mémorandum était titré : «la crise européenne». Lui aussi expliquait la crise européenne par les conséquences de la guerre. Il mit aux comptes des méfaits de la guerre les nationalisations et la redistribution des terres. Il chiffra à 5 milliards de dollars le minimum d'aide nécessaire, à moins de risquer une révolution. L'intérêt des États-Unis était de prendre des mesures. Clayton fit trembler ses correspondants en évoquant l'effondrement possible des marchés européens, le non remboursement des dettes de guerre, l'insécurité et la guerre 13. Le communisme ou l'URSS n'étaient pas directement impliqués.

Charles Maier présente Marshall comme le véritable organisateur de l'aide américaine à l'Europe. Il est clair que sans lui il n'y aurait pas eu cette forme d'aide. Mais le secrétaire d'État s'était bien entouré et son discours du 5 juin résulta d'un choix longuement mûri. Il était revenu sur son refus initial de ne pas participer à la remise du titre de docteur honoris causa de l'Université Harvard (Cambridge, Mass.) la plus ancienne des États-Unis, fondée en 1636 par le révérend John Harvard 14. Le discours fut prononcé le 5 juin 1947, le jour traditionnel du «Commencement». Il avait averti le président de l'université qu'il ferait quelques remarques sur l'honneur qu'on lui faisait, «et peut-être un petit peu plus». Le discours du 5 juin s'inspirait fortement du mémorandum de Kennan du 23 mai 15. Il avait été préparé par Charles Bohlen à la suite d'une réunion tenue au Département d'État le 28

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mai (Clayton, Kennan and alii et Marshall). Deux intentions principales s'exprimaient à travers lui. Les jeunes du Département d'État pensaient régler le problème européen dans son ensemble; les plus expérimentés ou les plus cyniques espéraient seulement conforter l'Europe de l'ouest et offrir ainsi un contrepoids sérieux aux menaces soviétiques. Mais personne n'avait envisagé sérieusement de se mettre à la place des Soviétiques confrontés à un programme transnational de reconstruction.

Marshall renforça l'impact de son discours en prenant la parole sur le même thème à Ottawa devant le Parlement canadien le 1 1 juin. Le positionnement politique américain fut complété le 12 juin par Benjamin Cohen, conseiller économique au Département d'État, devant la chambre de commerce de Long Beach (Calif). L'offre Marshall était destinée aussi à l'Europe sous contrôle soviétique et à l'URSS elle-même, dit-il. Aux yeux des New dealers de l'administration, le programme Marshall était un retour aux sources, à l'esprit de Yalta. L'un d'entre eux, James P. Warburg, ancien membre du premier brain-îrust de Roosevelt, déclara à la radio après le discours de Marshall : « Non seulement les Russes mais tous les peuples du monde doivent être amenés à la constatation que la doctrine Truman est morte ; que le projet actuellement soumis à la Chambre des Représentants, c'est le programme Marshall; et que le programme Marshall diffère essentiellement de la doctrine Truman dans ses objectifs comme dans ses méthodes. L'actuel climat de tension et de confusion, a voilé notre dramatique changement de cap » 16.

Les Français et les origines du plan Marshall

Les Français avaient déjà bénéficié d'une série d'aides américaines depuis le prêt-bail : 3,4 milliards de dollars en prêt-bail dont une partie avait été payée par la France, et 1,9 milliard de dollars de prêts de 1945 à 1947. Mais en 1947 le guichet américain avait été fermé. Les Français attendaient seulement un recours de la jeune BIRD 17. Les Français n'ont rien eu à voir avec la conception du projet Marshall ou avec les réflexions menées au sein du Département d'État. Robert Marjolin le souligne dans ses Mémoires 18. D'après Jean Monnet, le discours de Marshall fut une surprise complète 19. Pour autant il apparaît que les Français étaient conscients que des projets se développaient au sein des administrations américaines. Ils ont cherché d'ailleurs à peser sur eux, par l'intermédiaire de l'ambassadeur de France à Washington, Henri Bonnet. Le Quai d'Orsay était à l'affût de la moindre information venant d'Amérique sur une aide à l'Europe. Les lecteurs de la presse française se retrouvaient sans doute dans cette incantation du Monde le 2 mai 1947 : «Quelle puissance, quelle providence fut pour nous la plus secourable ? Sur laquelle pouvons-nous

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compter pour le présent et pour l'avenir? A quels dieux nous faut-il adresser nos prières?»20 Manifestement les dieux étaient américains en 1947, même si naguère les Français avaient pu se tourner vers Moscou.

Les remarques de Marshall à son retour de Moscou furent relevées : «Le malade s'affaiblit de plus en plus, pendant que les médecins délibèrent... Il faut sans tarder prendre toutes les mesures possibles... ». Certes, le Congrès ne vota en mai 1947 que $200 millions sur les $250 demandés pour l'aide à l'Europe 21. Les Français spéculaient sur la naissance de la CEE-ONU qui aurait été l'expression d'un plan américain pour une Fédération économique de l'Europe comprenant l'URSS 22. Ce qui était faux. Les observateurs les plus avisés notèrent l'importance du discours de Dean Acheson à Cleveland (Mississippi), le 8 mai. A la suite de ce discours, Léon Blum popularisa le terme de prêt-bail de la Paix entre le 18 et le 27 mai 1947. 11 s'attendait à ce que les Américains renforcent la CEE-ONU. Il n'écartait pas une carence soviétique. Il imaginait, qu'un jour, il faudrait en venir à une solution intereuropéenne, voire aux États-Unis d'Europe 23. Mais les États-Unis aideraient-ils tous les États européens? Il en doutait. Quant à Raymond Aron, il parla de l'annonce plus ou moins fantaisiste d'un vaste plan de «prêt-bail de la paix»24. Les Français observaient aussi que Marshall lui même avait envisagé une grande action en Europe lors d'un congrès «Time and Life» sur le thème «Qu'est-ce que le monde attend de l'Amérique ? » 25.

Henri Bonnet, l'ambassadeur de France à Washington, perçut dés le 18 avril les prodromes des intentions américaines, avant le retour de Marshall de Moscou. Les États-Unis, disait-il, préparaient un plan d'ensemble d'aide à l'Europe, par anticommunisme 26. Il demanda au Quai d'Orsay de formuler des propositions sur l'intégration de l'Allemagne dans l'économie européenne car il croyait que ce serait une condition de l'aide américaine. Sans doute était-il au courant des travaux du SWNCC 27. Bonnet incita alors Bidault à

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faire des propositions aux Américains pour les influencer. Il se méfiait de Kennan qui était davantage motivé par la situation des pays en contact direct avec l'URSS, le «front» : Grèce, Turquie, Iran, Autriche, Hongrie, Italie, Allemagne ou par celle de la Grande-Bretagne que par celle de la France. La recherche historique lui donne entièrement raison. Kennan recherchait l'endi- guement, alors que les Français cherchaient désespérément des crédits pour leur modernisation et leur ravitaillement. Il est clair que des informations sur les travaux du SWNCC, et plus tard du PPS, circulèrent. Les rumeurs «d'un plan d'assistance économique mondiale à la Démocratie» étaient rapportées dans les dépêches diplomatiques en provenance de Washington autour du 5 mai. Le discours d'Acheson du 8 mai 1947 confirma ces bruits, d'où l'enthousiasme de Léon Blum.

Le 19 mai, Bonnet confirma les rumeurs de prêts pour la reconstruction. Le 23 mai, il avertit le Quai que Bernard Baruch avait conseillé au secrétaire d'État une aide américaine à condition qu'elle soutienne un plan d'ensemble de restauration européenne 28. La question de l'unité européenne venait d'être posée par les Américains. Deux jours plus tard, Foster Dulles, conseiller au Département d'état, confirma à l'ambassade de France qu'un plan était à l'étude. Il exigerait des Européens un programme constructif sur la répartition du charbon, la division du travail et la vie économique des États allemands 29. C'était la condition sine qua non d'un vote favorable du Congrès. Dulles laissa entendre que les Républicains se satisferaient d'un plan commun européen pour la Ruhr, la Silésie et le développement de l'Europe centrale.

Bientôt, Henri Bonnet fit état d'un programme américain de reconstruction économique mondiale qu'il situait comme une conséquence du discours Truman du 12 mars. La presse américaine avançait même des chiffres d'aide à l'Europe30. À Paris, Hervé Alphand, directeur des Affaires économiques au Quai d'Orsay, signa un mémorandum destiné au gouvernement américain (qui n'a probablement pas été envoyé) approuvant l'idée d'un plan de restauration économique mondiale et surtout européenne. Il y défendait une construction européenne continentale, élargie aux pays sous contrôle soviétique mais excluant l'URSS et la Grande-Bretagne. L'aide américaine serait semblable au prêt-bail, porterait sur les denrées essentielles et nécessiterait la création d'un organisme de gestion de l'aide issu de la CEE-ONU, avec la participation des États-Unis, de l'URSS et de la Grande-Bretagne. Alphand envisageait même un plan d'investissements européens pour l'agriculture, l'énergie, les transports, et la sidérurgie. Ainsi serait résolu le conflit franco-allemand. «En faisant une telle proposition, écrit-il, la France désire marquer au lendemain même de la guerre dans quel esprit libéral et constructif, elle envisage l'avenir

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de son ennemie d'hier» 31. Ce projet avait du souffle. Il était une tentative pour récupérer au profit des intérêts français les réflexions américaines. Manifestement ces tentatives n'eurent aucune suite. Mais elles témoignaient de l'état d'esprit des fonctionnaires français sur les rapports est-ouest.

Le 3 juin, soit deux jours avant le fameux discours, des instructions du Quai d'Orsay insistaient sur l'urgence de soulager la balance des paiements européenne pendant 3 ans. Elles avançaient le chiffre de $ 800 millions par an pour la France, mais elles taisaient l'effort de construction européenne esquissé par Alphand 32. Les Français s'attendaient donc à une initiative américaine et ils voulaient l'orienter vers la reconstruction et la modernisation de la France, hésitant sur la dimension européenne de l'aide américaine.

La réaction française fut rapide. Le 7 juin, Bidault indiquait à son ambassadeur à Washington combien le gouvernement français partageait les vues des États-Unis sur une «politique de reconstruction européenne» grâce à un programme d'ensemble. Le 9 juin, Bonnet envoyait le texte officiel du discours de Marshall et soulignait combien il était essentiel que les Européens agissent ensemble. Les autorités américaines auraient envisagé que Monnet prenne la tête de ce programme européen de reconstruction33. Le 10 juin, des instructions préparées le 8 par Alphand partaient à Londres et à Washington. Il était dit qu'il n'y avait pas de plan français, qu'il fallait ne pas heurter les susceptibilités du Congrès et d'insister sur la nature économique de la crise en Europe. Les instructions mettaient l'accent sur la reconstitution des appareils productifs en Europe et donc sur la modernisation 34. Marshall indiqua à l'ambassade américaine de Paris que Bonnet l'avait appelé le 13 juin pour lui remettre cet aide-mémoire 35. L'idée des Français était d'aller vite, en petit comité, pour établir les déficits des paiements. Nous avons le télégramme de Bonnet rendant compte de cet entretien du 13 à Hh30. «Il [Marshall] a été manifestement heureux de recevoir vos suggestions» écrit-il à Georges Bidault, en particulier de l'urgence que nous attachons à répondre à l'offre 36. Le lendemain, c'est Lord Inverchapel, l'ambassadeur britannique à Washington qui informait Marshall de l'intention de Bevin de travailler avec le gouvernement français sur le plan de relèvement européen 37. Bientôt courut le bruit, d'origine britannique qu'un plan Monnet anglo-français pour l'Europe pouvait être établi38.

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Les Français étaient d'abord et avant tout préoccupés de leur propre sécurité alimentaire et économique. Toute aide américaine devait répondre à ces exigences. Pourtant sous l'empire de la nécessité on voit bien que la France devra modifier sa politique allemande. La position très neuve d'Hervé Alphand était symptomatique de cette prise de conscience. Mais elle ne fut pas acceptée par le gouvernement.

Le débat sur les origines de l'offre Marshall du 5 juin 1947

Les faits étant établis, il convient de réfléchir aux origines de l'offre du secrétaire d'État américain d'une aide à l'Europe et de comprendre ce qu'elle implique.

Le plan Marshall est-il un acte de résistance aux Soviétiques ?

D'après Daniel Yergin, Marshall a demandé au Département d'État de travailler à un nouveau programme d'aide à l'Europe à son retour de Moscou pour contrer les Soviétiques en Europe et soutenir le capitalisme 39. Le plan serait une application de la doctrine de la sécurité nationale. Arthur Funk affirme comme d'autres, trop rapidement, que «the Marshall plan cannot be separated from the military rivalry that constituted the Cold War»40. Mais Yergin présente la situation en mai-juin 1947 comme extrêmement dramatisée par les Américains face aux Soviétiques. Il semble que Charles Maier aille aussi dans le même sens, expliquant l'extrême tension des opinions publiques par une menace soviétique supposée et par les problèmes de ravitaillement41. L'article de M. X dans Foreign Affairs en juillet 1947, publié au moment précis de la conférence anglo-franco-soviétique de Paris, semble illustrer la volonté de lier plan Marshall et guerre froide. Il fallait contrecarrer «les incessantes manœuvres de la politique soviétique en quelque point du globe qu'elles se manifestent». En s 'appuyant sur leur puissance économique (ici dans le cas du plan Marshall) et militaire nucléaire, les États-Unis pouvaient contenir une poussée soviétique 42.

Le plan Marshall n'est-il rien d'autre qu'un moyen de l'endiguement, une doctrine Truman en action? Est-il dans la lignée du discours du 12 mars 1947? Pour ceux qui dépendaient directement des États-Unis, comme les

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Grecs, cela ne faisait aucun doute. Tsaldaris, ministre des affaires étrangères de Grèce à la seconde conférence de coopération économique de Paris en mars 1948 dit «Le plan qu'une pressante et pénible urgence avait, il y a près d'un an, induit le président Truman à former pour la Grèce, n'était que le point de départ d'une initiative d'envergure européenne, embrassant le continent tout entier dans une universelle entreprise de libération nationale et individuelle... » 43. Cette écriture de l'histoire par un contemporain est tendancieuse. Dans quelle mesure ne fallait-il pas grossir le danger communiste pour obtenir les fonds de l'aide auprès du Congrès? Le Congrès, dominé par les Républicains, ne s'est pas jeté tête baissée dans l'aide à l'Europe. Quand Truman proposa d'aider la Grèce et la Turquie en mars 1947, le sénateur Vandenberg demanda de très nombreux éclaircissements. Il suggéra surtout au Président Truman de flanquer la frousse aux Américains par un discours bien senti sur les dangers de l'expansion soviétique. Mais y croyait-il lui-même? Le danger soviétique n'est-il pas une auto-intoxication en vue d'obtenir des crédits du Congrès?

Il ne fait aucun doute que le discours de Marshall du 5 juin 1947 était en retrait sur le discours de l'endiguement de mars 1947 comme le montrait James P. Warburg. Les développements de la tension entre l'est et l'ouest, à partir de 1948 puis en 1950 ont donné rétrospectivement un sens très agressif au plan Marshall. Si les Américains avaient peur d'une poussée russe en Europe, ils avaient peur aussi des désordres économiques et du prix à payer pour les surmonter du fond de la crise. Mieux valait l'éviter, tout en contenant les Russes. Charles Maier explique que jusqu'au milieu de l'année 1947 on ne posait pas les problèmes à travers le prisme du danger communiste. Robert Marjolin, secrétaire général de l'OECE, jugeait que si Européens et Américains ont partagé l'idée que la menace soviétique pouvait détruire la démocratie, le plan lui-même n'était pas un acte de guerre froide 44. Il en faisait dériver l'objectif fondamental de Keynes.

Le plan Marshall contre la misère et la faim ?

Le discours de Marshall insiste longuement sur les carences alimentaires et la misère qui sévissent en Europe. L'aide est offerte d'abord pour répondre aux besoins alimentaires et de développement des populations européennes. Alan Milward écrit que la crise économique de l'Europe en 1947 a été surévaluée 55. Certes, d'autres que lui ont remarqué que l'économie française avait atteint en 1946 90 % de son niveau de production de 1938, que l'Italie atteignit 60 %, que la Grande-Bretagne retrouva son niveau de production de 1938! 56 La Belgique, le fool's paradise, était un cas spécial57. Même si la crise de 1947 n'était pas due à la détérioration interne des économies européennes, mais au contraire à leur rapide sursaut, il n'en reste pas moins que les Français manquaient de pain durant l'année 1947, que les Italiens restaient pauvres, que les Allemands cachaient leurs stocks, que le charbon était plus rare en 1947 qu'en 1946 et que les récoltes avaient gelé. L'Europe, comme l'avaient dit Acheson et Clayton, avait un déficit extérieur, en 1947 de 8 milliards de dollars contre 500 millions en 1938. Une aide américaine était donc

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absolument nécessaire au moins sur le court terme, et sur le long terme pour certains pays comme la France, l'Italie, les pays d'Europe centrale et orientale, l'Autriche, la Grèce. Un programme d'aide financière était donc pertinent par rapport à la situation des pays européens.

Le programme Marshall est-il le fruit de la générosité américaine, de l'humanitarisme américain? L'histoire des relations internationales montre qu'aucun gouvernement n'agit pas humanité. Certes, l'objectif était bien de lutter contre la faim et la misère, mais pour d'autres buts que le soulagement des populations européennes. Les responsables américains ont eu conscience que la misère, la dégradation des conditions de vie étaient une menace pour la démocratie en Europe et pour le genre de vie américain. À l'origine de l'offre de Marshall il y avait la volonté de préserver la démocratie contre tout totalitarisme construit sur les ruines économiques et sociales de l'Europe. Marshall eut conscience à son retour de Moscou le 28 avril que le malade agonisait pour des raisons économiques et financières, matérielles et de ravitaillement. Charles Maier cite Kennan : « [Marshall plan] does not see communist activities as the root of the difficulties of Western Europe ». Marshall fut sensible aux dérèglements économiques conjoncturels des sociétés européennes. L'affaire est cependant délicate car, en l'absence de poussée communiste et soviétique, y aurait-il eu un plan Marshall? Il est impossible de répondre. Kennan s'est efforcé de clarifier la doctrine Truman, pas seulement 35 ans après, mais dans son mémorandum du 23 mai. Il voulait donner une raison positive à l'action des États-Unis. Cette raison était de restaurer effectivement les conditions de la vie économique de l'Europe occidentale. Faut-il le croire? Rien n'est moins sûr, car la menace communiste restait un facteur primordial dans l'esprit des responsables américains. Il est impossible de dire quelle part elle a eu dans la décision de Marshall.

Le plan Marshall comme expression de Г idéal et des intérêts américains ?

La tyrannie de l'événement pesa dans les origines du plan Marshall. Il eut donc des origines conjoncturelles. Mais ce programme, tel que l'esquissa Marshall le 5 juin 1947, supposait que les Européens acceptassent une certaine philosophie des relations internationales, celle des États-Unis, celle là même définie dans la charte de l'Atlantique, puis dans le master agreement du prêt- bail, dans la déclaration sur l'Europe libérée, puis à Bretton- Woods et San Francisco un an plus tard. Pierre Mélandri rappelle que Dulles estimait être le père du plan Marshall pour avoir exposé à Marshall, avant la conférence des quatre de Moscou, la nécessité «de conserver le vieux continent dans le système défini par la BIRD et le FMI»58. À bien y réfléchir, la déclaration Marshall s'appuyait sur des principes acceptés par la communauté des Nations-Unies. Le plan Marshall a conforté le principe du libre-échange international. Mais le libre-échange n'était pas le premier objectif du plan. Il expri-

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mait le souci de conserver à l'économie américaine un accès aux ressources potentielles de l'Europe, comme le dit Michael Hogan : «The Marshall plan rested squarely on an American conviction that European economic recovery was essential to the long term interests of the United States... They included economic interests»59. La défense de ces intérêts n'allait pas jusqu'à contester aux grands États européens le droit de bâtir une économie sociale de marché, ni un État providence.

Le projet de Marshall et du Département d'État était tout autant l'expression de l'universalisme américain de l'État américain, né de la Loi au siècle des Lumières. Les États-Unis se présentent comme un modèle universel. Hogan explique que le plan Marshall était une part d'un grand projet destiné à remodeler l'ancien monde à l'image du nouveau. Hogan montre que l'Amérique tentait de remplacer la Grande-Bretagne dans les relations internationales comme pôle d'organisation du monde. Le plan Marshall était probablement aussi l'expression d'un regard des citoyens américains sur leur mission nouvelle. La presse, l'opinion publique ont accepté l'idée d'une aide, comme l'écrit le Baltimore Sun du 4 septembre 1947, il ne faut pas écouter «ceux qui prêchent la doctrine selon laquelle il faut laisser l'Europe cuire dans son jus, car si nous le faisions, c'est nous qui cuirions bientôt dans le nôtre» 60. Si le projet Marshall a été formulé, c'est le résultat des contraintes du moment, de la peur des soviets, de l'intérêt financier et économique, mais aussi de l'idée d'une mission à accomplir par les États-Unis, choisis par Dieu comme nouveau peuple élu, au profit des hommes de bonne volonté. Ce messianisme n'a pas été assez pris en compte pour expliquer le projet Marshall. Aucun compromis, sauf de façade, n'était désiré par les hauts responsables américains avec la Russie qui était porteuse d'une autre eschatologie. Le plan Marshall était donc bien un moyen de contenir l'emprise soviétique sur l'Europe.

Au-delà du discours de Marshall du 5 juin 1947 il y a le problème de la construction progressive et changeante des objectifs du programme d'aide américaine, au fur et à mesure de sa discussion devant le Congrès et entre les Européens. On peut décrire les origines du discours, esquisser les causes factuelles et profondes de l'offre américaine, noter les intentions de ses auteurs, mais dans le fond les Américains ne savaient pas exactement ce qu'ils voulaient. L'offre américaine a été une réaction de générosité intéressée et de peur face à une situation internationale grave (l'endiguement, la crise européenne). Il est évident que les États-Unis ont agi pour défendre leurs intérêts nationaux. Pourquoi s'en étonner? Mais il y a aussi l'expression d'une nouvelle conscience des États-Unis dans le monde. Faire du Vieux monde un monde

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sur le modèle du Nouveau. L'intérêt national prendrait alors les couleurs d'un messianisme inquiétant, d'une nouvelle croisade. Le problème est que les valeurs portées par le plan Marshall étaient partagées par de nombreux peuples européens, au moins la Démocratie, le respect des droits des personnes ; sinon le libéralisme économique, du moins l'économie de marché.

L.-J. Lebret de la revue Esprit présentait ainsi en 1948 le plan Marshall : «Tels nous apparaissent à la lecture attentive des textes les mobiles de l'ERP : philanthropie augmentée de charité sincère, sens de la civilisation occidentale, garantie de la paix intérieure, expansion du régime capitaliste, désir de la paix mondiale, préparation à la guerre et création d'un boulevard européen protecteur» 61. À la différence de cette analyse du moment, faite par un catholique progressiste, jésuite de surcroît, l'histoire montre que si l'offre Marshall puise à tous ces mobiles, le dosage des uns par rapport aux autres est extrêmement compliqué. De cette complexité naît le débat et la réflexion. Personne ne peut dire à quel mobile Marshall a répondu. L'historien peut dire quelles influences il a subi et retenir ses propres explications. À parcourir la documentation sur cette question, il nous semble juste de dire que l'offre Marshall du 5 juin 1947 répondait à l'intérêt des États-Unis exprimé comme étant l'intérêt des sociétés démocratiques occidentales. Avaient-ils raison ou tort? La réponse était entre les mains des gouvernements européens qui ont ratifié l'offre Marshall pour en faire le moyen d'un développement et d'une plus grande sécurité. La conceptualisation d'une telle offre a pu être réalisée parce que les responsables américains, français ou anglais en cette année 1947 étaient profondément marqués par The General Theory of Employment, Interest and Money mais aussi parce que les élites américaines prirent la mesure du gouffre qui s'ouvrait pour les États-Unis en cas d'effacement durable de l'Europe occidentale. La peur de l'URSS, qui était la peur de la solitude, a joué un rôle coactif dans la décision américaine d'aider l'Europe. L'Europe était nécessaire aux États-Unis. Laissons le mot de la fin à Robert Marjolin : «Le plan Marshall fut moins un geste purement désintéressé qu'un acte politique suprêmement intelligent»62.

Université de Cergy-Pontoise

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June 5, 1947, Harvard University, Cambridge, Massachusetts Mr. President, Dr. Conant, members of the Board of Overseers, Ladies and Gentlemen. I'm profoundly grateful and touched by the great distinction and honor and great compliment accorded me by the authorities of Harvard this morning. I'm overwhelmed, as a matter of fact, and I'm rather fearful of my inability to maintain such a high rating as you've been generous enough to accord to me. In these historic and lovely surroundings, this perfect day, and this very wonderful assembly, it is a tremendously impressive thing to an individual in my position. But to speak more seriously, I need not tell you that the world situation is very serious. That must be apparent to all intelligent people. I think one difficulty is that the problem is one of such enormous complexity that the very mass of facts presented to the public by press and radio make it exceedingly difficult for the man in the street to reach a clear appraisement of the situation. Furthermore, the people of this country are distant from the troubled areas of the earth and it is hard for them to comprehend the plight and consequent reactions of the long-suffering peoples, and the effect of those reactions on their governments in connection with our efforts to promote peace in the world. In considering the requirements for the rehabilitation of Europe, the physical loss of life, the visible destruction of cities, factories, mines, and railroads was correctly estimated, but it has become obvious during recent months that this visible destruction was probably less serious than the dislocation of the entire fabric of European economy. For the past ten years conditions have been abnormal. The feverish preparation for war and the more feverish maintenance of the war effort engulfed all aspects of national economies. Machinery has fallen into disrepair or is entirely obsolete. Under the arbitrary and destructive Nazi rule, virtually every possible enterprise was geared into the German war machine. Long-standing commercial ties, private institutions, banks, insurance companies, and shipping companies disappeared through loss of capital, absorption through nationalization, or by simple destruction. In many countries, confidence in the local currency has been severely shaken. The breakdown of the business structure of Europe during the war was complete. Recovery has been seriously retarded by the fact that two years after the close of hostilities a peace settlement with Germany and Austria has not been agreed upon. But even given a more prompt solution of these difficult problems, the rehabilitation of the economic structure of Europe quite evidently will require a much longer time and greater effort than has been foreseen.

AUX ORIGINES DU PLAN MARSHALL 295

There is a phase of this matter which is both interesting and serious. The farmer has always produced the foodstuffs to exchange with the city dweller for the other necessities of life. This division of labor is the basis of modern civilization. At the present time it is threatened with breakdown. The town and city industries are not producing adequate goods to exchange with the food- producing farmer. Raw materials and fuel are in short supply. Machinery is lacking or worn out. The farmer or the peasant cannot find the goods for sale which he desires to purchase. So the sale of his farm produce for money which he cannot use seems to him an unprofitable transaction. He, therefore, has withdrawn many fields from crop cultivation and is using them for grazing. He feeds more grain to stock and finds for himself and his family an ample supply of food, however short he may be on clothing and the other ordinary gadgets of civilization. Meanwhile, people in the cities are short of food and fuel, and in some places approaching the starvation levels. So the governments are forced to use their foreign money and credits to procure these necessities abroad. This process exhausts funds which are urgently needed for reconstruction. Thus a very serious situation is rapidly developing which bodes no good for the world. The modern system of the division of labor upon which the exchange of products is based is in danger of breaking down. The truth of the matter is that Europe's requirements for the next three or four years of foreign food and other essential products - principally from America - are so much greater than her present ability to pay that she must have substantial additional help or face economic, social, and political deterioration of a very grave character. The remedy lies in breaking the vicious circle and restoring the confidence of the European people in the economic future of their own countries and of Europe as a whole. The manufacturer and the farmer throughout wide areas must be able and willing to exchange their product for currencies, the continuing value of which is not open to question. Aside from the demoralizing effect on the world at large and the possibilities of disturbances arising as a result of the desperation of the people concerned, the consequences to the economy of the United States should be apparent to all. It is logical that the United States should do whatever it is able to do to assist in the return of normal economic health in the world, without which there can be no political stability and no assured peace. Our policy is directed not against any country or doctrine but against hunger, poverty, desperation, and chaos. Its purpose should be the revival of a working economy in the world so as to permit the emergence of political and social conditions in which free institutions can exist. Such assistance, I am convinced, must not be on a piecemeal basis as various crises develop. Any assistance that this Government may render in the future should provide a cure rather than a mere palliative. Any government that is willing to assist in the task of recovery will find full cooperation, I am sure, on the part of the United States Government. Any government which maneuvers to block the recovery of other countries

296 Histoire Économie et Société

cannot expect help from us. Furthermore, governments, political parties, or groups which seek to perpetuate human misery in order to profit therefrom politically or otherwise will encounter the opposition of the United States. It is already evident that, before the United States Government can proceed much further in its efforts to alleviate the situation and help start the European world on its way to recovery, there must be some agreement among the countries of Europe as to the requirements of the situation and the part those countries themselves will take in order to give proper effect to whatever action might be undertaken by this Government. It would be neither fitting nor efficacious for this Government to undertake to draw up unilaterally a program designed to place Europe on its feet economically. This is the business of the Europeans. The initiative, I think, must come from Europe. The role of this country should consist of friendly aid in the drafting of a European program and of later support of such a program so far as it may be practical for us to do so. The program should be a joint one, agreed to by a number, if not all, European nations. An essential part of any successful action on the part of the United States is an understanding on the part of the people of America of the character of the problem and the remedies to be applied. Political passion and prejudice should have no part. With foresight, and a willingness on the part of our people to face up to the vast responsibility which history has clearly placed upon our country the difficulties I have outlined can and will be overcome. I am sorry that on each occasion I have said something publicly in regard to our international situation, I've been forced by the necessities of the case to enter into rather technical discussions. But to my mind, it is of vast importance that our people reach some general understanding of what the complications really are, rather than react from a passion or a prejudice or an emotion of the moment. As I said more formally a moment ago, we are remote from the scene of these troubles. It is virtually impossible at this distance merely by reading, or listening, or even seeing photographs or motion pictures, to grasp at all the real significance of the situation. And yet the whole world of the future hangs on a proper judgement. It hangs, I think, to a large extent on the realization of the American people, of just what are the various dominant factors. What are the reactions of the people? What are the justifications of those reactions? What are the sufferings? What is needed? What can best be done? What must be done ? Thank you very much.

1. Voir la bibliographie préparée par l'OCDE (sous la dir. de Véronique Genlis) The European Reconstruction, 1948-1961, Bibliography on the Marshall plan and the Organisation for European Economie Cooperation (OEEC), 1996. 177 p. Voir aussi Gérard Bossuat, La France, l'aide américaine et la construction européenne, 1944-1954, Paris, CHEFF, 1992, 2 vol., 1040 p.; Gérard Bossuat, L'Europe occidentale à l'heure américaine, 1944-1952, Bruxelles, Complexe, 1994, 351 p. 2. Voir la position du débat sur le fait de savoir si le plan Marshall a été ou non le point de départ de la prospérité en Europe occidentale, dans Alan Milward, The reconstruction of Western Europe 1945-1951, Methuen, 1984, p. 90 et suiv. Le débat dans cet article ne porte pas exactement sur ce sujet. Il s'agit plutôt de savoir pourquoi les Américains ont proposé le plan Marshall : pour des raisons politiques, pour sauver l'Europe du marasme économique, pour gagner des marchés? 3. Pierre Olivier Lapie, «Philosophie du plan Marshall», dans Problèmes de politique économique internationale, Éd. Du Grand Siècle, 1949, p. 33-52.

4. FRUS Ш, 1947, Memorandum by Mr C. Tyler Wood, special assistant to the Assistant secretary of State for Economic Affairs (Thorp) to the Under Secretary of State (Acheson). Top secret, Washington, april, 17, 1947.

5. FRUS III, 1947, France, 851.00/4-347 The ambassador in France (Caffery) to the Secretary of State, secret, Paris, april 3, 1947. 6. Jean Monnet, Mémoires, p. 314, Fayard, 1976. 7. FRUS III, 1947 SWNCC files, series 360, Report of the special «ad hoc» Committee of the State- War-Navy Coordinating Committee, top secret, Washington, April, 21, 1947, Enclosure : Policies, Procedures and costs of Assistance by the United States to Foreign Countries, appendix A, Policies and principles for extension of US Aid to Foreign nations.

8. Mélandri Pierre, Les États-Unis face à V unification de l'Europe, 1945-1954, t. 1 et 2, service de reprographie des thèses, Université de Lille III, 1979, 1311 p. 9. Discours ď Acheson, 8 mai 1947, dans James P. Warburg, Pourquoi le plan Marshall (Put yourself in Marshall's place). Éditions self, Paris, 1948, p. 213.

10. FRUS HI, 1947, 840.50 Recovery/5-2347, the director of the Policy Planning Staff (Kennan) to the Under secretary of State (Acheson). secret, Washington, May 23, 1947.

1 1. Entretien entre David Gergen, editor at large of U.S. News & World Report et George Kennan, the author of At A Century's Ending : Reflections 1982-1995. Document disponible sur internet, 9 août 1996. 12. Entretien David Bruce et Georgette Elgey, 12 octobre 1967, archives privées de Georgette Elgey. 13. FRUS III, 1947, 840.50 Recovery / 5- 2747 Memorandum by the Under secretary of State for economic Affairs (Clayton), The European crisis. 14. Claude Delmas, Informations et Documents, juin 1977. 15. Voir texte en anglais dans http://www.bnt.com/Marshall/speech.html.

16. James P. Warburg, Pourquoi le plan Marshall?, Paris, Éditions self, 1948. 17. Voir aussi la petite synthèse, dans «Les relations franco-américaines», Notes documentaires et Études, n° 224, série internationale LXXV, 26 janvier 1946. 18. Robert Marjolin, Le travail d'une vie, mémoires, 1911-1986, Robert Laffont, 1986, p. 181. 19. Jean Monnet, Mémoires, Fayard, 1976, p. 315.

20. Rémy Rouie, «Notre dépendance», Le Monde, 1-2 mai 1947. 21. «Discours de Marshall du 28 avril». В Amérique 1944-1952, États-Unis 163, H. Bonnet, 1er mai 1947 à G. Bidault, n° 940, «Vote des crédits d'assistance américaine à l'Europe par les Représentants». 22. Y International 1944-1949, 85, Paris, 29 avril 1947, service Kara 25-4 du 29 avril 1947, valeur B/2, source Kara, G.B., «La CEE et la politique américaine». 23. Harry S. Truman, Mémoires d'épreuves et d'espérance, l'Alliance atlantique, 1946-1950), Pion, p. 133; Léon Blum, L'œuvre de Léon Blum, 1947-1950, Albin Michel, 1963; articles du Populaire, 18-19 mai, 20 mai, 21 mai, 23 mai, 25-26 mai, 27 mai. p. 1 à 24. 24. Combat, 15 mai 1947. 25. Pierre Mélandri, Les États-Unis face à l'unification de l'Europe, 1945-1954, t. 1, thèse, Lille, 1979, p. 138 à 142. Papiers Elgey, interview de Maurice Schumann, 17 avril 1947, confirmée par Maurice Schumann, mai 1987, à Annie Guénard et Gérard Bossuat, 26. CE 44, telegr. H. Bonnet, 18 avril 1947, à diplomatie, Paris; Papiers Elgey, interview d'H. Bonnet, 26 juillet 1967, où il dit avoir averti Paris plusieurs mois avant. Remarque : pas de trace d'un avertissement aussi ancien dans les fonds du Quai d'Orsay. B33688, H. Bonnet, Washington, à G. Bidault, 9 avril 1947, «a/s engagements financiers des États-Unis». В Amérique 1944-1952, E-U 163, Washington, 19 mai 1947, n° 1656, H.B./AMG, prêts américains. 27. Les idées de Kennan sont exposées très précisément, mais postérieurement dans un article de Foreign Affairs, «The source of soviet conduct», XXV, n° 4, juillet 1947 sous la signature de M.X. Mai le containment tel qu'il est exposé en juillet est le produit d'une réflexion sur les rapports avec l'URSS plus que sur le plan Marshall.

28. CE 44, télég. Bonnet, 19 mai 1947, prêt américain; 23 mai 1947, 10h31. 29. CE 44 télég. Bonnet, H.B. 27 mai 1947, n° 1791, à diplomatie, «Conversations avec Foster Dulles à l'Ambassade». 30. CE 44 H.B. à G Bidault, n° 1160, «Programme américain de reconstruction économique mondiale, 28 mai ».

31. CE 44, 28 mai 1947, «Projet de mémorandum au gouvernement des Etats-Unis», H.A. 32. CE 44, 3 juin 1947, D.G. (du Quai d'Orsay), «Projet d'instructions à M. Bonnet». 33. CE 44, H. Bonnet, 9 juin 1947, à G. Bidault, a/s reconstruction européenne. 34. CE 44, teleg. Bidault, 7 juin, réservé, très urgent; Teleg. Bidault, 10 juin 1947 (préparé le 8 par Alphand) à ambassade de France à Washington et Londres. 35. FRUS III, 1947 840.50 Recovery/ 6-1347 Memorandum of conversations, by the Secretary of State, Washington, June 13, 1947. 36. CE 44 H. Bonnet, 13 juin 1947, 20 h 39. 37. FRUS III, 1947, 840.00/ 6-1447, The British Ambassador (Inverchapel) to the Secretary of State, Washington, June 14, 1947. 38. FRUS III, 1947, London, June 16, 1947, 5 p.m. The chargé in the United Kingdom (Gallman) to the Secretary of State.

39. Daniel Yergin, La paix saccagée, Balland, 1977, p. 237-238. Voir aussi William Thorp, «The origins of the Marshall plan », dans Present at the creation, the fortieth Anniversary of the Marshall plan, New York, 1990; Alan Mil ward, Reconstruction of Western Europe, Methuen; Charles Kindelberger, Marshall plan Days, Boston, 1987 et la bibliographie citée par l'ouvrage publié en 1996 par l'OCDE. 40. Arthur L. Funk, «American and Soviet wiews on Europe from Yalta to the Marshall plan», dans Michel Dumoulin (éd.). Plans des temps de guerre pour l'Europe d'après-guerre, 1940-1947, Bruylant, Giuffré, LGDJ, Nomos Verlag, 1995, p. 414. 41. Charles S. Maier, «Premises of the Recovery program», dans Le plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe, colloque de Bercy les 21, 22, 23 mars 1991, CHEFF, p. 18. Voir aussi les comptes rendus des ouvrages de Hogan et de Milward sous le titre «American visions and British interests : Hogan's Marshall plan» par Charles S. Maier, dans American History, vol 18, n° 1, March 1990, p. 102-111. 42. Denise Artaud, «Une relecture de Kennan, signification et limites du containment», Relations Internationales, n° 36, hiver 1983, p. 381-393.

43. Discours de Tsaldaris à la Conférence de Paris du 15 mars 1948. 44. Robert Marjolin, Europe in search of its identity, The Russel Leffwingwell Lectures, September 9, 16 and 18, 1980, Council on Foreign relations, inc, p. 17. 45. Hans-Jurgen Schroder, The economic reconstruction of West Germany in the context of International Relations 1945-1949, dans Josef Becker, Franz Knipping (éd.), Power in Europe?, De Gruyter, 1986, p. 306; Hans-Jurgen Schroder (Hrsg.), Marshallplan Una1 Westdetscher Wiederaufstieg : Positionen Kon- troversen, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1990, 256 p.

46. Irwin M. Wall, L'influence américaine sur la politique française, 1945-1954, Balland, 1989, p. 113. 47. Pierre Mélandri, Les États-Unis face à l'unification de l'Europe, 1945-1954, t. 1, service de reproduction des thèses, Université de Lille III, 1979, p. 134. 48. Alan Milward, op. cit., p. 466.

49. Charles Maier, «Politique et économie internationales, 1947-1948, George C. Marshall et l'histoire du plan Marshall », dans Le plan Marshall et le relèvement économique de l 'Europe, colloque de Bercy les 21, 22, 23 mars 1991, CHEFF, p. 39. 50. Irwin M. Wall, L'influence américaine sur la politique française, 1945-1954, Balland, 1989, p. 114. 51. В Amérique 1944-1952, États-Unis 162, Bonnet 14 juin 1947, 21h58, n° 2002. 52. FRUS III, 1947, Memorandum of conversation by the counselor of the Department of State (Cohen), 840.50 Recovery/ 6-1847.

53. CE 44, article du 16 juin 1957. 54. FRUS III. 1947, 840.50 Recovery/ 7- 347; telegram The secretary of State to the Embassy in France, secret, urgent, NIACT Washington July. 3, 1947- 4 p.m. 2450 for Caffery. 55. Alan Milward, The reconstruction of Western Europe 1945-1951, Methuen, 1984, p. 113 : «The enormous political ambitions of the ERP were based on the exaggerated impression in the United States of the severity of Western Europe's economic position in 1947» et conclusion p. 465. 56. L'aide économique des États-Unis à la France, Plan Marshall et «defense support», La Documentation française, Recueils et Monographies, n° 26, s.d., p. 4. 57. Ginette Kurgan- Van Hentenryk, «La Belgique et le plan Marshall ou les paradoxes des relations belgo-américaines », Revue belge de Philologie et d'Histoire, fasc. 2, 71, 1993, p. 290 et suiv.

58. Pierre Mélandri, op. cit., p. 135.

59. Michael J. Hogan, The Marshall plan, America, Britain, and the reconstruction of Western Europe, 1947-1952, Cambridge University Press, 1987, p. 26 et 38. 60. Cité par Henri Dunajewski, «le plan Marshall et les pays de l'Europe de l'est», Revue d'études comparatives est-ouest, mars 1983, vol 14, n° I, p. 47 à 74.

61. L.-J. Lebret, «Comprendre le plan Marshall», Économie et humanisme, mai-juin 1948, p. 239. 62. Robert Marjolin, Le travail d'une vie, mémoires, 1911-1986, Robert Laffont, 1986, p. 182.

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Les Yeux du Monde

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Actualité internationale et géopolitique

Le Plan Marshall

Pays ayant bénéficié du Plan Marshall

Le 5 juin 1947, le général Marshall lance un appel à l’Europe depuis l’université de Harvard. Il demande l’unité du bloc européen en échange d’une aide économique à la reconstruction. Ainsi, le 2 avril 1948, le Congrès vote le Foreign Assistant Act : ici commence l’European Recovery Program (ERP), plus couramment appelé Plan Marshall du nom du général et secrétaire d’Etat américain sous la présidence de Truman. Or, à la même époque, ce dernier met en place la tactique du « containment » afin d’endiguer l’expansion communiste, notamment en Europe. Par conséquent, les pays d’Europe de l’Est, sous emprise soviétique, furent contraints par Moscou de refuser cette aide.

Or, 1947 est aussi l’année de la doctrine Jdanov et de la rupture irrémédiable entre les blocs occidental et soviétique, et le Plan Marshall contribua ainsi à la radicalisation de la division entre l’Est et l’Ouest. Finalement, seize pays, qui formèrent dès 1948 l’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE) acceptèrent l’aide américaine jusqu’en 1952. L’ERP permettait aux Etats européens de recevoir une aide financière américaine. En échange, les pays d’Europe s’engageaient à importer des produits en provenance des Etats-Unis. Au total, le montant de cette aide dépasse les treize milliards de dollars, un montant énorme qui représente plus de 5% du PIB des Etats participants et qui est surtout fourni en majorité sous la forme de dons. En Europe, cette manne financière est mise à profit pour des travaux de reconstruction, mais aussi de modernisation. Beaucoup de techniques furent également exportés des Etats-Unis vers l’Europe.

Pour les Etats-Unis, cette aide fut le moyen de mettre fin au « dollar gap » : en effet, suite à la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis possèdent plus des deux tiers de l’or mondial, et leurs excédents commerciaux sont exorbitants. Dès lors, il est très difficile pour les pays européens de se procurer les dollars nécessaires pour acheter des produits américains, et ceci risque de paralyser le commerce entre les deux côtés de l’Atlantique. La réinjection de dollars dans l’économie européenne permet donc aux producteurs américains de poursuivre leurs exportations en Europe qui offre ainsi de nombreux débouchés aux industriels américains. Le Plan Marshall permit également d’exporter l’ American way of life vers l’Europe, avec notamment la diffusion de produits tels que le Coca-Cola, les jeans, ou encore le chewing-gum.

Les résultats économiques en Europe furent très appréciables : la croissance économique fut à cette époque indéniable, et la productivité progressa prodigieusement. En outre, on peut aussi remarquer que le Plan Marshall esquisse un début de coopération européenne, prélude de ce que sera la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) à partir de 1951.

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Le plan Marshall

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Doc. 1 Le lancement du plan Marshall

Doc. 2 la répartition des aides.

La répartition des aides

Doc. 3 Le plan Marshall, symbole de prospérité et de liberté

Le plan Marshall, symbole de prospérité et de liberté

Doc. 4 La critique communiste du plan

Doc. 5 l'europe, victime du plan marshall .

Le secrétaire d'État installé sur la vache Marshall

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Le discours présentant le plan Marshall

Le 5 juin 1947, le secrétaire d’État américain George Marshall propose, dans un discours prononcé à Harvard, un plan d’assistance économique aux pays européens afin de les aider à financer leur reconstruction après la guerre. Ce plan, auquel le nom du secrétaire d’État reste attaché, est à l’origine de la restauration économique de l’Europe.

... La vérité, c’est que les besoins de l’Europe pendant les 3 ou 4 prochaines années en vivres et en autres produits essentiels importés de l’étranger – notamment d’Amérique – sont tellement plus grands que sa capacité actuelle de paiement qu’elle devra recevoir une aide supplémentaire très importante ou s’exposer à une dislocation économique, sociale et politique très grave. […]

Il est logique que les États-Unis doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont impossibles. Notre politique n’est dirigée contre aucun pays, aucune doctrine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but doit être la renaissance d’une économie active dans le monde, afin que soient créées les conditions politiques et sociales où de libres institutions puissent exister. […]

Il est déjà évident qu’avant même que le gouvernement des États-Unis puisse poursuivre plus loin ses efforts pour remédier à la situation et aider à remettre l’Europe sur le chemin de la guérison, un accord devra être réalisé par les pays de l’Europe sur leurs besoins actuels et ce que ces pays de l’Europe feront eux-mêmes pour rendre efficaces toutes les mesures que ce gouvernement pourrait prendre. Il ne serait ni bon ni utile que ce gouvernement entreprenne d’établir de son côté un programme destiné à remettre l’économie de l’Europe sur pied. C’est là l’affaire des Européens. L’initiative, à mon avis, doit venir de l’Europe.

Le rôle de ce pays devrait consister à apporter une aide amicale à l’établissement d’un programme européen, et à aider ensuite à mettre en œuvre ce programme dans la mesure où il sera possible de le faire…

Source : discours de George Marshall, prononcé le 5 juin 1947 à Harvard (extrait)

Classification

  • Histoire : chronologie
  • Histoire, de 1914 à nos jours
  • Le monde depuis 1945
  • Monde bipolaire de la guerre froide
  • Histoire par continents et pays
  • Histoire de l'Amérique
  • Histoire de l'Amérique du Nord
  • Histoire des États-Unis

Pour citer l'article : « Le discours présentant le plan Marshall », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/le-discours-presentant-le-plan-marshall/

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Les États-Unis ont lancé le plan Marshall pendant la guerre froide pour aider à la reconstruction de l'Europe. Timbre édité pour le 50e anniversaire du plan Marshall. © cityanimal, fotolia

Guerre froide : en quoi consistait le plan Marshall ?

Époque contemporaine

question réponse

En 1947, les États-Unis lancent le plan Marshall pour aider à la reconstruction de l'Europe. Pas moins de 16 pays ont ainsi reçu une aide économique, ce qui a fait du plan Marshall pendant la guerre froide une véritable réussite.

au sommaire

Avant le plan Marshall, les États-Unis avaient envisagé une opération appelée plan Morgenthau, qui visait à faire payer la reconstruction de l'Europe à l' Allemagne . L'idée a finalement été abandonnée pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu'après la Première guerre mondiale .

Le plan Marshall, intervention des États-Unis pendant la guerre froide

En 1947, après des années de guerre, l' Europe est exsangue et peine à se reconstruire. Dans le même temps, les États-Unis et la Russie ont entamé une lutte idéologique et d'influence qui devient ce que l'Histoire a appelé la guerre froide . Les communistes tentent notamment de s'imposer en Turquie et en Grèce, ce qui inquiète les Américains. Ceux-ci pensent alors à aider financièrement ces pays pour éviter l'instabilité politique. Finalement, ils ne se contentent pas de cette solution et le 5 juin 1947, le secrétaire d'État George C. Marshall annonce la création d'un plan d'aide financière destiné à tous les pays qui le souhaitent. Appelé à l'origine Programme de rétablissement européen, il est rapidement rebaptisé plan Marshall.

La France et l'Angleterre, très aidées par le plan Marshall

Dès 1947, 16 pays européens acceptent l'aide des Américains. En 1949, ils seront rejoints par la République Fédérale Allemande. La Russie, qui pouvait prétendre à cette aide, refuse finalement et ne bénéficiera donc pas du plan Marshall pendant la guerre froide . Au total, le plan Marshall représente 13 milliards de dollars (l'équivalent de 150 milliards d'euros aujourd'hui) de prêts, mais surtout de dons, en nature ou en argent argent . La Grande-Bretagne, qui en récupère 26 %, et la France qui en récolte 23 %, en sont les principaux bénéficiaires.

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Institut de la gestion publique et du développement économique

Le Plan Marshall et le relèvement économique de l’Europe

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Plan détaillé

Texte intégral.

1 Si le discours de Marshall à Harvard date du 5 juin 1947, c’est seulement le 28 juin 1948 que l’accord bilatéral place officiellement la France parmi les bénéficiaires de l’aide Marshall et on admet généralement, même s’il y a un certain flou sur sa date terminale, que le Plan Marshall prend fin le 30 juin 1952. C’est donc d’une période relativement brève que traitent les communications qui vont suivre.

2 Le rapport de notre collègue F. Lynch sur la position de la France face à l’Union Européenne des Paiements présente l’intérêt de replacer ces problèmes dans un assez long terme, puisqu’elle fait remonter son étude en deçà du Plan Marshall et la poursuit jusqu’en 1954. Les autres rapports se limitent plus exactement à la période considérée : Irwin Wall étudie la mission Marshall en France et le fonctionnement de cet organisme américain chargé de surveiller l’octroi de dollars et de contrôler le déblocage de la contre-valeur ; Michel Margairaz analyse les institutions françaises qui ont pris part à l’utilisation de l’aide Marshall, G. Bossuat enfin traite des relations franco-américaines durant cette période, tout comme Carlo Spagnolo qui a eu connaissance des archives Jean Monnet. Voici donc les communications que j’ai la tâche d’introduire.

3 Et je le ferai en partant du titre de cette séance. On a souvent parlé des choix français face à l’aide américaine. Le mot « choix » a par ailleurs été utilisé pour qualifier cette période par F. Bloch-Lainé et J. Bouvier en tête de leur livre en forme de dialogue sur La France restaurée. Dans leur esprit, ce mot traduisait parfaitement l’obsession des acteurs qui se demandent aujourd’hui quelles alternatives réelles ils avaient eues, et hésitent à posteriori sur les motivations de leur choix : les dilemmes étaient-ils bien ceux qu’ils ont décrits après coup, les explications qu’ils donnent ne pèchent-elles pas par excès de clarté ?

4 Je me suis permis de paraphraser F. Bloch-Lainé et j’espère ne pas avoir déformé sa pensée. Jean Bouvier précisait quant à lui que le mot choix pouvait être pris de deux façons. Au singulier, c’est un choix pour la modernisation, cette modernisation qui s’imposait comme un impératif, comme une objectif évident. Au pluriel, il établit la distinction entre les différentes voies et les moyens par lesquels on pouvait parvenir à cette modernisation. Mais, à ce propos, permettez-moi d’insister sur le contexte particulier de l’époque : les hommes qui ont eu à décider, à choisir, l’ont fait, poussés par le temps, par l’urgence, par le caractère dramatique de la situation. Nous avons trop tendance ensuite, nous autres historiens, à étudier ces choix comme s’ils eussent été effectués à froid, dans la réflexion. Quelques mots à présent pour rappeler la situation de la France, les rapports franco-américains, les discussions qui ont émaillé ces rapports. Je me contenterai, pour l’essentiel, de poser des questions.

5 D’abord la situation de la France à cette époque. R. Girault a parlé à propos des pays bénéficiaires du Plan Marshall de vainqueurs et de vaincus. Si la France s’est présentée victorieuse, force est de constater que ce vainqueur était groggy, que la guerre l’avait gravement atteint. A l’époque, on avait l’impression que tout allait mal, même plus mal qu’en 1945. L’originalité de la situation française tient alors au fait que le Plan Monnet a été décidé avant le Plan Marshall, dès le 14 janvier 1947, avec l’approbation par le gouvernement français du rapport général sur le premier plan de modernisation et d’équipement. Les objectifs économiques sont ainsi fixés, les secteurs prioritaires définis et parmi les 6 programmes d’activité de base, les plus importants sont déjà engagés. Le Plan Marshall ne fait donc que s’insérer dans une histoire qui a déjà commencé, son influence sur l’évolution économique de la France en est réduite d’autant.

6 Fin 1947 donc, la situation économique est dramatique, angoissante même, pour reprendre un qualificatif qui revient régulièrement sous la plume des témoins de cette époque : elle se résume en quelques mots : manque de réserves de changes, c’est-à-dire pénurie de dollars, donc des moyens d’accès au seul marché pouvant fournir à la France les produits nécessaires à sa modernisation, aussi bien les matières premières que les machines. Il y a là un goulot d’étranglement extrêmement prononcé : en 1947 par exemple, il a fallu suspendre pendant quelque temps pratiquement toutes les importations, excepté les plus vitales d’entre elles, le blé et le charbon. Manque de moyens de changes donc, et aussi des ressources pour financer le Plan Monnet. Présenté de manière un peu floue, le financement de celui-ci n’avait pas été précisément calculé. Au fond, le but de Monnet lui-même était d’obtenir le plus fort soutien possible des Américains, mais l’ampleur de ce soutien demeurait une inconnue, une incertitude grave. Telle est la situation au moment du discours de Harvard, au seuil du second semestre de 1947 : une attente ardente, celle de l’aide américaine, comme on le voit dans les témoignages qui ont été recueillis et fort bien analysés par Mme Descamps dans le cadre du Comité pour l’Histoire Économique et Financière.

7 Cette aide ardemment attendue, elle arrive enfin. Soulagement des décideurs, puis inquiétude : cette aide, comment l’utiliser dans les perspectives déjà tracées par le Plan Monnet ? La question va être au centre des débats entre Français et Américains. Il faut se garder de faire des uns et des autres deux camps homogènes et cohérents : des deux côtés, des organismes nouveaux se créent, qui insufflent de nouvelles conceptions, quand, dans le même temps, les organismes établis changent de politique ou modifient leurs perspectives. On doit noter cette pluralité d’instances appelées à réfléchir et à décider.

8 Du côté américain d’abord, et je renvoie à la communication, très fouillée, d’Irwin Wall, la mission américaine du Plan Marshall joue, bien sûr, un rôle capital ; il lui arrive, par ailleurs, tout comme à d’autres missions du Plan Marshall, d’être tentée d’adopter le point de vue du pays hôte, en l’occurrence du gouvernement français. Mais parallèlement à cet organisme, il y a aussi l’administration du Plan Marshall, le département d’État, le Congrès, l’ambassadeur des États-Unis à Paris qui a un certain pouvoir sur les affaires économiques. Une certaine division règne donc à l’intérieur de la sphère de décision américaine, que se traduit par des conflits entre l’ambassade des États-Unis à Paris et la mission du Plan Marshall à Paris, les réticences de cette dernière à suivre les instructions données par l’administration économique à Washington. Divisions donc, mais par là-même possibilités de manœuvre, et aussi de complicité pour les Français.

9 Du côté français, les divisions sont aussi nombreuses et tout aussi frappantes. Les positions face à l’UEP divergent, F. Lynch le montre bien. Elle décrit l’opposition à l’UEP, qui réunit la section européenne du Quai d’Orsay, le ministère de l’Industrie, la CGT, la CGA, et, à l’opposé, les instances favorables au développement de l’UEP, le ministère des Éinances, le Conseil économique. Des clivages apparaissent aussi sur la question de l’utilisation de l’aide Marshall traitée par M. Margairaz et G. Bossuat. Je pense en particulier au conflit ou plutôt à la compétition entre le Commissariat Général au Plan et la Direction du Trésor pour le contrôle du FME. Mais, par delà ce débat, il y a une convergence de fond entre les Finances et le Plan sur la nécessité de financer les investissements prévus par le Plan. Et je me demande si les convergences ne sont pas plus importantes que les divergences. Il faut ajouter encore du côté français toutes sortes d’intervenants, personnes ou organismes : le SGCI avec P.P. Schweitzer, l’ambassadeur de France à Washington. Le tout forme un ensemble complexe engagé dans un jeu qui ne l’est pas moins. Les absents mêmes – mais sont-ils réellement absents ? – sont remarquables : la Banque de France, les banques d’une façon générale paraissent hors jeu. Ainsi structuré, entremêlé pourrait-on dire, l’espace décisionnel offre d’assez grandes possibilités de manœuvre pour certains Français : d’aucuns peuvent, par exemple, s’appuyer sur les Américains, et comme Monnet jouer de ses relations tout à la fois avec la mission américaine à Paris et avec l’instance de Washington. La mission du Plan Marshall à Paris peut être un appui précieux, prêt à résister aux pressions de Washington en expliquant qu’il serait dangereux de provoquer une crise politique.

10 Le déphasage entre les décideurs qui sont finalement à peu près tous d’accord sur le financement des investissements grâce au Plan Marshall et les opinions publiques me frappe aussi. Il apparaît très nettement dans les différentes communications : l’opinion américaine, G. Bossuat nous le montre avec le texte d’un journal américain, est souvent sévère pour la France ; l’opinion française, selon le sondage cité par M. Margairaz, marque quant à elle une résistance évidente face au Plan Marshall. Il ressort à l’inverse des interviews de fonctionnaires qui ont été faites que ceux-ci ont été soulagés par l’annonce du Plan Marshall ; ils demeurent unanimes ou presque pour en vanter les mérites.

11 Il me faut aborder en un troisième point les discussions complexes qui ont confronté, et parfois opposé, des Français entre eux, des Américains entre eux, mais c’est plus rare, et des Français et des Américains. Il y a trois aspects sur lesquels, me semble-t-il, on pourra revenir. En premier lieu, l’utilisation des dollars pour acheter des produits américains, l’aspect commercial des choses si l’on veut. Ce qui est frappant finalement c’est l’utilisation judicieuse des dollars ; ils ont servi à acheter, pour l’essentiel, des produits utiles à la modernisation et au relèvement de l’économie française. Certes, on a parfois monté en épingle l’achat de produits imposés par tel lobby américain, au niveau du Congrès, par exemple celui du tabac dont les importations ont augmenté. Mais tout cela ne joue que sur de petites quantités. Pour l’essentiel, les produits importés sont des matières premières indispensables : charbon, pétrole, coton, et des machines... De ce point de vue, l’aide Marshall a donc vraiment correspondu aux besoins de la France.

12 Le second aspect, plus longuement analysé dans plusieurs communications, est l’utilisation de la contre-valeur : elle aurait pu être utilisée pour rembourser ou pour consolider la dette de l’État ; elle a servi au financement des investissements. Sans doute y a-t-il eu un accord entre les Français, c’est-à-dire, entre le Plan et le Trésor, et, dans une large mesure, entre les Français et les Américains ou au moins la mission américaine à Paris sur une telle utilisation de la contre-valeur. Il existait par ailleurs un précédent : un accord de principe donné par P. Hoffman à J. Monnet en avril 1948 permettait aux Français d’utiliser la contre-valeur de l’aide intérimaire de fin 1947 pour financer les investissements du Plan. L’accord de principe conclu, cela dit, il y a eu des marchandages, certains disent du chantage, d’autres disent des négociations, sur les conditions auxquelles la contre-valeur en francs de l’aide Marshall serait accordée pour tel ou tel investissement : il a pu s’agir de conditions politiques – on accorde plus facilement le déblocage à tel gouvernement plutôt qu’à tel autre –, de la promesse d’une stabilisation financière, ou de mesures de libéralisation commerciale. Mais, et c’est le plus important, la mission américaine a autorisé, pour l’essentiel, le déblocage des fonds de la contre-valeur, les premiers investissements du Plan Monnet ont été largement réalisés grâce à cette contre-valeur, et 70 à 90 % de l’ensemble des fonds de la contre-valeur ont été affectés au financement des investissements. Il faut bien sûr établir une distinction chronologique : ce que je viens de vous dire est valable jusqu’en 1949. A partir de 1950-1951, le volume de la contre-valeur diminue et les Américains essayent davantage d’orienter l’utilisation de cette contre-valeur : ils font des pressions en faveur de la construction de logements à bon marché ou de l’utilisation d’une partie des crédits américains pour le réarmement.

13 Mais il est temps d’esquisser un bilan. C’est bien connu, la France a reçu un volume considérable en dollars d’aide Marshall. Peut-être peut-on expliquer ce fait par l’enjeu qu’elle représentait pour l’équilibre Est-Ouest, en raison de la puissance du parti communiste français. D’autre part, l’utilisation de cette contre-valeur pour le financement des investissements est conforme aux orientations primitives du Plan de 1946-1947 : ce sont donc des entreprises nationalisées, l’EDF, le Gaz de France, les Charbonnages, la SNCF qui ont essentiellement bénéficié de la contre-valeur. La préexistence du plan Monnet au Plan Marshall est donc fondamentale.

14 Trois réflexions encore, pour montrer la richesse de ces communications. On a généralement considéré que le rôle de J. Monnet a été considérable et que sa stratégie a réussi. Carlo Spagnolo, qui s’est servi des archives Monnet, porte un jugement plus mesuré : son action aurait été un demi-échec, ressenti comme tel, peut-être, par J. Monnet lui-même à la fin de la période.

15 D’autre part, il faut ajouter au bilan économique un chapitre institutionnel avec la naissance d’institutions durables du financement des investissements publics. M. Margairaz en parle longuement dans sa communication.

16 Les conséquences, enfin, du Plan Marshall pour les territoires d’Outre-Mer ne doivent pas être négligées, et c’est l’intérêt de l’inventaire qu’en fait G. Bossuat.

Professeur d’histoire économique à l’université de Paris X, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre Cedex.

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  • Bossuat, Gérard. (2001) Les aides américaines économiques et militaires à la France, 1938-1960 . DOI: 10.4000/books.igpde.2052
  • Cassis, Youssef. (2012) Financial crises and the balance of power in international finance, 1890–2010. European Review of History: Revue europeenne d'histoire , 19. DOI: 10.1080/13507486.2012.739150

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Le Plan Marshall

Par dissertation   •  27 Mai 2014  •  222 Mots (1 Pages)  •  2 250 Vues

LE PLAN MARSHALL

A partir de 1947, le plan Marshall est une arme économique utilisée par les Américains pour combattre le communisme. Il correspond au côté économique de la doctrine Truman le CONTAINMENT (endiguement).L’idée est que la misère fait le lit du communisme, le plan MARSHALL permet donc à la fois de combattre le communisme et de convertir l’économie de guerre américaine en économie de paix, nécessaires. Par le plan MARSHALL, les Américains entendent rallier l’Europe. L’aide financière est assorti de condition d’achat de produits américains. L’URSS s’oppose à ce projet et empêche les pays de l’Europe de l’Est de bénéficier de ce plan. Par exemple, le plan Marshall d’abord accepté en Tchécoslovaquie par le gouvernement doit être refusé sous la pression de Moscou. En revanche 17 pays qui acceptent cette aide créent en 1948 l’Organisation Européenne de Coopération Economique (O.E.C.E. qui deviendra O.C.D.E. : Organisation de Coordination et de Développement Economique). En mai 1949 est créé la RFA ; Un ancien résistant à Hitler, le démocrate chrétien Konrad Adenauer en devient premier chancelier. Il ancre solidement la RFA dans le camp de l’ouest et accepte le plan MARSHALL. Le plan MARSHALL permet aussi d’effectuer des pressions sur les alliés des Etats-Unis. Ainsi, les Américains menacent les Pays-Bas de suspendre le plan si ceux-ci n’accordent pas l’indépendance à l’Indonésie (chose faite en 1949).

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    Acheter. En juin 1947, le général George C. Marshall - vénéré en tant qu'« organisateur de la victoire » et chef d'état-major des armées pendant la Seconde Guerre mondiale et qui était à l'époque, depuis cinq mois, Secrétaire d'État du Président Harry S. Truman - prononça un discours, lors de la cérémonie de remise ...

  10. Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe

    Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe : Colloque tenu à Bercy les 21, 22, 23 mars 1991. Nouvelle édition [en ligne]. Vincennes : Institut de la gestion publique et du développement économique, 1993 (généré le 22 avril 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/igpde/14492>. ISBN : 978-2-11 ...

  11. Une contribution à l'histoire du Plan Marshall : la mémoire des hauts

    1 Une première version de ce compte-rendu a été publiée dans les Notes Bleues du ministère des Finan ; 1 Le 21 janvier 1991, une journée d'étude préparatoire, organisée par le Comité pour l'Histoire Économique et Financière et le Comité d'Histoire Industrielle, rassemblait historiens et témoins pour débattre des divers aspects du Plan Marshall en France.

  12. I. Les causes de la division du monde en deux blocs

    Le plan Marshall consacre alors la division de l'Europe en deux blocs en précipitant les pays de l'Est dans l'orbite économique soviétique. La réponse de l'URSS - La création du [ 3 ] Kominform : Face aux initiatives du gouvernement américain, les soviétiques réagissent.

  13. Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe

    Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe - L'intégration contre la désintégration : Les États-Unis, le Plan Marshall et l'unification économique de l'Europe 1947-1950 - Institut de la gestion publique et du développement économique. C. Perspectives d'ensemble.

  14. Aux origines du Plan Marshall

    Abstract This article aims at presenting the origin of the American plan for Aid to Europe expressed by the Secretary of State George C. Marshall on the 5th June, 1947. It is essential to know the reasons why the Truman Administration proposed to help European peoples.

  15. Le Plan Marshall

    Le Plan Marshall. Le 5 juin 1947, le général Marshall lance un appel à l'Europe depuis l'université de Harvard. Il demande l'unité du bloc européen en échange d'une aide économique à la reconstruction. Ainsi, le 2 avril 1948, le Congrès vote le Foreign Assistant Act : ici commence l'European Recovery Program (ERP), plus ...

  16. PDF Ensemble Le plan Marshall au secours documentaire du «monde ...

    Le plan Marshall au secours du «monde libre» Quels sont les buts du plan Marshall et en quoi. a-t-il contribué à couper l'Europe en deux? 1 Discours du général Marshall à l'université Harvard le 5 juin 1947. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que la situation mondiale est très sérieuse. [...]

  17. Le plan Marshall

    Le plan Marshall. 10 professeurs ont participé à cette page. Introduction. Le 5 juin 1947, le secrétaire d'État américain George Marshall annonce un grand plan d'aide financière à l'Europe, le « plan Marshall ». Treize milliards de dollars sont débloqués pour aider l'Europe à se reconstruire.

  18. Le discours présentant le plan Marshall

    Le discours présentant le plan Marshall. Le 5 juin 1947, le secrétaire d'État américain George Marshall propose, dans un discours prononcé à Harvard, un plan d'assistance économique aux pays européens afin de les aider à financer leur reconstruction après la guerre.

  19. Le plan marshallet la formaton des deux blocs

    D''ou quel impact le plan Marshall a s'il eu dans la division du monde en deux blocs? Dans notre étude, nous montrerons d'une part que tout les pays de l'Europe de l'est qui on accepter le plan Marshall on formé le bloc occidental et d'autre part tout les autres pays qui on refusé cette aide ont formé le bloc horizontal.

  20. Guerre froide : en quoi consistait le plan Marshall

    • 1 Min. En 1947, les États-Unis lancent le plan Marshall pour aider à la reconstruction de l'Europe. Pas moins de 16 pays ont ainsi reçu une aide économique, ce qui a fait du plan Marshall...

  21. Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe

    Le Plan Marshall et le relèvement économique de l'Europe : Colloque tenu à Bercy les 21, 22, 23 mars 1991. Nouvelle édition [en ligne]. Vincennes : Institut de la gestion publique et du développement économique, 1993 (généré le 18 avril 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/igpde/14492>. ISBN : 978-2-11 ...

  22. PDF Partie II

    Thème 1 : La guerre froide. Connaissances. Démarches. En 1945, la création de l'ONU répond à une aspiration au maintien de la paix. Cependant, les États-Unis et l'URSS s'affrontent durablement en Europe et dans le monde. La construction européenne répond à une volonté de paix en Europe Occidentale. En 1989-1991, la guerre froide ...

  23. Le Plan Marshall

    Dissertations Gratuits : Le Plan Marshall. Recherche parmi 298 000+ dissertations. Par dissertation • 27 Mai 2014 • 222 Mots (1 Pages) • 2 243 Vues. Résumé, LE PLAN MARSHALL. A partir de 1947, le plan Marshall est une arme économique utilisée par les Américains pour combattre le communisme.