Table des matières

  • Présentation
  • Le Chevalier Des Grieux

Manon Lescaut

  • L'architecture d'un roman moralisateur
  • Les différents visages de la passion
  • Le mélange des genres et des registres
  • Biographie de L'abbé Prévost

par L'abbé Prévost

Quand bien même l’œuvre de l’abbé Prévost a subi la censure pour cause d’amoralité de ses personnages, le lecteur d’aujourd’hui est bien à même d’appréhender le message moralisateur qu’elle transmet. Les deux libertins sont justement châtiés pour leurs péchés : l’une meurt dans des circonstances humiliantes, l’autre subit la souffrance de vivre sans sa bien-aimée. Ce sujet sempiternel inspire maintes œuvres de la littérature française, comme Thérèse Raquin d’Émile Zola.

Polyglottes

Apprenez les langues , bac de français 2023 : proposition de corrigé pour le sujet de dissertation « le plaisir de lire manon lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse  ».

Les sujets du Bac de français 2023 Métropole sont tombés. Le commentaire portait donc sur la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe tandis que la dissertation portait sur le roman et le récit du Moyen âge au XXIe siècle. Nous proposons dans cet article un modèle de corrigé pour le sujet de dissertation portant sur Manon Lescaut .

Le sujet complet est à télécharger ici :

conclusion dissertation manon lescaut

Nous allons nous pencher sur le sujet A, qui correspond à l’oeuvre de l’Abbé Prévost, Manon Lescaut , Parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Manon Lescaut , sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle.

Phase 1 : analyse du sujet

Rappelons-nous que le roman Manon Lescaut a fait de l’Abbé Prévost l’un des plus grands écrivains du XVIII e  siècle (pourtant il a écrit une soixantaine de livres!). Qu’est-ce qui fait donc la particularité de celui-ci ?

Analysons tout d’abord les mots clés du sujet : 

– plaisir de lire : cela renvoie à l’effet que produit la lecture sur le lecteur, qui ressent du «  plaisir « ; nous pouvons mettre cela en lien avec le parcours qui s’intitule «  personnages en marge, plaisirs du romanesque « . Il faut essayer de caractériser le plaisir qui découle de la lecture :

➡️plaisir à découvrir et à s’attacher aux personnages

➡️plaisir à s’identifier à eux

➡️plaisir à suivre les péripéties (il y en a beaucoup dans le roman Manon Lescaut )

➡️plaisir à lire les récits de la passion

➡️plaisir de l’immoralité : cela peut être jouissif de lire l’histoire de personnages qui se mettent en marge des normes de la société comme le font Des Grieux et Manon

➡️plaisir de lire une oeuvre qui transgresse les codes de son époque : le roman a été jugé immoral et censuré . L’oeuvre de l’Abbé Prévost se situe entre le roman baroque (né au XVII e  siècle, c’est un roman sentimental et d’aventures, plein de rebondissements) et le romantisme (fin XVIIIe-XIXe) à venir.

– récit : Ce roman raconte une «  histoire  » comme le montre le titre complet Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut

– passion amoureuse : l’Abbé Prévost nous présente son oeuvre comme «  un exemple terrible de la force des passions « . Mais la passion est celle de Des Grieux pour la femme fatale qu’est Manon, elle étant passionnée par le plaisir . Des Grieux est présenté comme étant un «  un jeune aveugle  ». Il est aveuglé par l’amour qu’il porte à Manon. Manon quant à elle ne conçoit pas la passion en dehors de la fortune et d’une vie confortable. Ainsi, son amour pour Des Grieux dépend du confort matériel qu’il est en mesure de lui offrir. Elle est par ailleurs flattée d’être aimée de manière si éperdue par un jeune homme de bonne famille tel que lui. En somme, Des Grieux aime éperdument Manon qui aime éperdument le plaisir (« Manon était passionnée pour le plaisir ; je l’étais pour elle »).

– ne…que = uniquement

➡️en général la réponse est « non », d’autres aspects entrent en ligne de compte et il faut les trouver.

Phase 2 : Reformulation de la problématique

Reformulation possible de la problématique : Ce roman est-il agréable à lire uniquement car il narre une passion amoureuse ?

En partie oui, mais d’autres aspects sont à considérer. La passion amoureuse est combinée aux péripéties et soulève aussi la question de la moralité/immoralité pour captiver le lecteur et contribuer au plaisir de la lecture. Nous pouvons aussi évoquer le style de l’auteur (simple, dépouillé, rendant la lecture aisée.)

Phase 3 : Plan de dissertation possible

I.un plaisir de lecture qui découle du récit d’une passion amoureuse éperdue, a) une histoire d’amour….

En 1717, Des Grieux est un jeune homme de dix-sept ans qui a étudié la philosophie. Son père le destine à rejoindre l’ordre de Malte pour devenir chevalier. C’est alors qu’il croise à un relais de poste une jeune fille « charmante » dont il tombe instantanément amoureux. Il apprend d’elle que ses parents, l’envoient au couvent pour arrêter « son penchant au plaisir ». Le ton est donné. De connivence avec elle, il décide de l’enlever pour vivre avec elle. Le couple s’installe à Paris, mais le bonheur de Des Grieux ne dure pas longtemps (six semaines environ). Manon aspire au confort matériel et aux luxe et elle se fait entretenir par des hommes. Le reste de l’histoire est marqué par les actions héroïques (et désespérées) d’un Des Grieux aveuglé par l’amour, qui se refuse à se séparer de son amante quoi qu’il en coûte. Après de nombreuses péripéties, ils se retrouvent en Amérique et peuvent peut-être enfin aspirer à un bonheur stable, mais le destin en décide autrement et ils se retrouvent en fuite dans le désert où Manon meurt dans les bras de Des Grieux, éploré. La trame est donc bien celle d’une passion amoureuse houleuse, véritablement à même de passionner le lecteur.

b) …immorale

Cependant, il ne s’agit pas simplement ici du récit d’une passion amoureuse (thème bien trop commun). Les deux héros sont des personnages en marge : Manon a un penchant au plaisir qui est immoral pour la société de son époque. Le libertinage est en effet un thème clé de l’oeuvre : Manon choisit de vivre en femme libre, elle ne veut pas se conformer à l’ordre moral austère de son époque et poursuit avant tout le plaisir sensuel . Des Grieux, éperdument amoureux, se retrouve entraîné dans le libertinage et dans moult actes immoraux par amour pour elle, pour ne pas la perdre. Malgré leurs actes répréhensibles, les deux personnages apparaissent comme les victimes d’une société elle-même corrompue, et ont pour eux l’excuse de l’âge et de leur amour. Le lecteur peut s’identifier aux personnages et être amené à réfléchir aux dilemmes moraux que leurs actions soulèvent. Il peut éprouver un plaisir de lecture qui est celui d’être témoin de l’immoralité. Il est aussi amené à se questionner : l’amour peut-il excuser les pires débauches ? La noblesse de l’âme peut-elle être une excuse à l’immoralité ?

II. Une dynamique entraînante pour le lecteur

Malgré ses accents picaresques, ce roman n’est pas un roman d’aventure car ce n’était pas l’intention de son auteur qui cherchait à dépeindre les ravages de la passion. Le lecteur est pourtant entraîné dans une dynamique vertigineuse qui ne laisse pas place à l’ennui.

a) Omniprésence de l’action

Il y a beaucoup de rebondissements dans le récit : Des Grieux propose à Manon de s’enfuir ensemble, vie commune à Paris, tromperie de Manon, enlèvement de Des Grieux par sa famille, les amants se retrouvent à la Sorbonne, ils se remettent en ménage, Manon reprend ses manigances, prison, évasion de prison, Des Grieux bascule dans le jeu, embarquement pour l’Amérique, fuite dans le désert, mort de Manon, retour de Des Grieux en France…Des événements violents émaillent le récit : deux enlèvements, des poursuites, des arrestations, des vols ou tentatives, trois meurtres (celui du portier, celui du supérieur de Saint-Lazare, celui de Lescaut), un incendie, quatre emprisonnements, une séquestration, une déportation, le projet d’attaque du cortège des femmes qui seront envoyées en Amérique. Les péripéties sont constantes et le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer.

b) Un mouvement quasi constant marqué par une multitude de lieux

L’action se déroule en une multitude de lieux , car l’histoire d’amour se fait sur fond de fuite perpétuelle pour les deux amants en marge : elle commence à Pacy-sur-Eure (première rencontre entre l’homme de qualité et Des Grieux), elle se continue à Calais, la rencontre entre Des Grieux et Manon se fait à Amiens, ils s’installent à Paris, il est séquestré ensuit chez son père à Amiens, il va étudier à Saint-Sulpice, les deux amants s’enfuient à nouveau et vont vivre à Chaillot, puis ils sont attrapés et enfermés, ils s’enfuient et retournent à Chaillot, Manon est déportée en Louisiane et Des Grieux l’accompagne, retour en France pour Des Grieux après la mort de Manon, fin. Le lecteur est entraîné dans le récit même si la dynamique n’existe pas pour divertir proprement le lecteur mais pour marquer la transgression.

III.Un roman de moeurs sous la forme d’un récit spontané et dépouillé

A) un roman de moeurs.

Le lecteur est face à un roman de moeurs, un roman qui cherche à dépeindre les modes de vie d’une époque , plus que la psychologie des personnages. Prévost a voulu documenter le lecteur sur les mœurs du temps, et dresser un tableau de la société. On y trouve la thématique du clivage des classes sociales.  exemples :

-Le marquis de Renoncour est bien désigné comme un « homme de qualité », c’est-à-dire un aristocrate, et c’est bien l’esprit de classe qui lui fait considérer le chevalier des Grieux avec bienveillance.

-Des Grieux est destiné à l’ordre de Malte, c’est un jeune homme de bonne naissance

-en contrepartie, Manon est de naissance commune. Elle est flattée d’avoir un amant comme Des Grieux. Ce n’est qu’à la Nouvelle-Orléans que les deux amants sont à égalité. 

Par ailleurs, Des Grieux sort toujours de prison, tandis que Manon est traînée en Louisiane (inégalité de traitement, arbitraire).

Thématique du libertinage : L’époque est celle du début de la Régence, moment de libération des moeurs car, après l’austérité des dernières années du règne de Louis XIV. Manon est la représentante des courtisanes de cette période, l’univers de la prostitution étant évoqué, tandis que la difficulté de des Grieux à construire un sens devient celle de toute cette société en pleine ébullition.

Thématique de la moralité et de l’argent : Le roman restitue, avec une vérité presque gênante parfois, tout un milieu social immoral et corrompu, un monde de libertins réunissant des gens socialement élevés et des gens du peuple. Manon et des Grieux vivent parmi des êtres dénués de principes moraux, et même de tout sens du bien et du mal, qui n’avaient qu’une seule raison de vivre : le plaisir ; et qui, comme le plaisir coûte cher, se procuraient de l’argent par tous les moyens. Mieux qu’aucun autre roman du XVIIIe siècle, l’“ Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut” fait comprendre le rôle de l’argent dans les relations humaines. 

 Ainsi, le lecteur peut prendre plaisir à lire le contexte de la société française de l’époque.

b) Le style d’écriture et le choix de l’énonciation : facilité de lecture et ménagement d’une part de mystère

Le style de l’auteur est simple est dépouillé. Il facilite l’entrée du lecteur dans le récit. Le plaisir de lecture peut en être décuplé.

Le personnage de Manon reste par ailleurs mystérieux : l’histoire est racontée du point de vue des Des Grieux par l’intermédiaire de l’homme de qualité (Renoncour). On ne sait rien de sa vision des choses hormis ce que l’on peut déduire de ses choix, de ses actions et de ses paroles rapportées par Des Grieux. Pierre Saint Amand dit « Si on peut la voir comme la grande magicienne de l’amour, son libertinage garde dans le roman une part occulte. C’est souvent après coup que Des Grieux prend connaissance des aventures de Manon, ce qui l’oblige à l’espionner, à partir sur les traces de sa maîtresse. Le jeu libertin de l’héroïne devient une véritable partie de cache-cache. » Le mystère qui entoure cette femme participe en partie, aussi, au plaisir de lecture.

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Bonjour, donc pour moi j’ai fait un plan assez petit , donc je ne sais pas si cela est bien : I) la passion amoureuse au coeur du récit a. Une passion amoureuse malheureuse b. Une passion pleine de rebondissements c. Une passion qui marginalise les personnages II)Les autres intérêts a. Importance des monologues intérieurs de DG b. DG un personnage manipulé, Manon une femme manipulatrice.

Saluut alors pour ma part mon plan était le suivant: S’il est vrai que le plaisir de lire cette œuvre tient compte de la lecture d’une passion amoureuse(I), cependant il tient aussi de la lecture d’un récit relatant la vie de personnages En marge de la société de l’époque(II), mais la complexité du sujet réside dans la réflexion sur le tiraillements de la mène qui amène l’œuvre de l’abbé Prévost.(III) I. un récit d’amour.. a) un amour réciproque b) pour le meilleur c) comme le pire II. la marginalité comme autres plaisir sur romanesque a) à l’inverse de Tiberge, Des Grieux b) a l’opposé des attentes de la sociétés de l’époque sur les femmes, Manon c) un amour qui les marginalise III. la visée morale: le tiraillement de l’âme humaine entre deux extrêmes a) la vertu incarnée par Tiberge( idéal chrétien) b) le vice incarné par Manon et son bien aimée, tout deux exclu de la société. c) un lecteur curieux, qui peut se reconnaître QU’EN PENSEZ VOUS ??

Intéressant, les grandes parties sont bien trouvées (il faut juste penser à connecter le III avec ce qui peut intéresser le lecteur, le sujet s’intéresse au « plaisir de lire »). L’effort pour trouver 9 sous-parties est louable mais il y a un risque de redites (a et b du I, a du II et a du III, b du II et b du III)…Il faudrait voir comment vous l’avez rédigé pour trancher 🙂

Bonjour est ce un hors sujet complet ou partiel? une partie placere une autre docere et enfin movere? merci

euh j’ai utilisé également cette citation en latin, mais tel une illustration de mon propos; je ne saurais as te dire si cela marche comme axe ou partie..

Dit comme ça semble aller dans la bonne direction, mais il faut voir comment 1) vous avez décomposé ça en sous-parties 2)comment vous l’avez rédigé

Peut-être un hors sujet partiel, si tu ne parle pas du plaisir dans ta 2eme partie. Mais sinon je pense c’est simple et efficace.

Bonsoir, j’ai opté pour un plan différents de ceux que j’ai rencontré. Ma problématique était : Quels plaisirs le lecteur ressent, à une lecture du roman Manon Lescaut ?: I. Plaît pour les plaisirs du romanesque A) Un roman authentique et vraisemblable + récit enchâssé B) Un récit sans temps mort C) Entre comédie et tragédie

II. Pour ses personnages en marge A) Des personnages marginaux qui amènent à un sentiment d’évasion du lecteur B) Mais aussi des personnages vertueux

III. Mais ne peut pas que plaire A) Personnages et activités à contraire à la morale religieuse B) Morale de l’histoire et rédemption douteuses

Les parties I et II sont ok. Concernant la partie III, il aurait peut-être fallu la tourner autrement car là, elle semble vraiment prendre le contrepied du sujet (qui invite à réfléchir aux raisons pour lesquelles le roman plaît).

Personnellement j’ai choisis : I. Le plaisir de lire le récit d’une passion amoureuse a) la passion amoureuse dans Manon lescaut (rencontre, amour fou, séparation, amour simple au nouvel orléan, fin tragique etc) b) La typologie des larmes (matérialiste, métaphysique, permettent un passage du corps au cœur etc..) II. Le plaisir à lire un roman féodal aux personnages exceptionnels a) Le plaisir du romanesque (péripéties, rebondissements, le lecteur ne s’ennuie pas etc..) b) Des personnages d’exceptions (personnages en marge, moral/immoral, le lecteur juge, ..) III. La vraisemblance du récit permet le plaisir du lecteur a) un roman de mœurs b) des stratégies narratives

ouverture : faire prendre du plaisir au lecteur était il le seul objectif de Prévost? (placere et docere, traité de moral, Horace, …)

Qu’en pensez vous?

Grosso modo, la partie I est ok. Pour la partie II, pourquoi un roman « féodal » ? 🤔 La partie III aurait plutôt été l’occasion de placer le « docere » qui intervient peut-être trop tard en ouverture. « Traité de morale » en ouverture peut être un doublon du III a) (selon comment vous avez présenté l’ensemble).

J’ai opté pour ce plan : 1) le plaisir de la passion amoureuse A. Présent des la rencontre B qui dure malgré les obstacles C. Qui se finit sur une fin tragique

2) le plaisir de lire avec de nombreux éléments caractéristiques du romanesque A. Les évasions B. Les trahisons, le mensonge

3) des personnages en marge qui sucistent l’intérêt du lecteur A. Manon B. Des Grieux C. Les personnages secondaires

Ça semble assez bon ! Dommage que la partie II n’ait pas un c) pour l’équilibre des parties. Une solution aurait été de ne faire que 2 sous-parties partout dans le plan, en fusionnant par exemple le b) et le c) du I ou le a) et b) car la subdivision n’apporte rien de plus (a priori, n’ayant pas lu la version rédigée) au plaisir qu’éprouve le lecteur. Puis le c) du III est difficilement susceptible de susciter l’intérêt du lecteur. En somme, le plan est ok, simplement, un format en 2 sous-parties recentre le propos et peut éviter le hors-sujet. Bonne chance, tenez-nous au courant du résultat !

Bonjour, j’ai opté pour le plan suivant, qu’en pensez-vous ?

I – Le plaisir de lire ce roman tient au récit d’une passion amoureuse car nous sommes dans l’intrigue de savoir si leur amour va persister et s’ils vont être heureux 1 – L’honneur de DG anime la flamme de la passion 2 – Les péripéties qui les séparent 3 – Les différences sociales des amants

II – Mais le plaisir tient aussi à la marginalité des personnages et de leur environnement 1 – Manon et DG en marge 2 – Une société en marge 3 – Une décadence progressive du couple

III – Au delà de la recherche de procurer du plaisir, Prévost écrit ce roman pour réaliser une satire de la société 1 – Les mentalités individuelles (Prostitution, situation de la femme) 2 – Les mentalités collectives (les milieux interlopes)

Pas mal, il fallait bien être attentif à relier la partie III malgré tout au plaisir de lecture (donc au point de vue du lecteur). Une incohérence sur le 2 sur II (une société ne peut pas être en marge puisque c’est elle qui fixe les normes…).

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Manon Lescaut L’abbé Prévost 5 sujets de dissertation possibles au bac de français

Manon Lescaut et les plaisirs du romanesque.

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Manon Lescaut : pourquoi ce roman plaît-il ?

Personnages en marge, plaisirs du romanesque

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Sujet d’écrit • Dissertation

Manon Lescaut  : pourquoi ce roman plaît-il ?

4 heures

Intérêt du sujet • Le roman de Prévost doit son succès à des protagonistes ambivalents. Pris dans les filets de leur passion, ne sont-ils pas à la fois immoraux et touchants ?

Dans ses Pensées , Montesquieu évoque en ces termes Manon Lescaut  : « Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l’héroïne une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise, parce que toutes les actions du héros, le chevalier Des Grieux, ont pour motif l’amour qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. »

Ce point de vue de Montesquieu sur Manon Lescaut correspond-il à votre lecture du texte de l’abbé Prévost ?

Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté, en vous appuyant sur votre lecture de Manon Lescaut de Prévost, sur les textes étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

Les clés du sujet

Analyser le sujet.

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Formuler la problématique

Comment les deux héros du roman parviennent-ils à nous émouvoir malgré leur conduite condamnable ? Peut-on expliquer par d’autres raisons la séduction qu’exerce le roman ?

Construire le plan

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : 1. Des héros peu fréquentables…; Pourquoi Manon apparaît-elle comme une « catin » ?Montrez la nature des « friponneries » de Des Grieux.Démontrez que la société dans laquelle ils évoluent est elle-même corrompue.; Ligne 2 : 2. … mais ennoblis par l’amour qu’ils se portent; Étudiez l’amour plein d’insouciance de Manon et celui, passionnel, de Des Grieux.Analysez en quoi ce couple, sous l’emprise d’un amour puissant, nous fait oublier ses bassesses et nous touche.; Ligne 3 : 3. Un roman qui plaît pour plusieurs raisons; En quoi les aventures romanesques des deux amants offrent-elles un vrai plaisir de lecture ?Au-delà du divertissement, quelle réflexion le roman suscite-t-il ? Quels débats éthiques propose-t-il ?;

Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.

Introduction

[Accroche] Au xviii e  siècle, alors que le genre romanesque est souvent décrié pour ses invraisemblances, voire son immoralité, Manon Lescaut connaît un grand succès. [Explication du sujet] L’écrivain Montesquieu, philosophe précurseur des Lumières, dit ne pas s’étonner que « ce roman dont le héros est un fripon et l’héroïne une catin […] plaise » et avance une explication : « parce que toutes les actions du héros […] ont pour motif l’amour ».

[Problématique] Comment ces amants parviennent-ils à nous émouvoir malgré leur conduite condamnable ? Peut-on expliquer par d’autres raisons la séduction qu’exerce le roman ? [Annonce du plan] Dans le développement qui suit, nous nous attacherons à étayer le point de vue de Montesquieu [I] [II] , puis nous nous demanderons quels autres ressorts le roman met en œuvre pour nous plaire [III] .

I. Des héros peu fréquentables…

1. manon, une « catin ».

Manon Lescaut est présentée comme une jeune fille pauvre, séduisante , envoyée au couvent par ses parents « pour arrêter […] son penchant au plaisir ».

Malgré son très jeune âge, elle semble plus « expérimentée » que Des Grieux et se révèle progressivement comme un être amoral , usant de ses charmes et prête à se vendre au plus offrant, afin de s’assurer une vie confortable.

Avide des divertissements que la société lui offre, Manon détourne son amant d’un «   système de vie paisible et solitaire ». Aidée par son frère, Lescaut, elle lui fait fréquenter des milieux corrompus et le pousse à trouver des expédients douteux, pour assurer son train de vie.

Le comportement de Manon fait écho à celui de la prostituée Nana , héroïne éponyme du roman d’Émile Zola (1880), qui exploite son amant, le comte Muffat, et le fait déchoir.

2. Des Grieux, un « fripon »

Gentilhomme de bonne éducation, Des Grieux se métamorphose dès le premier regard échangé avec Manon : il renonce sur-le-champ à sa vie studieuse et tranquille et abandonne la carrière ecclésiastique à laquelle il se destinait.

Conscient des faiblesses de Manon (« il ne fallait pas compter sur elle dans la misère »), mais prêt à tout pour elle, le jeune homme tombe dans le « précipice des passions » : de mensonges en calculs puis en escroqueries, il s’affran­chit progressivement des règles sociales et morales , jusqu’à commettre le meurtre d’un gardien dans le but de s’échapper de la prison où il est enfermé.

3. Une société pervertie par l’argent

La bassesse des deux héros s’explique en partie par l’immoralité des milieux qu’ils fréquentent : Prévost décrit une haute société dissolue, où l’argent règne en maître et finit par corrompre tous les individus. Au sein de la Ligue de l’Industrie, Des Grieux apprend à devenir un tricheur professionnel. De son côté, le riche et « vieux voluptueux » M. de G… M… n’a aucun scrupule à acheter les faveurs de Manon.

La perversion de la haute société touche les autres catégories sociales : les domestiques du couple dérobent l’argent de Des Grieux et le précipitent dans la pauvreté.

[Transition] Ces héros font ainsi preuve d’une morale douteuse. Mais le « motif noble » de l’amour, comme le décrit Montesquieu, grandit les deux personnages.

II… mais ennoblis par l’amour qu’ils se portent

1. l’amour insouciant de manon, la passion de des grieux.

L’innocence de Manon et son amour affectueux et léger pour Des Grieux contrastent avec sa vie dissolue. C’est un personnage paradoxal et énigmatique, « une princesse parmi les filles de joie », qui ne correspond pas aux caractéristiques traditionnelles d’une « catin ». Déportée en Amérique, elle est touchée par l’infini dévouement de son amant et se convertit finalement à l’amour véritable, avant de mourir.

Des Grieux, lui, éprouve d’emblée une vive passion . Les trahisons successives de Manon ne provoquent que des sursauts temporaires de lucidité : impuissant, aveuglé par son amour, il pardonne et revient à sa belle infidèle.

2. Des personnages émouvants

Le couple inspire des sentiments de sympathie  : tous – Renoncour, l’aubergiste ou le Gouverneur de La Nouvelle-Orléans – succombent au charme de ces amants si bien assortis. Leurs fautes sont vues comme des malheurs auxquels chacun compatit, y compris le lecteur.

Les trahisons de Manon, motivées par un manque d’argent, peuvent se justifier par son souci humain de s’arracher à la misère .

La passion de Des Grieux est présentée comme une puissance aliénante et tragique , incitant le lecteur à l’indulgence. Au contraire des libertins cyniques des Liaisons dangereuses (Choderlos de Laclos, 1782) qui simulent l’amour pour mieux manipuler leurs proies, Des Grieux conserve une pureté de cœur touchante.

«  Le fil rouge de la tragédie reste tendu d’un bout à l’autre de cette œuvre légère et lui donne sa noblesse profonde. » Jean Cocteau, « Manon » dans La Revue de Paris , octobre 1947.

[Transition] L’amour rend ainsi leur dignité à ces personnages, malgré leur « conduite […] basse ». Mais d’autres raisons rendent le roman plaisant.

III. Un roman qui plaît pour plusieurs raisons

1. une intrigue riche en rebondissements.

La conduite transgressive des héros est source de péripéties qui tiennent en haleine le lecteur. Les rebondissements s’enchaînent en effet à un rythme effréné : escroqueries, arrestations, enlèvements, évasions se succèdent et participent du plaisir de la narration .

Le parcours des deux amants devient ainsi une aventure rocambolesque digne du roman picaresque  : Prévost cherche à divertir le lecteur.

Le roman picaresque , genre espagnol né au xvi e  siècle, raconte les aventures d’un ­personnage de basse extraction – le picaro  – anti-héros qui se livre à des compromissions, en marge de la société.

2. Un questionnement moral intéressant

Le roman n’est pas seulement distrayant ou touchant. Dans son « Avis de l’auteur », Prévost annonce son intention d’« instruire » le lecteur. Le récit est effectivement jalonné de débats éthiques sur le choix entre raison et vertu. La question est posée : ne faut-il pas préférer la passion, malgré ses désordres, à une conduite fondée sur la raison et le respect des conventions sociales ?

Le couple ne parvient pas à trouver sa place dans ce monde rigide , marqué par l’ ordre moral qui rejette leur mésalliance et leur union hors du cadre de l’Église. Tels Tristan et Iseut, les héros sont contraints de vivre en cachette.

Le roman semble, à bien des égards, faire l’ apologie de la passion . À travers Des Grieux, Prévost proclame le triomphe de la sensibilité innocente. Il soulève également le problème de la liberté et des droits au bonheur de l’individu dans la société des dernières années du règne de Louis XIV.

[Synthèse] Ainsi, le lecteur se laisse charmer par ces héros peu fréquentables à qui il pardonne tout, car le puissant amour gagne toujours. Les péripéties s’accumulent jusqu’à la rédemption finale : à bien des égards, le roman semble inciter à cultiver la passion, malgré ses désordres. Il interroge ainsi les chemins qui mènent au bonheur, dans une société très normée.

[Ouverture] Les héros sensibles et passionnés de Prévost annoncent le xix e  siècle romantique, qui fait triompher l’expression des émois individuels, comme dans Adolphe (1816) de Benjamin Constant.

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Dissertation corrigée – Manon Lescaut : est-il pertinent, pour un romancier, de conduire la destinée de ses personnages en marge de la société pour emporter l’adhésion de son lecteur ?

Préparez-vous à l’épreuve écrite du bac de français en examinant attentivement le corrigé de cette dissertation.

Vous répondrez dans un développement structuré, en prenant appui sur votre lecture de Manon Lescaut de l’abbé Prévost , sur les textes étudiés en classe ou lus dans le cadre du parcours associé, ainsi que sur votre culture personnelle.

1. L’analyse du sujet

Conseil : Il est d’abord essentiel de repérer les termes les plus importants du sujet, ceux qui en déterminent le sens et l’articulation logique, puis de les définir pour éclairer l’énoncé.

Le sujet articule ainsi le travail du romancier et la réception du lecteur en termes d’efficacité (c’est le sens de l’adjectif « pertinent ») dans le but de susciter «  l’adhésion  » du lecteur. L’adhésion est l’un des termes les plus importants de l’énoncé : il renvoie d’abord à l’attachement du lecteur à l’œuvre, cette adhésion pouvant se comprendre comme le développement de l’envie du lecteur de connaître la suite, son investissement dans la lecture et sa projection dans l’intrigue, son attachement, voire sa sympathie pour les personnages. Mais adhérer à un groupe, une opinion, une doctrine, c’est aussi les reconnaître comme valables, en partager les idées ou les valeurs. Or le sujet se demande s’il est efficace dans cette perspective de représenter des « personnages en marge de la société », c’est-à-dire des marginaux, des êtres qui ne respectent pas les normes de la société, qui en sont exclus ou qui s’en extraient. On pensera bien sûr au statut, à la condition sociale de Manon et des Grieux. L’expression « conduire la destinée » souligne enfin l’importance du déroulement de l’intrigue et peut renvoyer à l’atmosphère tragique qui plane sur le roman.

Ensuite, on peut noter la forme de la question  : il s’agit ici d’une question totale qui invite à adopter un plan dialectique, à nuancer le présupposé véhiculé par l’énoncé.

On reformule alors le sujet   : pour susciter l’adhésion du lecteur (c’est-à-dire à la fois son intérêt, sa curiosité, son désir de lire, son approbation morale, son attachement aux personnages), est-il bon de représenter des personnages de marginaux ?

On cherche ensuite des arguments et des exemples qui permettent de construire la thèse et l’antithèse et on les note au brouillon. 

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2. On élabore le plan

Conseil : pour éviter de basculer dans le hors-sujet, il est préférable d’employer les termes du sujet dans les passages clés de la démonstration : les annonces de parties, les transitions, la formulation de l’argument de chaque sous-partie… Mieux vaut être insistant(e) mais clair(e), que viser la subtilité et basculer dans l’approximatif.

On cherchera d’abord à montrer que la représentation de personnages menés par leur destinée en marge de la société est un moyen efficace pour susciter l’adhésion du lecteur au récit. Plusieurs arguments pourront être avancés :

  • on rappellera d’abord que le déroulement de l’intrigue mène les personnages vers une déchéance certaine , annoncée dès l’incipit. Le roman donne ainsi à découvrir Manon dans une scène mémorable, qui présente une population « en alarme » devant le spectacle offert par « douze filles, […] enchaînées six à six par le milieu du corps ». Le récit rétrospectif de des Grieux retrace ensuite la destinée de cette jeune fille dotée d’un fort « penchant au plaisir » depuis sa rencontre avec le jeune noble jusqu’à sa mort tragique dans le désert. Les rebondissements et les péripéties qui ponctuent ce récit tragique renforcent dès lors l’attachement du lecteur à l’intrigue.
  • la représentation de lieux étrangers au lecteur suscite une impression de dépaysement, d’exotisme d’une part, tout en rendant les rebondissements de l’intrigue plus effrayants , en menant les personnages dans des lieux hostiles qui inquiètent le lecteur d’autre part. On pourra ainsi évoquer le passage de des Grieux à la prison de Saint-Lazare et de Manon à celle de la Salpêtrière, l’atmosphère licencieuse des petites maisons des seigneurs libertins qui sollicitent Manon, ou encore l’espace sublime du désert américain.
  • la mise en scène de personnages audacieux , qui refusent de se conformer aux poids des règles religieuses, des normes sociales, des injonctions familiales, suscite l’admiration du lecteur . Leur goût de la liberté, de la transgression, leur révolte contre l’hypocrisie et la puissance de leur passion amoureuse, en font des êtres fascinants. On pourra par exemple s’appuyer sur une analyse de l’humiliation que Manon fait subir au prince italien qui la courtise, se jouant de lui malgré son titre et sa jeunesse. On pourrait également citer Flaubert qui écrit dans sa correspondance que « [c]e qu’il y a de fort dans Manon Lescaut , c’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les deux héros si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils soient fripons ».

Après avoir démontré que la représentation d’espaces étrangers au lecteur et de personnages hors normes vivant des aventures intenses et connaissant un sort tragique entretiennent l’intérêt, la curiosité et la sympathie du lecteur, nous devons maintenant montrer en quoi cette thèse n’a rien d’évident, et quelles sont les limites de cette position .

Nous pourrions alors évoquer la désapprobation morale du lecteur qui condamne les personnages ou peine à s’identifier à ces figures marginales .

Il serait temps alors de mobiliser l’avant-propos ajouté par l’abbé Prévost à l’œuvre , dans lequel il présente le roman comme « un traité de morale réduit agréablement en exercices » et rappelle que celui-ci doit «  servir à l’instruction des mœurs ». La destinée de des Grieux est censée être pour le lecteur « un exemple terrible de la force des passions ». L’auteur condamne en effet longuement l’attitude de son héros « qui refuse d’être heureux pour se précipiter volontairement dans les dernières infortunes ; qui, avec toutes les qualités dont se forme le plus brillant mérite, préfère par choix une vie obscure et vagabonde à tous les avantages de la fortune et de la nature ; qui prévoit ses malheurs sans vouloir les éviter ; qui les sent et qui en est accablé sans profiter des remèdes qu’on lui offre sans cesse, et qui peuvent à tous moments les finir ; enfin un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises ». À travers cette énumération des fautes de des Grieux, l’abbé Prévost feint d’inviter le lecteur à désapprouver son héros. L’attachement du lecteur au sort du personnage n’est donc recherché que pour mieux susciter ensuite sa désapprobation morale.

L’on pourrait ainsi rappeler les épisodes dans lesquels la sympathie du lecteur pour le personnage se trouve émoussée par sa conduite immorale (épisodes de vols, triche, mensonges, mauvaise foi, meurtre…). On pourrait également s’interroger sur « l’adhésion » du lecteur au personnage de Manon, qui a suscité de très nombreux commentaires moralisateurs condamnant son infidélité, son penchant au plaisir ou son goût pour le luxe.

On pourrait enfin évoquer la figure de Tiberge , pour se demander si ce personnage ne suscite pas davantage l’attachement du lecteur , son intérêt, son admiration, pour ses vertus morales, sa loyauté, sa sincérité, sa foi profonde. C’est d’ailleurs sur lui que le récit de Des Grieux s’achève comme s’il était le garant d’un retour à l’ordre moral à la fin du roman : « Je ne pouvais marquer trop de reconnaissance pour un ami si généreux et si constant. »

L’on voit ainsi que l’adhésion du lecteur  au roman n’a rien d’évident dans la mesure où il met en scène des figures de marginaux, immorales et transgressives. Il serait alors temps de se demander par quels moyens l’abbé Prévost emporte l’adhésion du lecteur en rendant ses personnages attachants ou fascinants malgré tout .

Si le lecteur n’adhère pas totalement aux personnages représentés, à Manon et des Grieux, s’il ne valide pas leur conduite ou leurs décisions, il adhère pourtant au roman , à l’œuvre réalisée par l’abbé Prévost, comme en témoignent la postérité du roman et les nombreuses études qui lui furent consacrées. C’est que ces figures hautes en couleur sont mises en valeur par un montage narratif soigné et une construction narrative efficace et qu’ils symbolisent la puissance de l’amour.

L’on pourrait d’abord montrer que c’est moins la marginalité des personnages qui intéresse le lecteur que la puissance de la passion amoureuse qui pousse les héros malgré eux en marge de la société . On pourrait également évoquer les critiques de certains lecteurs masculins qui ont témoigné de leur fascination pour le personnage de Manon, perçu comme un fantasme. Maupassant écrit ainsi, à propos de des Grieux, que « nous le comprenons, nous ne nous indignons plus ainsi que nous le ferions pour un autre, nous l’absolvons presque, nous lui pardonnons assurément à cause d’elle, parce que nous nous sentons faibles aussi devant cette image ravissante, devant cette unique évocation de la créature d’amour ».

Il faudrait surtout montrer que c’est le montage du roman, sa construction rétrospective, sa narration enchâssée, qui permettent au lecteur d’adhérer pleinement au récit . En effet, cette structure fait de la narration un commentaire vivant, un témoignage sensible, qui annonce d’emblée un récit tragique, les prolepses ne cessant d’alimenter la curiosité du lecteur. Sa compassion est entretenue par la narration pathétique de des Grieux, ses nombreux commentaires soulignant ses regrets et ses souffrances (on pourra ici commenter certaines exclamations contenues dans la scène de la rencontre telles que : « Hélas ! que ne le marquai-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence »).

L’on pourrait enfin se demander si l’adhésion du lecteur au roman ne serait pas davantage lié au mystère qui entoure le personnage de Manon qu’à sa vie en marges . Dans la mesure où Manon n’est saisie qu’à la troisième personne, par deux narrateurs internes (Renoncourt, puis des Grieux), qui l’objectifient par leur regard et ne peuvent en pénétrer la conscience, elle apparaît bien souvent comme un personnage insaisissable, qui échappe au lecteur. Ainsi les décisions de Manon, ses choix, ses actes, paraissent souvent déconcertants à des Grieux et dès lors au lecteur qui la perçoit à travers sa narration uniquement. Si le lecteur adhère au roman, c’est donc aussi parce qu’il est fasciné par Manon, personnage trouble qui lui échappe en permanence.

3. On rédige l’introduction

                    Manon Lescaut , roman publié par l’abbé Prévost en 1731 , connut un vif succès, tant au XVIII e siècle qu’au siècle suivant, en témoignent les commentaires enthousiastes de nombreux écrivains tels que Flaubert ou Maupassant, ou l’adaptation en opéra par Jules Massenet en 1884. Il a pourtant pour protagonistes des personnages de marginaux, un prêtre défroqué et une fille, qui s’écartent des lois sociales ou y contreviennent, et fréquentent des lieux en marges de la norme (maisons de jeux, prison), avant que l’intrigue ne les mène hors du territoire français, à la Nouvelle-Orléans. Faut-il déduire de ce succès qu’il est pertinent pour un romancier de conduire la destinée de ses personnages en marge de la société pour emporter l’adhésion de son lecteur ? La marginalité des héros apparaît toutefois ambivalente : si elle peut susciter l’intérêt du lecteur en le menant vers des espaces romanesques qui lui sont à priori étrangers et peuvent éveiller sa curiosité, dans un récit ponctué de rebondissements et de coups de théâtre particulièrement dramatiques justifiés par leur destinée anti-sociale, elle peut aussi exciter la désapprobation du lecteur, qui n’adhère pas, moralement, à leur conduite. Il s’agit donc de s’intéresser à l’adhésion trouble que suscitent les personnages marginaux chez le lecteur.

Il conviendra d’abord de voir que le plaisir engendré par la découverte de destinées romanesques et marginales emporte le lecteur qui adhère ainsi au roman, capté par son atmosphère tragique et son intensité dramatique, avant de montrer que son adhésion ne peut être morale cependant, et donc entière. Nous nous demanderons alors quelles sont les conditions et les stratégies qui permettent au romancier de passer outre la désapprobation morale de son lecteur pour le faire pleinement adhérer au récit .

4. On rédige le développement

Conseil  : On n’oubliera pas de respecter la mise en page (alinéas, sauts de ligne entre les parties…), de se relire régulièrement pour vérifier la cohérence des phrases , la clarté du raisonnement , le respect de l’orthographe .

5. On rédige la conclusion

La représentation de personnages menés par leur destinée en marge de la société apparaît ainsi comme un moyen efficace d’emporter l’adhésion du lecteur , puisqu’ils le mènent dans des espaces singuliers, connaissent des aventures romanesques, manifestent des sentiments intenses… Toutefois, représenter des personnages qui transgressent les normes sociales, qui dérogent aux conventions et agissent à l’encontre de la morale risque de susciter le désaccord du lecteur . Il faut donc emporter son adhésion au moyen d’une structure narrative efficace qui suscite l’émotion du lecteur comme sa fascination.

On pourrait évoquer, en ouverture, l’évolution de l’histoire littéraire. Au XIX e siècle, de plus en plus de romanciers représentent des personnages de marginaux, qui conservent seuls un caractère romanesque, voire une authenticité morale et une fidélité à soi qui renversent le lien classique entre bassesse sociale et bassesse morale. Ainsi Balzac juge-t-il dans la Préface de Splendeurs et misères des courtisanes , que « l’aplatissement, l’effacement de nos mœurs » l’oblige à s’intéresser aux figures marginales, puisqu’il n’y a plus «  de mœurs tranchées et de comique possible que chez les voleurs, chez les filles, et chez les forçats, il n’y a plus d’énergie que dans les êtres séparés de la société ».

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Manon Lescaut de L’Abbé Prévost, la rencontre : commentaire

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manon lescaut la rencontre amoureuse

La première analyse est linéaire : elle correspond à ce que tu dois faire à l’oral de français.

La seconde analyse est un commentaire composé : il te montre ce que tu dois faire à l’écrit du bac de français.

L’extrait commenté va de «  J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens.  » jusqu’à «  et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. « 

1 – Analyse linéaire pour l’oral

L’ abbé Prévost a rédigé l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut en 1731 . Jugé scandaleux, le roman est condamné en 1733 et 1735.

Manon Lescaut met en scène la passion naissante du chevalier des Grieux pour Manon Lescaut . (Voir la fiche de lecture pour le bac de Manon Lescaut )

C’est pour l’abbé Prévost l’occasion de réaliser un traité de morale sur les dangers de la passion.

Néanmoins l’ abbé Prévost est une personnalité complexe, dont la vie oscille entre vocation religieuse et les plaisirs mondains . Cette scène de rencontre entre De Grieux et Manon Lescaut est marquée par cette ambiguïté .

Situé dans la première partie du roman, le texte proposé constitue un topos de la rencontre amoureuse .

Extrait étudié

J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. Hélas ! que ne le marquai-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes qui se retirèrent aussitôt ; mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour, pendant qu’un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s’empressait de faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante, que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention ; moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport. J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais, loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens, et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L’amour me rendait déjà si éclairé depuis un moment qu’il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments ; car elle était bien plus expérimentée que moi : c’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré, et qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens.

Problématique

En quoi cette rencontre amoureuse pose-t-elle les jalons d’une passion funeste ?

Plan linéaire

Dans un premier mouvement, de «  J’avais marqué le temps  » à «  aussitôt « , le chevalier Des Grieux fait le récit rétrospectif de sa rencontre avec Manon Lescaut.

Dans un deuxième mouvement, de «  mais il en resta une  » à «  maîtresse de mon coeur « , il peint la naissance du sentiment amoureux .

Dans un troisième mouvement, de «  Quoiqu’elle fût encore mois âgée  » à «  tous ses malheurs et les miens « , nous étudierons que cette rencontre déterminante scelle indéniablement le destin des personnages .

I – Le récit d’un souvenir

De « j’avais marqué le temps » à « aussitôt ».

L’extrait en focalisation interne s’ouvre par un récit rétrospectif . Il permet ainsi d’ entremêler le souvenir lui-même et son récit distancié .

C’est ce que le lecteur constate dès les deux premières phrases grâce à l’usage du plus-que-parfait («  j’avais marqué le temps  ») et à sa reprise grandiloquente («  que ne le marquais-je  »).

Le chevalier Des Grieux ne cache aucune émotion quant au souvenir qu’il va relater. En effet, l’utilisation de l’ interjection « hélas » , de la tournure exclamative introduite par « que » et du conditionnel passé (« j’aurais porté ») souligne d’emblée le regret .

L’expression « toute mon innocence » peut se comprendre de deux manières : par le jeune âge et par l’ absence de péch é, alliance qui sous-tend tout le texte.

L’expression du regret se lit également dans la phase « je devais quitter cette ville ». Le destin du personnage semble scellé dès le début.

Cette première partie définit un cadre spatio-temporel précis , par l’usage des noms des villes (Amiens, Arras) et par le champ lexical du temps ( « la veille », « le temps », « un jour plus tôt » ).

La scène décrite est banale : un cadre urbain (« hôtellerie », « coche », « voitures » ), une promenade avec un ami, une scène de rue dont les deux amis sont témoins à partir du passage au passé simple : «  nous vîmes … et nous le suivîmes  ».

La négation restrictive «  Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité  » propose une justification de la scène que le lecteur ignore encore.

Ce premier mouvement s’achève sur une observation anodine , comme le soulignent la tournure impersonnelle  («  il en sortit  ») et le déterminant indéfini («  quelques femmes  »).

Les deux amis sont spectateurs d’une scène de rue et le regard du narrateur âgé pique la curiosité du lecteur.

II – La naissance du sentiment amoureux

De « mais il en resta une » à « maîtresse de mon cœur ».

La conjonction de coordination adversative « mais » fait émerger une femme , vue par Des Grieux qui devient spectateur ébloui .

Dès lors, cette seule femme devient l’objet de toutes les attentions du chevalier.

Elle se détache et n’agit pas de la même façon que les autres : c’est ce que montre l’ antithèse «  se retirèrent  » / «  s’arrêta  » : les autres femmes « se retirèrent aussitôt » -telle était la fin du premier mouvement ; mais elle, « s’arrêta seule dans la cour ».

De plus, l’intérêt du chevalier se traduit par l’emploi de l’ adverbe intensif («  fort jeune  ») et par son acuité visuelle  : chaque détail fait l’objet d’une description afin de cerner au mieux l’identité de la femme.

Ainsi l’homme plus âgé qui l’accompagne «  paraissait lui servir de conducteur  » : le verbe d’état suggère que le chevalier n’est plus spectateur passif dans une rue mais spectateur obnubilé par une seule femme, qui fait des suggestions.

Il ne sera fait aucune mention de la description physique de cette femme ni de son nom. Seule prédomine l’ expression lyrique de l’émotion du chevalier, à travers l’emploi de l ’intensif «  si charmante  ».

La construction même de la phrase épouse l’état « enflammé  » du narrateur.

En effet, ce qui ressemble à un coup de foudre se traduit dans le souffle de la phrase  : le complément circonstanciel de conséquence dont l’importance émotionnelle est capitale se trouve relégué en fin de phrase .

Les mots se précipitent , s’enchevêtrent : «  moi qui…  », «  ni… » , au point de nécessiter une incise «  moi, dis-je  ».

L’état amoureux dans lequel se trouve le chevalier est intense : «  je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport  ».

Dans le détail, il souligne que cette rencontre a bousculé la personne qu’il était : auparavant indifférent aux femmes , mesuré comme l’indique la proposition subordonnée relative «  dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue  », il est désormais passionné.

De connotation religieuse , l’ adjectif métaphorique « enflammé » fait signe vers l’enfer et répond à l’« innocence » perdue évoquée au début de l’extrait.

Ce changement brutal de personnalité oppose donc deux périodes de la vie de des Grieux  : l’une marquée par deux défauts qu’il nomme («  timide et facile à déconcerter  ») ; l’autre désormais placée sous le sceau de l’ audace , comme l’illustre la phrase «  je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur  ».

La périphrase «  maîtresse de mon coeur  » souligne que le narrateur est désormais sous la domination d’une femme à laquelle il n’a pas encore parlé.

III – Une rencontre déterminante

De « quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi » … à « les miens ».

La scène de rue anodine au détour d’une promenade amicale devient une rencontre déterminante pour le chevalier dont les sentiments sont déjà à leur paroxysme .

Ainsi, le portrait de cette femme s’esquisse à travers une conversation , retranscrite de façon elliptique («  elle reçut mes politesses  ») et par le discours indirect : «  je lui demandai  », «  elle me répondit  ».

Le portrait qui en résulte est ambivalent : la mention de son jeune âge («  encore moins âgée que moi  »), voire de sa naïveté (l’adverbe «  ingénument  ») tranche avec une assurance marquée («  sans paraître embarrassée  », «  elle était bien plus expérimentée que moi  »).

L’échange permet ainsi d’attiser la curiosité du lecteur pour cette jeune fille ambigu¨ë .

L’ audace du chevalier se traduit par les questions indirectes .

La réponse est indirectement rapportée par la proposition subordonnée conjonctive «  qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse  ».

La tournure passive de la réponse ( qu’elle y était envoyée ») rappelle les codes dans l’éducation d’une femme, et sa soumission à un ordre familial.

L’ effet de surprise que provoque cette réponse sur le chevalier est d’autant plus fort qu’il nomme pour la première fois le sentiment qui l’envahissait : « l’amour me rendait déjà si éclairé ».

Le projet du noviciat de cette jeune fille est reçu avec intensité comme le souligne l’ expression hyperbolique « un coup mortel pour [s]es désirs ».

Contre la naissance des sentiments s’érige donc un obstacle : celui d’une morale religieuse mortifère , incompatible avec le cœur.

L’échange s’achève sous la forme d’un discours indirect libre  – «  c’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent  ».

La vie religieuse est présentée comme le dernier rempart contre le « penchant au plaisir » de Manon.

Le péché de chair évoqué à demi-mot est développé par deux propositions subordonnées successives. La première, «  qui s’était déjà déclaré  » laisse sous-entendre un passé sulfureux  ; la seconde «  et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens  » clôt de façon proleptique et tragique cet extrait tout en plaçant le lecteur dans un effet d’attente .

Par cette rencontre, le destin des personnages est scellé .

La rencontre amoureuse racontée par le double regard d’un narrateur jeune et passionné et d’un narrateur plus âgé et critique place le lecteur au cœur d’une histoire complexe .

Témoin de la naissance des sentiments intenses de Des Grieux, le lecteur assiste, impuissant, aux débuts de cette passion , à l’étymologie double : à la fois source d’ amour et de souffrance , entre sentiments et interdits, la tragédie se noue déjà.

2 – Commentaire composé pour l’écrit

NB : Dans un commentaire composé, les analyses ne sont plus présentées linéairement, dans l’ordre du texte, mais elles sont organisées dans un plan qui fait ressortir l’intérêt littéraire du texte étudié.

Annonce du plan de commentaire composé

Cette scène de rencontre amoureuse traditionnelle (I) est annonciatrice d’une tragédie pour les deux personnages (II). A travers cette histoire, l’abbé Prévost écrit un traité de morale où la condamnation de la passion laisse place à la compassion (III).

I – Une scène de rencontre amoureuse traditionnelle

A – une rencontre romanesque.

La soudaineté de la rencontre amoureuse entre le chevalier Des Grieux et Manon Lescaut est mise en valeur par la structure du récit :

♦ La situation initiale est la promenade avec Tiberge. ♦ L’ élément modificateur est l’arrivée du coche d’Arras, comme l’indique le passage au passé simple « vîmes » et « suivîmes ». ♦ La phrase suivante (« Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt ») met en œuvre une stratégie déceptive : alors que le lecteur s’attend à un évènement clé, le récit semble ne pas réussir à démarrer. ♦ La rupture vient enfin avec la conjonction de coordination marquant l’opposition « Mais » : «  Mais il en resta une «  ♦ Le personnage de Manon Lescaut se détache alors de l’ensemble de la scène. Elle est marquée par la singularité : « Mais il en resta une , fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour, pendant qu’ un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s’empressait […] ».

La structure du récit permet donc de mettre en relief le personnage de Manon.

En outre, cette scène de rencontre est narrée en focalisation interne : nous découvrons Manon Lescaut du point de vue du chevalier Des Grieux .

La répétition du verbe paraître « paraissait », « elle me parut », « sans paraître » et l’adverbe « sans doute » montrent que Des Grieux perd ses certitudes . Il narre en effet une scène de coup de foudre.

B – Le coup de foudre

Des Grieux est submergé par la passion amoureuse comme le montre le champ lexical de l’amour : « enflammé », « transport », « maîtresse de mon cœur », « l’amour », « mon cœur », « désirs », « plaisir ».

Ce champ lexical est renforcé par le registre lyrique.

Ainsi, la proposition « je m ’avançai /vers la m aîtres/se de m on cœur » est un alexandrin au rythme ternaire cadencé par une allitération en [m] , sonorité douce qui met en évidence l’amour qui s’installe dans l’âme du personnage.

L’amour de Des Grieux est un amour passionnel . Des Grieux n’est plus maître de lui-même comme le montrent les tournures de sens passif : « je me trouvai enflammé », « L’amour me rendait déjà si éclairé ». Le jeune homme n’est plus acteur de son destin : il subit cette flamme soudaine.

II – Une rencontre tragique

La rencontre de ces deux personnages est une mise en scène théâtrale (A) de nature tragique (B)

A – Une mise en scène théâtrale

L’abbé Prévost insiste sur la théâtralité de cette scène de rencontre.

Le départ des femmes et la présence d’un seule personnage « il en resta une » ressemble à une transition scénique dans la tragédie grecque où le chœur qui se retire laisse place à l’héroïne seule sur scène.

Le narrateur ponctue son texte d’ adverbes de manière ou de locutions adverbiales qui, comme des didascalies théâtrales , précisent les circonstances de l’action : « sans paraître embarrassée », « Elle me répondit ingénument », « d’une manière qui lui fît comprendre mes sentiments ».

De plus, on retrouve dans ce passage les personnages types du théâtre : la jeune ingénue et le jeune premier .

L’abbé Prévost utilise le champ lexical de la jeunesse : « fort jeune », « timide », « facile à déconcerter », « encore moins âgée que moi », « ingénument », « plus expérimentée que moi ».

Ces deux types de théâtre sont mis en valeur par le type opposé « un homme d’un âge avancé » qui rappelle le vieux barbon ou le valet des comédies.

Des Grieux est marqué du sceau de la virginité conformément à ce type théâtral. En effet, le champ lexical de la vertu le caractérise : « tout innocence », « sagesse », « retenue », « politesses ».

Il est de plus marqué par la négation et le dénuement qui suggèrent une pureté d’âme propre au jeune premier : « moi qui n ’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention ».

Cette théâtralité est de nature tragique .

B – Une passion fatale

La passion que ressent le chevalier Des Grieux est fatale .

Le jeu sur les temps montre l ’inéluctabilité de cette passion. En effet, les verbes au plus-que-parfait ponctuent tout le texte : «« J’avais marqué le temps de mon départ », «  moi qui n’ avais jamais pensé  » , « plaisir, qui s’ était déjà déclaré » . Or le plus-que-parfait a une valeur d’accompli : il suggère donc que les actions sont scellées d’avance .

En outre, les sentiments sont sujets de nombreuses phrases :

« L’ amour me rendait déjà si éclairé » « […] son penchant au plaisir qui s’était déjà déclaré »

Ce n’est donc plus Des Grieux qui agit : ses sentiments ont pris le dessus et guident toutes ses actions. La passion amoureuse apparaît dès lors comme une force tragique contre laquelle le personnage ne peut lutter .

L’abbé Prévost utilise aussi des expressions traditionnelles dans la tragédie : « Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt » .

III – Manon Lescaut , un traité de morale ambigu

Au 18ème siècle , le roman était encore vu comme un genre dangereux qui encourageait des mœurs peu chrétiennes. Or à travers cette scène de rencontre, l’abbé Prévost change l’image du roman en l’utilisant pour promouvoir la morale chrétienne .

A – La rencontre dans Manon Lescaut : une réécriture du péché originel

Avec cette scène de rencontre, l’abbé Prévost fait une réécriture symbolique et modernisée du péché originel (Adam et Eve).

Tout d’abord, l’insistance du narrateur sur l’ indifférenciation des sexes (« moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes ») montre une âme angélique , pré-adamique.

Mais derrière la pureté du jeune homme, se cache la corruption d’une âme pécheresse : « Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité ». Or la curiosité est dans la Genèse le motif du péché originel .

La jeunesse des deux personnages rappelle l’état de virginité d’Adam et Eve.

Quant à Manon, son « penchant au plaisir qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens » fait songer à la scène de la Chute : Eve goûte le fruit défendu et entraîne Adam dans sa chute.

Le texte est d’ailleurs marqué par la culpabilité du narrateur : « que ne le marquais-je un jour plus tôt » .

L’ irréel du passé dans « j’ aurais porté chez mon père tout mon innocence » fait référence à une culpabilité chrétienne où le fils indigne s’est égaré dans le péché. L’abbé Prévost joue ici sur le double sens du mot « père » : ♦ Le père biologique d’une part; ♦ Le père théologique d’autre part (Dieu).

Cette culpabilité donne lieu à l’introspection d’une âme tourmentée. Grâce à la focalisation interne, le lecteur suit l’examen de conscience de Des Grieux :

« J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter » « Je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs ».

Or le chevalier des Grieux révèle une âme qui devient calculatrice et stratège au service de sa propre passion.

Le possessif « mes désirs » souligne un attachement à la part charnelle de l’humanité.

Des Grieux adopte un langage indirect et calculateur : « Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments ».

Ainsi, l’introspection de Des Grieux montre au lecteur une âme calculatrice, corrompue par le péché .

En cela, Manon Lescaut est bien, comme le disait l’Abbé Prévost, un traité de morale : en montrant les ravages de la passion , l’auteur encourage à y résister pour se préserver du péché .

Et pourtant, l’Abbé Prévost ne se contente pas d’une condamnation morale. Le narrateur pose même un regard distancié et bienveillant sur les personnages.

B – Un regard bienveillant sur les égarements du coeur

Dans cette scène de rencontre, le narrateur Des Grieux plus âgé se dédouble et observe avec un œil averti les égarements de sa jeunesse : « L’amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu’il était dans mon cœur […]».

Les verbes à l’imparfait soulignent que cette passion est révolue.

Cette distance permet au chevalier Des Grieux plus âgé de défendre le jeune Des Grieux.

L’incise « moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue » fonctionne comme des circonstances atténuantes à sa passion et le champ lexical de la vertu (« sagesse », « retenue », « timide ») insiste sur son ingénuité.

Par ailleurs, l’abbé Prévost joue sur les possibles romanesques . En effet, cette rencontre aurait presque pu ne pas avoir lieu car elle se déroule « la veille même de celui où [il] devait quitter cette ville ».  Cette remarque donne un éclairage nouveau à cette épisode : le coup de foudre de Des Grieux est plus le fruit du hasard que le déploiement d’une âme enfermée dans le péché.

En outre, par l’expression «  malgré elle « , l’abbé Prévost présente le couvent comme une prison qui bride l’expression des sentiments : «  C’est malgré elle qu’on l’envoyait au couvent « . Sans promouvoir la passion, l’abbé Prévost montre un sentimentalisme nouveau à cette époque ce qui vaudra à son roman des condamnations sans appel.

Manon Lescaut, La rencontre amoureuse, conclusion

On retrouve dans cette scène de rencontre de Manon Lescaut les topoï du coup de foudre . Mais cette rencontre est marquée d’emblée par le sceau de la fatalité et se lit d’ailleurs comme une réécriture du péché originel .

Même s’il décrit son âme en proie au péché, le narrateur âgé pose un regard bienveillant sur les errements de sa jeunesse. Ce texte ouvre ainsi, en cette première moitié du 18ème siècle un sentimentalisme où la compassion l’emporte sur la condamnation de la passion.

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Qui suis-je ?

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

34 commentaires

Bonjour Mélio, Vos enseignants choisissent librement les extraits à présenter à l’oral. Il n’y a pas de liste officielle de textes à présenter et il est donc normal que les extraits que j’ai choisis de commenter ne correspondent pas forcément aux extraits exacts que vos enseignants ont sélectionnés.

Bonjour quel serait les plans si la problématique était : Comment le héros raconte t il qu’il est tomber amoureux ?

Je n’arrive pas à trouver à quel mouvement littéraire appartient Manon Lescaut? Classique ou siècle des Lumières? Merci d’avance.

c’est le mouvement des lumieres

Bonjour Amélie, c’est pour savoir si vous avez une ouverture à me proposer s’il vous plaît, car je n’en trouve pas, c’est pour mon bac blanc que je passe dans même pas 2 semaine. Merci d’avance

Bonjour Amélie, Je voulais savoir la différence entre une lecture analytique et une lecture linéaire ? par exemple, cette analyse n’est pas prise pour une lecture linéaire, si ? Je dois étudier cet extrait, et c’est un hasard que je suis tombée sur cette analyse 🙂

Une lecture analytique ne suit pas forcément le mouvement du texte comme le fait une lecture linéaire. Mais tu peux quand même t’aider de mes analyses pour compléter et améliorer ton travail.

pourquoi on ne peut past copier et coller sur ce site?

parce qu’on veut éviter du plagiat, mic drop

Bonjour, vous m’avez beaucoup éclairé sur ce texte, merci beaucoup !

Bonjour Amelie, Je me demandais juste si tu avais une problematique en tete lorsque tu as ecrit ce plan? Merci d’avance et bravo pour tout ce travail qui aide beaucoup de lycéens 🙂

Bonjour Raphaël, Je fais des commentaires permettant de répondre à toutes les questions que je mentionne (et d’autres qu’on pourrait vous poser). Le jour J, il vous faut quand même toujours faire un effort pour adapter ce plan à la question posée .

Bonjour Amélie, j’ai une dissertation à faire sur Manon Lescaut « manon est elle vraiment amoureuse de Des Grieux ? » Je dois répondre par oui mais je n’ai aucun argument.

bonjour est-ce que tu pourrais aussi faire un pour la scene de reconciliation, apres la 1ere tromperie de manon, quand elle se rend a l’exercice de theologie de DG. Merci.

Bonjour, tout d’abord merci beaucoup pour votre site qui, vous devez sûrement le savoir au vu du succès qu’il rencontre, est très utile pour réviser le bac de français. Alors pour cela, merci ! Je voulais également souligner à quel point le fait que vous mettiez les problématiques possibles sur chaque textes est rassurant, on sait à peu près à quoi on peut s’attendre le jour de l’oral. Cependant, je me demandais si les plans proposés correspondaient à toutes les problématiques possibles ? J’entends par là, sont-ils assez « larges » pour permettre de les utiliser peu importe la problématique ? Bien entendu, la conclusion sera différente puisque la réponse à la problématique le sera, mais au niveau du plan je me posais la question. Merci d’avance pour votre réponse et merci encore pour votre investissement.

Bonjour Amélie,

Merci pour tes cours et tes conseils en ligne, ils sont précieux

Je ne sais pas sur quelle ouverture terminer Manon Lesacault, avez vous des oeuvres à me J’ de proposer ?

Bonjour Amélie, Mon commentaire ouvre sur l’histoire littéraire de la première moitié du XVIIIème siècle. N’essayez pas de faire systématiquement des ouvertures sur des autres textes : c’est très artificiel. N’hésite pas à aller voir comment faire une conclusion de lecture analytique . Bonne journée !

Bonjour, merci pour ce commentaire je voudrai savoir qu’elle ouverture je pourrai envisager pour ce texte merci!

bonjour, quel est le mouvement littéraire de manon lescaut, je suis très confus, est-ce que c’est les lumières ou le classicisme ?

Bonjour madame, pourrai-je avoir des informations sur la lecture analytique de Manon Lescaut : une creature d’un caractere extraordinaire ( p 78-79 du livre). merci d’avance.

Je n’ai pas commenté cet extrait. Tous mes commentaires sont publiés au fur et à mesure que je les écris.

En effet, je suis entrain de préparer mon bac toute seule vu que je suis tunisienne et je passe le bac en candidat libre je voulais savoir à quel séquence appartient cet extrait au mouvement littéraire ou bien au roman je suis perdue et j’ai besoin d’aide et une dernière question est ce que je peux mettre l’Etranger de Camus et Manon Lescaut dans le descriptif ? sinon merci pour tout le travail que vous faites, vous m’avez aidé comme pas possible merci beaucoup et bonne continuation j’adore votre travail sincèrement vous me sauvez la vie

Je suis en 1ère ES et je passe bientôt mon oral blanc de français. Tout au long de l’année je me suis aidée de vos lectures analytiques qui sont très bien construites et claires à comprendre. Ma prof de français est absente depuis 5 semaines et demi et ne revient pas avant les vacances de printemps, c’est donc la catastrophe. Je voulais vous remercier de prendre le temps de tout mettre sur internet ! C’est vraiment génial !!

Bonjour Amélie

Vous êtes absolument virtuose dans vos commentaire. Je vous suis depuis l’Espagne depuis quelques années. Mais avant vous me facilitiez plus les choses en voyant directement les extraits de texte complets et en pouvant les décargés et même les photocopiés. Merci beaucoup pour votre travail magnifique et j’ai eu l’occasion de voir que vous êtes apparue dans un programme de télévison. Mes sincères félicitations. Je me propose comme votre guide de voyage en Andalousie (c’est mon travail, à part l’étude de la langue française) dans le cas d’une visite à mon pays. A bientôt.

Bonjour Carmen, Merci pour ton message très gentil ! C’est agréable de voir que mon site internet n’intéresse pas que les lycéens français. S’agissant de l’option pour télécharger et imprimer les commentaires, j’ai pour intention de la proposer de nouveau dans quelques mois. J’ai besoin pour cela de faire quelques modifications techniques sur mon site. Bonne journée !

D’accord merci,  » les topoï  » dans la conclusion, ça signifie quoi?

Bonsoir, quelqu’un pourrait me dire où se situe l’extrait dans le texte?

C’est toujours écrit au début de mon commentaire. L’extrait commenté va de « J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. » jusqu’à « et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. »

Bonsoir ! Tout d’abord, merci pour vos cours, conseils et fiches, car ils m’aident beaucoup. Je suis un élève de première S, du moins pour l’instant : j’ai demandé à passer en L. Je me posais seulement une question à propos de cette lecture analytique. Bien que l’annonce de la fin tragique de la relation de Des Grieux et Manon soit très claire dans le texte, peut-on, à l’oral, évoquer -si la problématique le permet- la fin de histoire ? Je crois que mon professeur déconseille de parler du rapport de l’extrait étudié à l’œuvre dont il est tiré… Merci d’avance ! Gabriel

d’abord je voulais vous remercier a ce site qui ma beaucoup aider pendant tout l’annee je voulais cependant vous demander si vous avez fais un commentaire pour l’incipit de manon lescaut . Merci beaucoup

Haha j’en cherche un aussi

Bonjour. Je voulais tout d’abord vous signifier toute mon admiration concernant le travail que vous menez en vue d’aider les élèves en Français. Ce site m’a donné le goût d’apprécier et de mieux cerner la beauté et les objectifs de la langue française. Je voulais cependant vous demander si, étant élève de 1e et passant cette année les épreuves de français, si nous pouvions, lors de l’oral notamment, utiliser vos ouvertures ainsi que vos expressions (transitions, parties…). Je vous remercie d’avance de la réponse que vous m’apporterez.

Merci beaucoup !! J’étais juste entrain d’apprendre cette lecture analytique par cœur quel hasard ! 😀

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Site internet

conclusion dissertation manon lescaut

Dissertation guidée 2

Marginalité et romanesque, étape 1 comprendre le sujet.

  • Indispensable
  • Non-conformes
  • Intérêt du récit
  • Normes sociales

Étape 2 Rassembler des arguments et des exemples

  • Un argument est une idée qui vient soutenir la thèse du sujet. Au contraire, un contre-argument s'y oppose. Exemple : Seuls les personnages en marge vivent des aventures palpitantes.
  • Un exemple est un épisode ou un passage précis de l'histoire, qui sert à illustrer vos arguments. Exemple : Des Grieux qui s'attaque à un convoi de prisonnières.

Étape 3 Compléter ses idées

  • Texte écho 1 :
  • Texte écho 2 :

Texte écho 1

Texte écho 2, guide de lecture, étape 4 étoffer avec des citations, étape 5 élaborer un plan, étape 6 rédiger l'introduction et la conclusion.

  • l' introduction de votre dissertation, en réutilisant la reformulation du sujet faite en étape 1  ;
  • la conclusion , en proposant une ouverture sur le roman picaresque ( p. 21 et l'extrait de Gil Blas p. 300-301 ).

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre page Nous vous offrons 5 essais

La Classe du Littéraire

Explications de textes, biographies d'auteurs, méthodologie, grammaire … Tout pour le Bac de Français et les études littéraires.

Manon Lescaut, La Rencontre : Analyse Linéaire (Bac 2024)

Visez le 20/20 à l’oral du bac de français en révisant avec cette analyse linéaire de la scène de la rencontre dans le roman  Manon Lescaut  de l’Abbé Prévost ! 

Cette rencontre est le point de départ d’une passion dévorante qui mènera à la marginalisation des deux amants et à la mort de Manon .

L’analyse présentée ici propose un cadre que vous pouvez suivre et reproduire lors de l’épreuve anticipée de français. Vous pouvez bien entendu modifier la problématique, ou certaines analyses à votre convenance.

Avant de commencer à lire cette analyse, n’hésitez pas à vous reporter à mon article “ comment analyser un texte en français ” et à ma “ méthode de l’explication linéaire ” pour mieux comprendre ma démarche.

Introduction de l’analyse linéaire de la rencontre dans Manon Lescaut

Présentation de l’auteur.

Manon Lescaut, La Mort de Manon : Analyse Linéaire (Bac 2023)

Il ne faut pas se laisser abuser par le titre d’abbé par lequel on désigne couramment Antoine François Prévost d’Exiles. Sa vie est bien loin de l’image du sage religieux, retranché dans son abbaye. 

Né en 1697 dans une famille noble, il est d’abord tenté par la religion et suit une éducation jésuite, mais la fougue de la jeunesse le rattrape et il s’essaie à une carrière militaire. Essai infructueux puisqu’il revient rapidement à l’état de religieux.

Cependant, l’envie de vivre sans contrainte le rattrape encore et il quitte l’habit, pour le retrouver bien vite à la suite d’une rupture difficile. 

Finalement, il renonce définitivement à la vie religieuse et s’enfuit, en Hollande, puis en Angleterre. Il vivra une vie de voyages, de littérature et de salons. Sa popularité lui permettra de revenir en France en 1734 où il reprendra régulièrement l’habit, tout en quittant monastères et abbayes à sa discrétion. 

Il meurt en 1763, écrasé par les dettes.

Il est notamment l’auteur des  Aventures et Mémoires d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde , ensemble de romans dont Manon Lescaut est le 7ème et dernier volume.

Présentation de l’oeuvre

Le Roman Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut , publié en 1731 et habituellement désigné simplement sous le titre de  Manon Lescaut , raconte l’histoire d’amour et les aventures de Manon Lescaut et de Des Grieux, entraînés dans une marginalisation et une déchéance progressives .

Présentation du passage

Au début du roman, Des Grieux raconte sa rencontre avec Manon , point de départ de tous ses malheurs. Dans ce passage, on trouve donc le topos littéraire de la rencontre amoureuse , teinté d’un caractère funeste et tragique.

Problématique 

Nous nous demanderons  comment cette scène de rencontre annonce le dénouement tragique de l’histoire .

Pour mener cette  analyse linéaire de la rencontre de Manon Lescaut et de Des Grieux , nous suivrons les mouvements du texte.

  • D’abord  un récit plein de remords  du début du passage à “curiosité” ;
  • Ensuite  la naissance d’un sentiment dévorant  de “Il en sortit quelques femmes” à “maîtresse de mon cœur” ;
  • Enfin l’annonce d’un dénouement tragique “Quoi qu’elle fut encore moins âgée” à la fin du passage.

Texte de la rencontre dans Manon Lescaut pour l’analyse linéaire

conclusion dissertation manon lescaut

J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! j’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour, pendant qu’un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s’empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport. J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L’amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu’il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens.

La rencontre de Manon Lescaut et Des Grieux : Analyse Linéaire

Un récit plein de remords – analyse linéaire de la rencontre de manon lescaut.

La rencontre, rapportée par un narrateur personnage , Des Grieux lui-même, est un souvenir chargé d’émotions pour le jeune homme.

Si le plus-que-parfait de la première phrase (“j’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens”) semble proposer un retour précis et neutre sur les événements, les sentiments du narrateur refont surface dès les premiers mots.

C’est donc un récit chargé de commentaires que nous propose l’Abbé Prévost. On ressent tout de suite la dichotomie entre l’allégresse d’une première rencontre, et le regret ressenti après coup par le personnage.

L’interjection “Hélas !” marque un fort regret et permet donc au lecteur de comprendre que le récit de cette rencontre est chargé de remords.

Le poids des remords est d’ailleurs immédiatement confirmé par la modalité exclamative utilisée dans la phrase : “que ne le marquais-je un jour plus tôt !”

Des Grieux imagine que s’il était parti une journée plus tôt, il aurait “porté chez (son) père toute (son) innocence”. Le temps employé ici est le conditionnel passé qui marque l’irréel du passé .

Le jeune homme aurait pu conserver le soutien indéfectible de son père et poursuivre ses études. Pourtant, le destin a voulu qu’il rencontre Manon et l’accompagne dans une lente mais sûre déchéance.

Des Grieux renforce la coïncidence ayant mené à la rencontre avec l’adverbe “même” : “la veille même de celui que je devais quitter cette ville.” L’auteur trace en filigrane une intrigue tragique où le destin des personnages est scellé dès le début du texte.

Cependant, le narrateur cherche à faire sentir au lecteur le caractère inévitable de cette rencontre. Il n’a rien fait pour mériter le sort que lui réserve Manon. En témoignent le cadre spatio-temporel parfaitement anodin du passage et la situation de tous les jours : “Amiens” ; “Arras” ; “étant à me promener avec mon ami” ; “nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité”.

Des Grieux suggère en fait que n’importe qui aurait pu tomber sur Manon Lescaut, comme pour se dédouaner de la passion dans laquelle il s’apprête à se jeter.

La négation restrictive “nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité” peut également se lire comme une tentative de justification de la part du narrateur. Au moment de la rencontre fatale, il n’était qu’un enfant, portant encore toute son “innocence”.

Pourtant, la mécanique tragique se met en place dès que les deux amis commencent à suivre le coche d’Arras : “nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie”.

Les deux passés simples , temps utilisé pour présenter les actions de premier plan, lancent, à proprement parler, l’intrigue. Des Grieux est comme ferré par l’appât du coche et le suit sans vraiment savoir pourquoi.

La naissance d’un sentiment dévorant – Analyse Linéaire de la rencontre de Manon Lescaut

L’effet que fait Manon à Des Grieux est accentué par le désintéressement total que le jeune homme marque pour les autres femmes : “il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt”.

On note dans cette phrase, la tournure impersonnelle qui ne permet pas de conférer d’identité réelle aux femmes, comme si Des Grieux ne les regardait pas. Le déterminant indéfini “quelques” montre d’ailleurs qu’il ne les a pas suffisamment regardées pour les décrire, ni même les compter.

Cependant, s’opposant au nombre indéfini des “quelques femmes”, demeure “une”, qui sort du lot.

L’emploi de la conjonction de coordination “mais” souligne l’intérêt exacerbé de Des Grieux pour cette femme, alors qu’il avait à peine regardé toutes les autres.

L’opposition entre Manon et le groupe de femmes est également marquée par une antithèse : “qui aussitôt se retirèrent . Mais il en resta une.”

La longueur de la phrase d’introduction du personnage de Manon, par trois fois relancée par deux propositions subordonnées relatives et une conjonctive circonstancielle de temps , mime pour le lecteur le regard d’aigle de Des Grieux qui s’intéresse soudain au moindre détail de la situation.

“Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour , pendant qu’un homme d’un âge avancé , qui paraissait lui servir de conducteur , s’empressait pour faire tirer son équipage des paniers “ Première description de Manon

L’intérêt que Des Grieux porte à Manon est également souligné par l’adverbe d’intensité “ fort jeune”. On comprend que le jeune homme est subjugué par la beauté de Manon.

Le fait que Des Grieux n’affirme pas que “l’homme d’un âge avancé” est le conducteur de Manon, mais qu’il le suppose avec le verbe “paraître” témoigne au lecteur que l’intérêt du personnage est suffisamment piqué pour qu’il cherche à faire de suppositions.

Pourtant, le narrateur ne décrit pas Manon, ou plutôt il ne la décrit qu’à travers le souvenir de ses émotions : “Elle me parût si charmante”.

On peut penser qu’il ne trouve pas les mots pour décrire si grande beauté. Ce qui compte finalement, c’est l’effet qu’elle a produit sur lui. En ne révélant pas le moindre détail du physique de Manon au lecteur, l’Abbé Prévost fait le choix d’ajouter une touche mystère au personnage.

Ce mystère qui l’entoure participe de l’atmosphère tragique qui se déploie dans cette scène de rencontre : Des Grieux est comme ensorcelé, il ne peut pas lutter contre son destin.

Ici, la construction de la phrase est intéressante :

“Elle me parut si charmante que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport.”

On note par exemple que le complément de conséquence “je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport” est séparé de sa cause par deux propositions subordonnées ainsi qu’une incise : “moi, dis-je”.

Cette séparation fait attendre la conséquence, donc met en valeur la force des sentiments du personnage. Mais surtout, elle insiste encore sur la tentative de justification.

L’incise confère un caractère oral à la phrase. Le narrateur sort presque de son récit pour prier le lecteur de bien vouloir croire qu’il n’est pas le genre d’homme à tomber amoureux au premier regard, à se laisser dominer par ses sentiments.

Des Grieux met son innocence en avant avec les hyperboles “qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention”. Il cherche vraiment à se présenter comme un jeune homme naïf.

D’ailleurs l’utilisation du système corrélatif “ne + jamais” pour la négation donne un caractère solennel à ses paroles.

Enfin, l’enchaînement de la seconde proposition subordonnée relative “dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue” avec le complément de conséquence “je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport” crée un effet d’antithèse : subitement, Des Grieux devient le contraire de ce qu’il a toujours été.

Ce changement ne sera pas sans conséquences, car il condamne le personnage. Le choix de la métaphore du feu pour représenter les sentiments de Des Grieux : “je me trouvai enflammé” n’est pas sans évoquer les flammes de l’enfer .

L’auteur suggère bien ici que la relation amoureuse va conduire les deux amants à renier toute foi et toute bonne conduite.

La dernière phrase consacre la transformation de Des Grieux par sa rencontre avec Manon : “J’avais le défaut d’être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur.”

La première proposition, à l’imparfait , se rapporte à l’ancien Des Grieux ; “timide et facile à déconcerter”. La dernière proposition, avec un verbe au passé simple montre le personnage agissant : “je m’avançai vers la maîtresse de mon coeur”.

Cette nouvelle audace vient donc s’opposer à l’ancienne timidité, que Des Grieux considère déjà comme une “faiblesse”.

La périphrase “la maîtresse de mon coeur”, qui désigne évidemment Manon, possède un caractère précoce. Il ne connaît même pas cette femme qu’il a vu pour la première fois quelques instants auparavant, mais il sait déjà qu’il se trouve sous sa domination.

Ainsi, cette périphrase peut être lue comme un commentaire du narrateur a posteriori , puisque Des Grieux raconte l’histoire après la mort de Manon.

En effet, pendant l’ensemble du roman, Des Grieux va se dévouer corps et âme à Manon Lescaut.

Pour le lecteur, une étape est franchie. L’inconnue du coche est maintenant la “maîtresse” de Des Grieux, et lui est pleinement impliqué dans la relation, il n’est plus l’enfant timide du début du passage.

L’annonce d’un dénouement tragique – Analyse Linéaire de la rencontre de Manon Lescaut

Alors que Des Grieux prend enfin le courage de parler à Manon, l’Abbé Prévost crée un effet déceptif en se montrant de nouveau avare en détails sur la description de Manon qui est “encore moins âgée” que Des Grieux ou la teneur de leur conversation : “elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée”.

Le lecteur aurait pu attendre ici l’utilisation du discours direct , mais le narrateur conserve jalousement le secret de leurs premiers mots en les rapportant au mode indirect .

Ce sur quoi Des Grieux insiste, c’est l’opposition entre le jeune âge de Manon, et son assurance : elle lui parle “sans paraître embarrassée” et il la décrit comme “plus expérimentée” que lui.

Le lecteur perçoit dès lors Des Grieux comme à la merci de la jeune femme.

La suite de la conversation est marquée par une grande sobriété. On voit ici que Des Grieux conserve des restes de sa timidité naturelle.

“Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse.”

L’utilisation du discours indirect , de l’adverbe “ingénument” et de la tournure passive dans la réponse de Manon semble faite pour adoucir le personnage.

On peut penser que Des Grieux cherche, une fois encore, à blanchir Manon. On sait d’ailleurs qu’il se montrera toujours prêt à la pardonner dans la suite de l’histoire.

Le mot qui suit “religion” est “amour”. Il se forme ici une sorte d’antithèse entre la vie retirée que Manon aurait dû mener, et la passion marginalisante qu’elle est sur le point d’entamer avec Des Grieux.

Lui nomme pour la première fois le sentiment qu’il ressent depuis qu’il a vu la jeune femme sortir de sa voiture.

Ce sentiment s’oppose bel et bien à la religion puisque Des Grieux perçoit le projet de Manon de se faire religieuse comme “un coup mortel”. On notera ici l’hyperbole qui insiste sur la force de la passion du jeune homme.

De plus, la référence à la mort revêt ici un caractère prophétique pour la fin du roman.

La conversation se poursuit par la révélation par Des Grieux de ses sentiments : “Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments”. Il est intéressant de remarquer qu’ici, Des Grieux pense être à l’initiative de la relation, comme si Manon n’avait pas déjà remarqué son intérêt.

La dernière phrase est capitale. Des Grieux rapporte au discours indirect libre , le fait que Manon est envoyée au couvent contre sa volonté : “C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent”.

La religion est donc présentée comme une punition, mais également comme une dernière tentative pour sauver l’âme de la jeune femme, ayant déjà développé un “penchant au plaisir”.

Ici, la luxure qui caractérise le personnage de Manon est évoquée pudiquement à l’aide d’un euphémisme , mais reste parfaitement compréhensible pour le lecteur. Cette révélation pique sa curiosité.

Enfin, le caractère prophétique de la dernière phrase “qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens.” permet encore une fois de susciter l’intérêt du lecteur.

Comme dans une tragédie, le lecteur sait les personnages condamnés, mais ne connaît pas la teneur des événements qui vont les conduire inexorablement vers leur destin.

On peut donc affirmer que, comme dans une tragédie, le lecteur voit se dessiner une fenêtre d’espoir, celle que Manon se rende au couvent et s’y fasse religieuse, qui se referme immédiatement en rapprochant les personnages de leur fin malheureuse.

Conclusion de l’analyse linéaire de la scène de la rencontre dans Manon Lescaut

Rappel du développement.

Nous avons pu constater que le récit de la rencontre entre Manon et Des Grieux est l’occasion pour le jeune homme de revenir sur les sentiments forts qu’il a ressentis dès les premiers instants.

Pour le lecteur, c’est surtout une manière de comprendre que Des Grieux était condamné à tout abandonner pour Manon dès le premier regard.

Enfin, tel un prologue tragique, cette scène annonce une fin malheureuse pour les deux protagonistes.

Réponse à la problématique 

En proposant au lecteur un récit basé sur ses souvenirs, Des Grieux ajoute des remarques a posteriori . Il apporte un nouveau regard sur ses sentiments aveugles d’alors.

On se demandait comment cette scène de rencontre annonce le dénouement tragique de l’histoire .

Pour répondre à cette question, on peut dire que le statut du narrateur participe de beaucoup dans cette annonce prophétique de la fin malheureuse de Manon.

On remarque aussi son penchant au plaisir, avant même qu’il soit explicitement nommé, notamment au regard de l’opposition entre son jeune âge et son expérience.

Il est intéressant de comparer la structure de ce roman avec celle d’une tragédie. Si l’on pense à Roméo et Juliette, on trouve plusieurs similitudes : le lecteur/spectateur sait avant même que les personnages ne se rencontrent qu’ils sont condamnés à un destin tragique.

On note également que, comme dans une tragédie, Manon et Des Grieux se débattent face à leur inexorable destin, ce qui n’a pour effet que de les marginaliser et les rapprocher de leur fin.

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Abbé Prévost, Manon Lescaut  : personnages en marge, plaisirs du romanesque

I. une simple digression , de la parenthèse narrative au « petit ouvrage », des « aventures de fortune et d'amour » au « traité de morale », ii. « un exemple terrible de la force des passions », un nouveau couple mythique, une tragédie chrétienne , iii. un roman moral , la lutte entre la vertu et l'amour, une apologie de l'amour , iv. corpus : personnages en marge, plaisirs du romanesque, la dame aux camélias alexandre dumas, 1848, nana , zola, 1880.

Manon Lescaut

Pour abbé prévost, manon lescaut résumé et analyse.

Au bout de trois semaines de parfait bonheur passés dans leur appartement parisien situé rue de Vivienne, les amants rencontrent des difficultés financières qui poussent Des Grieux à vouloir demander au père de Manon l’autorisation d’épouser sa fille. La jeune femme réticente à l’idée, prétexte que ses origines déshonoreraient Des Grieux. Ce dernier renonce alors à son projet et commence à nourrir des doutes sur l’amour de Manon.

Celle-ci montre d’ailleurs une forte attirance par le luxe et les plaisirs et est vite séduite par les divertissements parisiens, mettant ainsi en péril les finances du couple. Des Grieux s’inquiète de plus en plus de l’avenir financier du ménage, d’autant plus que la gestion de leurs économies avait été confiée à Manon.

Alors qu’un soir Des Grieux revient plus tôt que d’habitude au logis, il trouve porte close. Après une brève entrevue avec une domestique, Des Grieux apprend que Manon a reçu la visite de leur voisin, un certain M. de B, riche fermier général et soupçonne une trahison de la part de sa maitresse. Lors du dîner, les amants restent silencieux et le lecteur peut suivre l’agitation des pensées du héros, partagé entre son amour et ses soupçons. Avant que Manon ait pu faire ses aveux à Des Grieux, ce dernier est brutalement enlevé par les laquais de son père avec la complicité de Manon. Il est ensuite ramené, par son frère, dans la maison de son père. Raillé par sa famille qui lui reproche son incrédulité, Des Grieux apprend la trahison de Manon au cours d’un repas et s’évanoui. Il est ensuite enfermé dans une chambre gardée par des domestiques, seul moyen de s’assurer qu'il n’aille pas rejoindre sa maitresse. Malgré cette trahison, Des Grieux persiste à croire à son amour.

Après avoir échappé au premier obstacle qui se dressait devant leur amour, les deux amants débutent leur vie à deux. Malgré le bonheur que leur emménagement devrait procurer à Des Grieux, ce dernier énonce déjà au lecteur l’issue tragique de cette décision dont il connait le dénouement. Le contraste entre la joie ressentie au moment des faits et le malheur ressenti par le personnage au moment du récit est saisissant et s’illustre clairement par l’affrontement entre le champ lexical du malheur et celui du bonheur. Après quelques semaines passées dans leur appartement parisien, le comportement de Manon vis-à-vis de son amant évolue et devient plus distant. Les doutes de Des Grieux se renforcent à la nouvelle de la visite de M. de B. à Manon et le héros laisse au lecteur l’accès à ses pensées tourmentées, matérialisées par une succession de phrases brèves à la ponctuation marquée. La relation inégalitaire entre les deux amants est mise en lumière par le contraste de leurs attitudes: le comportement de Manon est emprunt d’une froide politesse tandis que l’attitude de Des Grieux souligne la constance de son amour.

Un huit-clôt débute entre les deux amants et l’agitation mentale de Des Grieux est brutalement interrompue par l’annonce du dîner. Les mots laissent alors place à un dialogue silencieux entre Manon et Des Grieux, animé par un jeu de regards complexe et de non-dits. Cette atmosphère pesante et immobile est soudainement brisée par les larmes de Manon et réaction de Des Grieux est retranscrite grâce à l’usage du discours direct. Son ton, relevant du registre pathétique, et le vocabulaire hyperbolique qu'il emploi confèrent une dimension théâtrale à la scène.

Le dîner est ensuite rapidement interrompu par l’arrivée des laquais du père de Des Grieux. Le dernier baiser que Manon donne à Des Grieux avant de s’en aller rappelle celui de Judas avant l’arrestation du Christ et confirme l’implication de la jeune femme dans l’enlèvement de Des Grieux. Le rythme du récit s’accélère et le héros est désormais seul, presque démuni face à une situation dont il est spectateur. Mais une issue salvatrice se profile pour le héros.

En l’absence d’aveu de la part de Manon, Des Grieux ne peut pas se résoudre à une trahison de sa part malgré l’inquiétude et la tristesse qui le submergent lors de son trajet vers Saint Denis. Le héros feint de recevoir les sermons de son frère et projette déjà mentalement son évasion afin de rejoindre sa maitresse. Les explications de son père font l’effet d’un véritable coup de poignard pour le jeune homme. Des Grieux, choqué par la trahison de Manon, dont il rejetait l’idée jusqu’ici, reste silencieux et immobile face au flot de railleries de son père et son frère qui moquent sa crédulité. La confirmation de la légèreté de Manon vient détruire tous les espoirs nourris par le héros. Malgré cette révélation le héros, aveuglé par sa passion, ne peut se résoudre à l’abandon de Manon pour un autre homme et, dans une longue tirade au ton tragique, tente de se persuader de l’amour de sa maitresse. Son enfermement n’empêche rien à la détermination qui l’anime: il rejoindra Manon à tout prix.

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Questions et Réponses par Manon Lescaut

La section Question et Réponse par Manon Lescaut Recours pour faire des réponses, trouver des réponses et discuter l'œuvre

Guide d'étude pour Manon Lescaut

Manon Lascaut study guide contains a biography of L'Abbé Prévost, literature essays, quiz questions, major themes, characters, and a full summary and analysis.

  • A propos de Manon Lescaut
  • Manon Lescaut Résumé
  • Liste des Personnages

conclusion dissertation manon lescaut

  • Sujets corrigés bac français, philosophie
  • Quiz ton bac de français 2023. Etudier, réviser les parcours, auteurs, études linéaires, la grammaire, lectures cursives, procédés littéraires.

Dissertations sur Manon Lescaut, Prévost. Est-ce une oeuvre des Lumières? Un roman Janséniste? Réaliste? Annonciateur du romantisme?

  • Le 08/07/2022
  • Dans Quiz ton bac de français 2023. Etudier, réviser les parcours, auteurs, études linéaires, la grammaire, lectures cursives, procédés littéraires.
  • 0 commentaire

Dissertations sur le roman Manon Lescaut Prévost

Pour aller plus loin, lectures et liens

  • Le statut de l’héroïne dans la littérature d’expression française « Manon Lescaut » de L’Abbé Prévost (1731)
  • Lecture 
  • Gallica  
  • À propos de l’œuvre, critiques, extraits, citations 
  • Français 1ère 
  • Nouveau programme
  • Manon Lescaut, Abbé Prévost 
  • Lecture du document 
  • Document pour la classe de 1ère  
  • Manon Lescaut, étude du roman de Prévost
  • Cours sur le roman
  • Consultez le document de dubrevetaubac.fr

Pour organiser les révisions de l'oeuvre, du parcours et des études linéaires 

  • Questionnaire sur l'abbé Prévost 

Quiz bac 2023 Manon Lescaut l'abbé Prévost, analyse de l'oeuvre

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Les Lumières

Commentaires

Quiz études linéaires

Dissertations

L'oral  

Dans Manon Lescaut, est-ce parce que les personnages sont marginaux qu'ils sont romanesques ? Sujet 2023. Le plaisir de lire Manon ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?

Œuvre : Abbé Prévost [1697-1763], Manon Lescaut

 – Parcours : Personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Abbé Prévost, Manon Lescaut. Dans Manon Lescaut, est-ce parce que les personnages sont marginaux qu'ils sont romanesques ?

 Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur le roman de l’Abbé Prévost au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé à cette œuvre et sur votre culture personnelle.

  Consulter les deux corrigés proposés 

LES ENJEUX DU SUJET

Le sujet invite à :

  • - envisager la marginalité de certains personnages, par opposition à d’autres incarnant la conformité aux normes sociétales du XVIIIe siècle ;
  • - montrer que le romanesque naît de la confrontation de la marginalité des personnages à ce qui représente dans le roman la norme sociale ;
  • - prendre en considération le fait que le romanesque puisse naître des personnages et de leurs destinées ;
  • - considérer le romanesque des personnages eux-mêmes mais également le romanesque de leurs aventures tout autant que l’habilité de la construction narrative du récit.

LES LIENS AVEC LE PARCOURS

Le sujet reprend les termes du parcours associé.

L’expression « Personnages en marge » de ce parcours associé appelle à envisager la manière dont les personnages questionnent la notion de marge :

  • - comme limite à dépasser ou à ne pas dépasser ;
  • - comme marge sociétale : lieux des possibles et des désillusions ;
  • - comme marge morale et transgression de la norme. L’expression « plaisirs du romanesque » questionne :
  • - le goût du lecteur pour des personnages originaux, mis au ban de la société ;
  • - le plaisir à aimer ou à détester des personnages potentiellement frustrants, attachants, agaçants ;
  • - le plaisir qui vient de la mise en scène de l’extraordinaire ;
  • - le « goût des larmes », le plaisir du pathos.

Autre sujet corrigé

Sujet métropole 2023

  • Œuvre : Abbé Prévost, Manon Lescaut.
  • Parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.
  • Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu’au récit d’une passion amoureuse ?
  • Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Manon Lescaut, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle
  • Deux corrigés bac proposés
  • Autre correction du sujet 

En quoi le roman de Prévost est-il une oeuvre des Lumières?

En quoi le roman de Prévost est-il une oeuvre des Lumières?

L’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut se déroule sous la Régence entre 1715 et 1723

Oeuvres qui ont marqué le siècle des Lumières 

  • Les Lettres persanes de Montesquieu
  • Manon Lescaut, Prévost
  •  Manon Lescaut adhère ainsi à une croyance moralisatrice du XVIIIe s. dans le rôle systématiquement destructeur de la passion.
  • Julie ou la Nouvelle Héloïse est indissociable du décor alpestre et de la croyance philosophique de son auteur : Rousseau croit en la bonté originelle de la nature humaine y compris amoureuse. La forme épistolaire de La Nouvelle Héloïse contribue aussi à l’effet d’authenticité : le lecteur a l’impression d’entrer dans l’intimité de personnes réelles.
  • Laclos et les Liaisons dangereuses
  • Les philosophes célèbres du 18e siècle sont nombreux : Rousseau, Voltaire, Locke, Montesquieu, Diderot, etc.
  • D'Alembert, l'Encyclopédie
  • Voltaire, Candide, Zadig, Traité sur la Tolérance, L'Ingénu, Micromégas
  • Diderot, L'Encyclopédie, La Religieuse, Jacques le Fataliste et son Maître, Supplément au Voyage de Bougainville
  • Beaumarchais,   Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro
  • Marquis de Sade, Justine ou les Malheurs de la Vertu, La Philosophie dans le Boudoir

La métaphore de la lumière désigne le mouvement intellectuel critique, la floraison d'idées nouvelles, qui caractérise le XVIIIe siècle européen : “la lumière désigne le passage de l’obscurité à la connaissance ».

 « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui- même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre”. Kant

  • Vous devez vous inspirer des idées suivantes pour construire votre argumentation :
  • Au siècle des Lumières, la religion et les croyances sont remises en question 
  • L'homme ne cherche plus le bonheur céleste et la promesse du paradis mais privilégie le bonheur terrestre
  • L'idéal des Lumières se caractérise par un refus des dogmes et de l'obscurantisme religieux ainsi que du despotisme, la tyrannie. Les principes politiques, sociaux et moraux sont remis en cause. Les philosophes défendent  la liberté, la raison, la tolérance, l’égalité, le progrès et la séparation des pouvoirs.
  • L'homme est au centre des réflexions, la foi en l'homme est réhabilitée ainsi que celle du progrès 
  •   Manon Lescaut  relève des Lumières  par la composition même du roman et   rompt avec la tradition du roman d'aventures, il cherche à « plaire et instruire »
  • On y trouve une peinture sociale mais aussi des réflexions d'ordre philosophique ou religieux qui ne déparent en rien la pensée des Lumières.
  • Par sa conduite, Des Grieux rejoint ainsi les philosophes de son siècle ; il participe de l'esprit des Lumières en proclamant la supériorité de l'expérience sensuelle sur les hypothèses de la religion ; il croit avant tout au sensible, au concret. Par sa conduite, Des Grieux rejoint ainsi les philosophes de son siècle ; il participe de l'esprit des Lumières en proclamant la supériorité de l'expérience sensuelle sur les hypothèses de la religion ; il croit avant tout au sensible, au concret. 
  • Le bonheur chrétien mis en doute, le bonheur de l'amour règne en souverain
  • MAIS,   la fin du roman donne raison à Tiberge - Ainsi Prévost semble mettre la morale chrétienne de son côté, ce qui correspond assez peu à l’esprit des Lumières.
  • Conclusion : si à certains égards, le roman de Prévost est en accord avec la pensée des Lumières, la part qu’il accorde aux sentiments annonce aussi le Romantisme.
  • Quelles idées nouvelles les savants et les philosophes des Lumières diffusent-ils au XVIIIe siècle ? Comment remettent-elles en cause les sociétés?
  • En quoi les savants du XVIIIe siècle favorisent-ils les progrès des Lumières ?
  • Les savants du XVIIIe siècle font des expériences qui permettent de mieux comprendre le monde. Les laboratoires de recherche se multiplient et la science devient à la mode dans le public éclairé. Par exemple : Grâce à Lavoisier qui identifie l’oxygène, la chimie fait des progrès considérables

LES IDEES NOUVELLES DES PHILOSOPHES  Quelles sont les nouvelles idées des philosophes ? Comment et pourquoi la monarchie absolue est-elle remise en cause ?

L’EUROPE DES LUMIERES

  • A) Les philosophes remettent en cause l’organisation de la société
  • Des penseurs, les philosophes critiquent et remettent en cause la monarchie absolue, la religion, les inégalités de la société (privilèges de la société d’ordres). Ils sont favorables à plus de liberté, à l’égalité, à la tolérance.
  • Philosophes des lumières: penseur qui observe et critique la société et les croyances de son temps au nom du progrès de l’humanité.
  • Tolérance : fait d’accepter une opinion ou une croyance différente de la sienne.
  • Privilège : avantage accordé à une catégorie de la société.
  • B) Les contestations de la monarchie absolue Quelles sont les autres causes de la Révolution française ? 
  • Cahiers de doléances : cahiers de plaintes et de vœux rédigés en 1789 en vue des Etats Généraux.
  • Déficit budgétaire : situation dans laquelle les dépenses de l’Etat sont supérieures aux recettes. Comment les nouvelles idées sont-elles diffusées ?

LA DIFFUSION DES IDEES NOUVELLES

  • Les nouvelles idées se diffusent dans les salons et grâce à l’Encyclopédie de Diderot et aux voyages de philosophes qui sillonnent l’Europe et encouragent les monarques absolus comme Catherine II de Russie à mettre en place des réformes sociales, religieuse économiques : ce sont des despotes éclairés. Cette période s’appelle les Lumières.
  • Les Lumières : courant de pensée en Europe au XVIIIe siècle, qui favorise les progrès et le bonheur des hommes.
  • Despotisme éclairé : régime politique dirigé par un souverain autoritaire mais qui s’inspire des idées des lumières pour réformer son pays.
  • Salon : lieu de réunion souvent tenu par des femmes de la haure société, où les élites cultivées se retrouvent pour échanger, débattre, se distraire. 

Entraînez-vous avec le questionnaire bac pour revoir le mouvement littéraire du siècle des lumières 

Questionnaire sur le siècle des lumières, exercice pour la classe de 1ère, revoir l'oral du bac 

Questionnaire bac : le siècle des lumières  - Exercice pour la classe de 1ère

En quoi l'oeuvre de Manon Lescaut est-elle réaliste?

Manon Lescaut, roman réaliste, en quoi? 

Manon Lescaut, Prévost, un roman mémoires, un roman moderne qui analyse avec finesse la psychologie des personnages. Le roman s'ancre dans le réalisme propre au roman de moeurs, il critique les travers des différentes couches de la société. Un roman ancré dans la réalité, le cadre historique est exact, la rencontre entre Des Grieux et Renoncour se situe entre 1715 et 1720. 

Le roman-mémoires est un genre littéraire de roman dans lequel le récit, bien que fictif, est présenté sous la forme de mémoires. C'est un roman d'amour, un roman de moeurs qui décrit de façon réaliste l’attitude, le comportement des personnages dans cette société du XVIII°. 

Prévost ne juge pas, ne moralise pas mais fait le tableau réaliste des comportements humains.

  • I. Le cadre géographique et historique reflète la réalité.
  • a) Les lieux :
  • b) Le contexte historique
  • 2. Le réalisme sociologique :
  • a) La vie quotidienne.
  • b) Une société de classe :
  • c) La présence de la religion
  • d) La société corrompue de la Régence
  • 3. Le réalisme psychologique 

En quoi ce roman est-il janséniste?

 Manon Lescaut, Roman janséniste

  • I. La passion de Des Grieux défie la logique
  • II. Des Grieux descend toujours plus bas
  • III. Le dénouement et le retour à Dieu.

Conclusion : Manon Lescaut est à la fois un roman réaliste et un roman janséniste. L'abbé Prévost est l'héritier de la tragédie racinienne (XVIIe s.), mais il est également un précurseur : Il choisit un genre littéraire promis à un bel avenir, le roman ; Il peint les tourments de la passion, comme le feront les romantiques (au début du XIXe s.). Il est soucieux de réalisme (le réalisme succède au romantisme, au XIXe s.).

  • Un récit autobiographique
  • Un récit classique 
  • Un roman d'amour
  • Un roman de moeurs
  •  Lire le document classe de 1ère 

Quels sont les critères qui définissent un Roman en tant que genre littéraire?

  • Ce genre littéraire, "réservé d'abord aux femmes et aux faibles d'esprit", dit Voltaire, parce qu'il fait appel à l'imagination - et donc manque de sérieux - se caractérise par plusieurs critères :
  • 1) c'est une œuvre en prose, désignée par un titre, et d'une longueur normalisée par l'usage. Le contenu est découpé en chapitres et en parties.
  • 2) il y a une intrigue : un synopsis et un schéma narratif
  • 3) l'intrigue est située dans le temps et dans l'espace (décor, époque)
  • 4) un dénouement de l'intrigue est promis à la fin au lecteur : le récit suit l'ordre logique du temps, (la chronologie), et progresse au fil des pages.
  • 5) les actants sont essentiellement des personnages qui ont une psychologie. Ces personnages agissent en fonction de cette psychologie. C'est d'ailleurs leur comportement qui permet de définir leur psychologie.
  • 6) le lecteur peut s'identifier aux héros.
  • 7) l'histoire est racontée par un narrateur à un destinataire universel
  • 8) le lecteur attend une réponse, une leçon, une vérification

III) Vérification de ces critères

  • On retrouve tous ces critères dans le récit de Des Grieux qui constitue à l'intérieur de l'œuvre un véritable roman, (il rappelle Tristan et Iseult, Roméo et Juliette, Love Story) à l'exception du narrateur qui est ici un locuteur et du destinataire qui est ici l'auteur lui-même.
  • -Le titre : il met l'accent sur le personnage principal,
  • - L'intrigue : le récit d'un amour : sa naissance, ses péripéties, sa fin. L'action est si importante que l'on peut parler même de récit picaresque. Les rebondissements sont systématiques.
  • L'actant de déséquilibre est très marqué : c'est la rencontre avec Manon: véritable virage dans l'existence.
  • - une époque : la Régence
  • - un lieu ( Amiens, Paris, La Louisiane)
  • - une chronologie : l'histoire progresse d'un début vers une fin.
  • - des personnages : ils ressemblent à des personnes : ils ont une psychologie très marquée.
  • - le procédé d'identification : il est facilité par le thème : l'amour : une passion facile à comprendre.
  • - une leçon : on peut tirer facilement de cette aventure une leçon.

Autres réflexions et sujets bac séquence roman

Sujets sur Manon Lescaut 

  • En quoi ce roman propose-t-il une vision de l’homme et du monde à travers ses personnages ?
  • En quoi ce roman est-il annonciateur du romantisme?
  • En quoi le roman peut-il révéler la société à travers ses personnages ? 
  • Dans son « Avis de l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité », qui sert de préface à son roman, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, paru en 1731, Prévost affirme qu’« on y trouvera peu d’événements qui ne puissent servir à  l’instruction des mœurs » et il précise : « c’est rendre, à mon avis, un service considérable au public que de l’instruire en l’amusant. »
  • Ce double objectif vous paraît-il atteint ?

Sujets corrigés séquence roman

  • Un personnage de roman doit-il vivre des passions pour captiver le lecteur ?
  • On a souvent reproché a la littérature d'entretenir les rêves et les illusions du lecteur. Ce reproche vous parait-il fondé ?
  • En conclusion du roman de Guy de Maupassant Une vie, Rosalie déclare : "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit". Pensez-vous qu'un roman ou une pièce de théâtre doit ouvrir les yeux du lecteur ou du spectateur sur la vie, ou bien au contraire, permettre d'échapper à la réalité?
  • Un personnage de roman ou de théâtre peut-il se concevoir sans souffrances ni désillusions ?
  • Dans quelle mesure les lieux dans un roman nous aident-ils à connaître les personnages?  
  • La littérature a-t-elle pour fonction principale d’aider l’homme à mieux comprendre le monde qui l’entoure ?
  • À votre avis, quel intérêt un romancier, et plus largement un artiste, peut-il avoir à mettre en scène des personnages frappés de folie ? Votre réflexion s’appuiera sur les textes du corpus, sur les œuvres étudiées en classe et sur toute autre œuvre connue de vous.
  • Dans les romans, les personnages ambitieux sont-ils les plus intéressants ?
  • La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et pour dénoncer les cruautés commises par les hommes ?

Pour approfondir l'oeuvre et le parcours

 Manon Lescaut se présente comme un récit enchâssé. Le premier narrateur est le marquis de Renoncour, l’homme de qualité dont le récit Manon Lescaut constitue une partie des Mémoires. Il laisse la parole à Des Grieux qui lui raconte son histoire. Le récit alterne les épisodes heureux et malheureux, qui vont en s’aggravant étape après étape.

– Après les quelques semaines de vie commune qui suivent leur rencontre, Des Grieux est «enlevé » par les valets de son père et enfermé chez ce dernier.

– Après leurs retrouvailles à Saint Sulpice, ils mènent une vie de plaisir, jusqu’à l’affaire avec M. de G.M, qui a pour conséquence de les conduire tous deux en prison.

– Une fois leur liberté retrouvée, ils retrouvent leur vie d’antan, jusqu’à l’escroquerie du fils de M. de G.M qui a pour conséquence la déportation de Manon.

– en Amérique, alors qu’ils pensent avoir enfin trouvé le bonheur, que Manon est devenue fidèle, elle est à nouveau convoitée par un homme, ce qui provoque leur fuite dans le désert et sa mort.

Des Grieux use souvent de prolepses dont voici quelques exemples: «qui a causé, dans la suite, tous les malheurs et les miens », « ce changement mit bientôt le dernier désordre dans nos affaires, en faisant naître deux aventures qui causèrent notre ruine », «…une dernière preuve qui a surpassé toutes les autres et qui a produit la plus étrange aventure qui soit jamais arrivée à un homme de ma naissance et de ma fortune. », « je crains de manquer de force pour achever le récit du plus funeste événement qui fût jamais ». Ces prolepses consistent à annoncer au lecteur, avant chaque étape importante du récit, que des malheurs vont se produire : elles ont la double fonction d’entretenir le suspense pour dramatiser l’action et de provoquer la compassion du lecteur.

Une vision du monde.

Les amants et prétendants de Manon mènent une vie de débauche, qui tourne autour de l’argent et des plaisirs. Ils sont l’image d’une société dégradée qui perd peu à peu ses valeurs traditionnelles (Avec la fin du règne de Louis XIV et la Régence de Philippe d’Orléans, qui voit la corruption de certains milieux financiers et le libertinage des moeurs). On notera que, si ces personnages peuvent être vus comme des libertins, Des Grieux se défend quant à lui de leur ressembler, car il éprouve un amour absolu et sans limite pour Manon et se décrit comme torturé par ses contradictions.

 Le roman présente certaines caractéristiques des récits réalistes. – Le narrateur M. de Renoncour, avant de laisser la parole au chevalier Des Grieux dont il rapporte le récit, affirme qu’ «on peut s’assurer par conséquent que rien n’est plus exact et plus fidèle que cette narration» – De nombreux lieux sont cités, qui renvoient à la réalité de l’époque, par exemple les différentes prisons de Paris ou la Louisiane. – Certains personnages appartenant à la société fortunée de la Régence sont cités par leurs initiales, ce qui laisse croire qu’ils existent vraiment: il s’agit des amants de Manon comme «M de B» fermier général, «M de G. M. » et son fils ou encore du fils d’un des administrateurs de Saint Lazare

. M. de Renoncour donne à son récit une portée édifiante et moralisatrice, ainsi qu’il l’explique dans L’Avis au lecteur. Il le présente comme un « exemple de la force des passions ». Quant à Des Grieux, il cherche à être compris, plaint et pardonné : « je suis sûr qu’en me condamnant vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre » (première partie).

Rendre compte d’une lecture approfondie

Le roman Manon Lescaut a pour première fonction de distraire le lecteur.

– Le roman se présente comme un roman sentimental par les péripéties proposées: coup de foudre, amours contrariées, trahisons, retrouvailles, mort de l’héroïne.

– C’est aussi un récit qui propose des péripéties caractéristiques du roman d’aventures: la scène de l’évasion, le voyage en Amérique. Mais le roman veut aussi soumettre au lecteur un enseignement.

– Le roman est présenté comme «un exemple de la force des passions » : comment l’amour peut vous faire perdre tous vos moyens vous transformer radicalement et vous aveugler, faire de vous un personnage héroïque 

– Il est aussi l’occasion d’une peinture de la société et donne à réfléchir sur les débordements en tous genres qu’on y observe

Des personnages libertins?

Le personnage de Manon est nimbé de mystère. Elle est présentée tout d’abord par le marquis de Renoncour, au moment où il rencontre les deux jeunes gens à Pacy sur Eure. Il la distingue alors des autres femmes prostituées condamnées à la déportation. Par la suite, on ne la connaît que par ce que Des Grieux en dit ou par la lettre d’elle qu’il rapporte. Le récit étant fait à la première personne, le lecteur n’a jamais accès directement à la conscience du personnage de Manon. Son histoire, qui la conduit à mourir en déportation, la rend sublime par la fin édifiante qui est la sienne malgré son parcours de libertine, qui escroque les vieux messieurs et joue sans cesse de sa séduction.

Parce qu’il se révolte devant l’autorité paternelle, qu’il ne suit pas la voie tracée pour lui d’une carrière religieuse, qu’il se livre à des activités déshonorantes comme tricher au jeu et se rend coupable d’un meurtre, qu’il consacre sa vie à suivre une femme d’une condition sociale bien inférieure à la sienne qui ne lui est pas fidèle, on peut dire que Des Grieux incarne une dégradation de l’idéal aristocratique et chevaleresque.

 Le père de Des Grieux est à l’image de la classe sociale à laquelle il appartient, trahie sans vergogne par son fils le chevalier Des Grieux : l’aristocratie. Tiberge incarne la constance (contrairement aux errements de Manon et Des Grieux), il respecte la religion, la voie que le chevalier aurait dû suivre. Tous deux sont donc des figures du bien. Lescaut, frère dépravé de Manon, ainsi que tous les prétendants et amants de Manon incarnent le déshonneur, le désordre, c’est-à-dire le mal.

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Montesquieu comprend, peu après sa publication, le succès de ce roman : « J'ai lu le 6 avril 1734, Manon Lescaut, roman composé par le P. Prévost. Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon et l'héroïne une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise, parce que toutes actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l'amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse »

Une oeuvre du parcours bac EAF 2023, Manon Lescaut personnages en marge, plaisirs du romanesque

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. L'incipit de Manon "Ayant repris mon chemin par Evreux... sentiment de modestie" Support texte

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. "J'entrai avec peine..." à "... lui vouloir du bien." Support texte. Extrait n° 2 pour organiser les révisions et étudier l'incipit 

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte 

Jules Massenet est le premier, en 1884, à créer au Théâtre national de l’opéra-comique, Manon, une adaptation du roman de Prévost. Lui succède l’italien Giacomo Puccini, qui fait de Manon Lescaut, en 1893 au Teatro Regio de Turin, un drame lyrique 

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Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - progressez avec les quiz, questionnaires, qcm corrigés  .

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EAF 2023, séquence roman

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Manon Lescaut : Parcours personnages en marge et plaisirs du romanesque au bac de français

Introduction.

Aujourd'hui, Manon Lescaut est à l'honneur dans cet article destiné à te préparer au bac de français. On va explorer ensemble les parcours des personnages en marge et les plaisirs du romanesque présents dans ce roman. Cet article est découpé en cinq chapitres, et on terminera par les cinq questions les plus fréquentes sur ce sujet. Allez, c'est parti !

Chapitre 1 : Manon Lescaut, un roman emblématique du XVIIIe siècle

**Manon Lescaut**, écrit par l'abbé Prévost en 1731, est un roman qui s'inscrit parfaitement dans la lignée des œuvres littéraires du XVIIIe siècle. Cette période est marquée par le mouvement du siècle des Lumières, qui valorise la raison, la science et la remise en question des dogmes religieux et politiques. L'abbé Prévost, à travers ce roman, explore plusieurs thèmes majeurs de cette époque, qui sont cruciaux à étudier pour le bac de français.

L'amour et la passion occupent une place centrale dans **Manon Lescaut**. La relation tumultueuse entre Manon et Des Grieux, marquée par l'amour fou et les sacrifices qu'ils sont prêts à faire l'un pour l'autre, reflète les tourments et les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés. Cette exploration des sentiments amoureux, profonds et parfois destructeurs, est un élément essentiel du roman et de son intérêt pour le bac de français.

La liberté est également un thème majeur dans **Manon Lescaut**. Les personnages principaux, Manon et Des Grieux, luttent pour leur liberté face aux contraintes sociales, religieuses et familiales. Ils font des choix audacieux et parfois scandaleux, qui les placent en marge de la société. Cette quête de liberté est un reflet des aspirations du siècle des Lumières et un sujet important à maîtriser pour le bac de français.

La marginalité est un autre aspect clé de l'œuvre. Manon Lescaut, en tant que femme libre et passionnée, ainsi que Des Grieux, par son amour pour elle, vivent en marge des normes établies. Leurs aventures et leurs transgressions les placent en opposition avec les valeurs morales et sociales de leur époque, ce qui permet à l'auteur d'interroger ces valeurs et de les remettre en question.

Enfin, le romanesque est un élément central du roman. L'abbé Prévost use d'un style narratif captivant, avec des péripéties, des rebondissements et des intrigues amoureuses qui maintiennent l'intérêt du lecteur. Le romanesque se retrouve également dans les lieux exotiques et lointains que visitent les personnages, comme la Louisiane, qui ajoutent une dimension d'évasion et de rêve à l'œuvre.

En somme, **Manon Lescaut** est un roman riche en thèmes et en questionnements, qui s'inscrit parfaitement dans le contexte littéraire du XVIIIe siècle et du siècle des Lumières. Son étude permet d'aborder des sujets importants pour le bac de français, tels que l'amour, la passion, la liberté, la marginalité et le romanesque.

Chapitre 2 : Les personnages en marge dans Manon Lescaut

Dans **Manon Lescaut**, plusieurs personnages sont considérés comme marginaux, car ils défient les normes sociales et morales de leur époque. Voici une liste des principaux personnages en marge et une description de leur marginalité :

1. **Manon Lescaut** : Personnage éponyme du roman, Manon incarne la femme libre et passionnée, en marge de la société. Sa beauté envoûtante et sa personnalité séduisante la rendent irrésistible aux yeux de nombreux hommes, mais elle choisit de vivre sa vie selon ses propres règles. Elle refuse d'adhérer aux contraintes de la morale et de la bienséance, et préfère suivre ses désirs et ses passions. Sa marginalité se manifeste également dans sa relation avec Des Grieux, qui la conduit à s'enfuir, vivre dans la clandestinité et même à traverser l'océan pour échapper aux autorités.

2. **Le Chevalier Des Grieux** : Amoureux fou de Manon, Des Grieux est prêt à tout pour la protéger et la soutenir, quitte à se mettre lui-même en marge de la société. Issu d'une famille noble, il renonce à son héritage et à son éducation pour suivre Manon dans ses aventures. Sa dévotion à Manon le conduit à transgresser les lois, commettre des actes immoraux, et même à devenir criminel. Des Grieux incarne ainsi la figure du jeune homme romantique et passionné, en rupture avec les valeurs de son milieu.

3. **Les Frères de Manon** : Les frères de Manon, et surtout Lescaut, participent à l'intrigue en menant une vie en marge des règles établies. Lescaut est un personnage cynique et opportuniste, qui profite de la beauté de sa sœur pour s'enrichir et qui n'hésite pas à trahir Des Grieux pour satisfaire ses propres intérêts. Son comportement immoral et égoïste le place en marge de la société, tout en faisant de lui un personnage central dans les péripéties du roman.

Ces personnages marginaux contribuent à la richesse de l'intrigue de **Manon Lescaut** et permettent à l'auteur d'explorer les thèmes de la liberté, de la passion, et des transgressions sociales et morales, qui sont au cœur de ce roman du XVIIIe siècle.

Chapitre 3 : Le plaisir du romanesque dans Manon Lescaut

Le romanesque est un élément clé du roman de Prévost, **Manon Lescaut**. Le plaisir du romanesque est visible à travers plusieurs aspects de l'œuvre :

1. **La narration** : Le récit de **Manon Lescaut** est construit comme un enchaînement de péripéties, qui maintient l'intérêt du lecteur et témoigne du talent de conteur de Prévost. La narration est captivante, empreinte de suspens et de rebondissements, ce qui rend le roman difficile à lâcher. Le style de Prévost, alliant le réalisme et l'émotion, contribue également au plaisir du romanesque.

2. **Les aventures des personnages** : Les protagonistes de **Manon Lescaut**, Manon et Des Grieux, vivent des expériences hors du commun, des intrigues amoureuses et des rebondissements qui alimentent le plaisir du romanesque. Leurs aventures les conduisent à défier les normes sociales, à vivre des situations périlleuses et à se réinventer sans cesse pour survivre. Ces péripéties offrent un récit palpitant et passionnant qui captive l'attention du lecteur.

3. **Les lieux** : Le roman nous transporte dans des lieux exotiques et lointains, qui renforcent la dimension romanesque de l'histoire. Les personnages voyagent de la France à la Louisiane, en passant par des paysages variés tels que des campagnes, des villes, des ports et des colonies. Ces décors contribuent à l'évasion et au rêve, offrant un cadre dépaysant et fascinant pour les aventures de Manon et Des Grieux.

Ainsi, le romanesque est un aspect central de **Manon Lescaut**, qui se manifeste à travers la narration captivante de Prévost, les aventures mouvementées des personnages et les lieux exotiques et lointains qui servent de toile de fond à l'histoire. Le plaisir du romanesque, dans ce roman, provient de la combinaison de ces éléments, qui offrent un récit riche en émotions, en surprises et en dépaysement.

Chapitre 4 : Analyser Manon Lescaut pour le bac de français

Pour réussir ton bac de français, il est essentiel de bien analyser **Manon Lescaut**. Voici quelques conseils pour aborder les personnages en marge et le plaisir du romanesque dans ce roman :

1. **Étudie les motivations et les évolutions des personnages marginaux** : Pour comprendre les personnages en marge, tels que Manon, Des Grieux et Lescaut, il est important de s'intéresser à ce qui les motive et comment ils évoluent au fil du récit. Analyse leurs actions, leurs prises de décision et les conséquences de leurs choix sur leur parcours.

2. **Analyse les relations entre les personnages et comment elles influencent leurs parcours** : Les relations entre les personnages sont cruciales pour comprendre les dynamiques de l'histoire. Observe comment les interactions entre Manon, Des Grieux et les autres personnages influencent leurs destins et les choix qu'ils font.

3. **Repère les moments forts du roman qui illustrent le romanesque** : Pour saisir le plaisir du romanesque dans **Manon Lescaut**, identifie les passages clés du récit qui mettent en scène des péripéties, des rebondissements et des moments d'émotion intense. Ces moments forts te permettront d'appréhender les enjeux narratifs et la structure de l'œuvre.

4. **Réfléchis à la manière dont Prévost traite les thèmes de l'amour, la passion et la marginalité** : Analyse comment l'auteur aborde ces thèmes majeurs du roman à travers les personnages, les situations et les événements. Cherche des exemples concrets dans le texte qui illustrent ces thématiques et comment elles sont développées par Prévost.

5. **Pense aux enjeux sociaux et moraux soulevés par le roman et comment ils sont abordés par l'auteur** : Enfin, réfléchis aux questions sociales et morales que soulève **Manon Lescaut**, comme la liberté, l'honneur, la transgression des normes, et comment Prévost les explore à travers l'intrigue et les personnages. Ceci te permettra d'appréhender les messages que l'auteur souhaite transmettre et les débats qu'il engage.

En suivant ces conseils, tu pourras aborder avec confiance les personnages en marge et le plaisir du romanesque dans **Manon Lescaut**, et ainsi être mieux préparé pour ton bac de français.

Questions fréquentes

1. qu'est-ce qui fait de manon lescaut un roman romanesque .

Le romanesque de Manon Lescaut tient à plusieurs éléments, tels que la narration captivante, les aventures extraordinaires des personnages, les lieux exotiques, et les thèmes de l'amour et de la passion.

2. Pourquoi étudier Manon Lescaut pour le bac de français ?

Manon Lescaut est un roman emblématique du XVIIIe siècle qui aborde des thèmes et des enjeux importants pour le bac de français, tels que les personnages en marge, le plaisir du romanesque, et les questionnements moraux et sociaux de l'époque.

3. Comment aborder l'analyse des personnages marginaux dans Manon Lescaut ?

Pour analyser les personnages marginaux dans Manon Lescaut, il est essentiel de s'intéresser à leurs motivations, leurs relations avec les autres personnages, et la manière dont leur marginalité influe sur le récit et les enjeux du roman.

4. Comment le romanesque est-il mis en scène dans Manon Lescaut ?

Le romanesque est présent à travers la narration captivante, les aventures extraordinaires des personnages, les lieux exotiques et les thèmes de l'amour et de la passion. Il est essentiel d'analyser ces éléments pour bien comprendre le plaisir du romanesque dans ce roman.

5. Quels conseils donneriez-vous pour réussir l'analyse de Manon Lescaut au bac de français ?

Voici 5 conseils pour réussir l'analyse de **Manon Lescaut** au bac de français :

1. **Lis attentivement le roman** : Pour bien analyser une œuvre, il est essentiel de la lire attentivement et de prendre des notes sur les éléments importants, tels que les personnages, les événements marquants, les lieux et les thèmes abordés.

2. **Familiarise-toi avec le contexte historique et littéraire** : Pour mieux comprendre **Manon Lescaut**, il est important de connaître le contexte historique et littéraire de l'époque où le roman a été écrit. Renseigne-toi sur le siècle des Lumières, le mouvement littéraire auquel appartient Prévost, et les courants philosophiques et sociaux qui ont influencé l'auteur.

3. **Étudie les personnages et leurs relations** : Analyse les motivations, les actions et les évolutions des personnages principaux, tels que Manon, Des Grieux et Lescaut. Examine également les relations entre les personnages et comment elles influencent leurs parcours et les thèmes du roman.

4. **Repère les éléments romanesques et les moments clés de l'intrigue** : Pour bien analyser le plaisir du romanesque dans **Manon Lescaut**, identifie les passages clés qui mettent en scène des péripéties, des rebondissements et des moments d'émotion intense. Ces éléments t'aideront à comprendre la structure du récit et les enjeux narratifs.

5. **Fais des analyses de texte approfondies** : Choisis des extraits significatifs du roman et réalise des analyses de texte détaillées. Étudie le style de Prévost, les figures de style employées, et la manière dont l'auteur traite les thèmes de l'amour, la passion, la marginalité et les enjeux sociaux et moraux.

En suivant ces conseils, tu seras bien préparé pour réussir l'analyse de **Manon Lescaut** au bac de français et ainsi obtenir une bonne note.

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l ( mardi, 16 avril 2024 19:46 )

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conclusion dissertation manon lescaut

AIMER LA LITTÉRATURE

En analysant les textes et les œuvres, ​pour le lycée, ... des corpus thématiques, ... des œuvres de genres différents, autour du roman , l'abbé prévost, histoire du chevalier des grieux et de manon lescaut,  1731.

Prévost-Parcours-Tableau1.jpg

Observation du corpus 

Une introduction pose la biographie du romancier, puis le contexte politique, social et culturel de l’écriture. Elle est suivie d’une présentation du roman , qui conduit à une analyse de la problématique retenue. L’observation de sa structure justifie le choix de six extraits donnant lieu à une explication , souvent prolongés par des lectures complémentaires, qui leur font écho. Deux études d’ensemble enrichissent l’approche du thème essentiel dans le roman, l’amour, et la notion de « romanesque », déjà abordée lors du parcours associé.

À partir de ces études, sont réactivés les acquis sur les discours rapportés et les tonalités. Enfin, l’approche tient compte également de l’histoire de l’art , avec des études de gravures, et deux extraits, l’un de l’opéra de Puccini, l’autre du film de Delannoy. La conclusion propose une réponse à la problématique, complétée par la reprise d’ un devoir de dissertation .

Introduction 

Biographie de l'abbé prévost , pour se reporter à la biographie .

L’étude de la biographie met en évidence le parcours chaotique de Prévost durant la première partie de son existence, avec, d’un côté, le choix d’une carrière religieuse , de l’autre son aspiration à la liberté qui le conduit en exil, à des liaisons tumultueuses, et même à l’escroquerie. Ainsi, plusieurs critiques littéraires ont cherché à montrer comment son roman s’inspire de ses propres expériences, sans s'accorder cependant.

Contextualisation 

Pour reprendre la recherche .

La recherche portera sur deux points :

le contexte politique , pour faire apparaître comment le développement du pays sous la Régence met au premier plan le désir de richesse et les plaisirs qu’elle permet, tout en maintenant la puissance de la monarchie absolue, soutenue par l’Église.

le contexte culturel qui voit naître, au début du XVIIIème siècle, à la fois une volonté de peindre la réalité, mais aussi de la critiquer, d’où l’appellation de « siècle des Lumières ».

Présentation du roman 

Pour se reporter à la présentation, parution et titres .

À propos de la parution du roman, sera signalée la censure subie en France en 1733 , et le remaniement effectué par Prévost qui donne la version définitive, en 1753 .

L’étude s’intéresse à deux titres , celui de l’ensemble de l’œuvre , Mémoires d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde , et celui du tome VII, le roman étudié , Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut . L’approfondissement de la signification des  termes de ces deux titres conduit à s’interroger sur le rôle joué par le Marquis de Renoncour, narrateur premier, et sur le glissement qui a conduit ultérieurement à retenir pour titre simplement Manon Lescaut .

l'abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731

La structure 

Le schéma actanciel

En prenant comme sujet de l’action, conformément au titre originel, le chevalier des Grieux , on élabore le schéma actanciel qui permet d’identifier les opposants à sa relation avec Manon et, inversement, les adjuvants . On insistera particulièrement sur le poids de l’autorité paternelle et des institutions. On s’interrogera aussi sur le rôle de Tiberge et du frère de Manon. Cela conduit à conclure sur l’image de l’amour , transgression de toutes les normes de sa société, liées à la naissance, à la religion et, au sens large, à la morale, qui se heurte à l’autre réalité sociale, la place prise par l’argent.

Pour voir l'analyse détaillée de la structure

Le schéma narratif

On tiendra compte de la stratégie choisie par Prévost, le récit enchâssé , en observant les deux rencontres du chevalier des Grieux par l’« homme de qualité ».

Puis, après avoir repéré les deux parties et le choix d'un schéma narratif traditionnel , on relèvera les multiples péripéties qui ponctuent le cours de cette « histoire ». On distinguera celles qui relèvent du « sort » de celles qui sont liées directement au comportement volontaire des deux héros. On insistera sur la triple trahison de Manon , chacune étant suivie des mêmes deux scènes : l’intervention de Tiberge, et la réconciliation des amants.

Mise en place de la problématique 

La lecture du roman et l’observation de sa structure nous amène à choisir la problématique d'étude suivante : Comment le parcours prêté par le romancier aux deux amants met-il en valeur le conflit entre la passion qui les anime et les valeurs sociales ? 

         Le verbe principal de cette question, « mettre en valeur », associé à l’adverbe interrogatif, « comment », invite à observer les stratégies du récit, les choix d’énonciation, et les procédés d’écriture , c’est-à-dire le travail du romancier.

         L’observation se fonde sur « le parcours prêté par le romancier aux deux amants », leur itinéraire dont il faudra mesurer le point de départ, l’évolution et l’épilogue , dans les explications des extraits, mais aussi par les lectures cursives et les études d’ensemble.

       Cette observation se fixe un objectif : « le conflit entre la passion qui les anime et les valeurs sociales ». Cela implique d’étudier la forme prise par cette « passion » , telle que la vit des Grieux mais aussi Manon, et les obstacles que lui oppose la société , qui prône des « valeurs » bien différentes.

Lecture cursive : « Avis de l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité » 

Pour lire l'extrait.

La feinte narrative

Cet « avis au lecteur » correspond à l’ objectif d’une Préface : expliquer les intentions de l’auteur et ses choix d’écriture .

Mais son premier intérêt est la stratégie adoptée, l’emploi du « je » qui fait croire à de véritables « mémoires » , Prévost s’effaçant ainsi derrière celui qui est en réalité son personnage-narrateur, l’« homme de qualité ». Il peut alors proclamer « tout éloigné que je suis de prétendre à la qualité d’écrivain exact » et qu’il s’agit bien de « l’histoire de [s]a vie ».

Cette feinte narrative , très fréquente au XVIIIème siècle et destinée à donner plus de vérité à ce qui n’est en réalité qu’une illusion romanesque , est reprise à la fin de l’extrait, où elle lui permet de répondre par avance aux critiques en protestant de son intention morale : « Un lecteur sévère s’offensera peut-être de me voir reprendre la plume à mon âge pour écrire des aventures de fortune et d’amour : mais si la réflexion que je viens de faire est solide, elle me justifie ; si elle est fausse, mon erreur sera mon excuse. »

Le récit enchâssé

Il justifie ensuite  le fait d’avoir détaché « les aventures du chevalier des Grieux » de l’ensemble de l’œuvre par deux raisons :

ne pas alourdir sa « narration » ,

surtout, mieux mettre en valeur le  rôle moral du récit , destiné à donner « un exemple terrible de la force des passions. » et à servir à « l’instruction des mœurs ».

Notons alors l’importance du titre attribué à ce tome VII qui accorde la première place à des Grieux et non pas à Manon , comme ce sera le cas ultérieurement.

C’est pourquoi, laissant de côté l’héroïne, le seul portrait est ici celui du chevalier  dont il souligne le « caractère ambigu », « un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises », en insistant sur ses contradictions. La lecture du roman révèle, en effet, qu’à chaque péripétie vécue par le héros, autant d’emprunts au romanesque traditionnel, Prévost lui offre, notamment par l’intervention de Tiberge, une occasion de revenir à la vertu, à chaque fois refusée.

Plaire et instruire

Enfin, à partir du quatrième paragraphe, Prévost développe longuement la conception de la littérature héritée de l’antiquité et reprise par les auteurs classiques du XVIIème siècle : associer plaire et instruire . C’est, à ses yeux, le seul moyen de remédier à « la contradiction de nos idées de notre conduite ».  Il considère, en effet, que tout homme aspire naturellement à « goûter des idées de bien et de perfection », celles que lui présentent les traités de morale si nombreux en ces siècles où la religion est prédominante. Mais il leur reproche d'être à la fois trop rébarbatifs et mal adaptés à la vie de chacun : « tous les préceptes de la morale n’étant que des principes vagues et généraux, il est très difficile d’en faire une application particulière au détail des mœurs et des actions. »

Ainsi, il mentionne à plusieurs reprises ce double objectif : « quelque chose d’agréable et d’intéressant », « Outre le plaisir d’une lecture agréable, on y trouvera peu d’événements qui ne puissent servir à l’instruction des mœurs ». C’est aussi sur ce double rôle qu’il conclut en définissant son roman : « L’ouvrage entier est un traité de morale réduit agréablement en exercices. » Il poursuivra cette idée dans ses Lettres de Mentor à un jeune seigneur où il met en avant la liberté du romancier  « de choisir les événements qu’il croit les plus propres à faire goûter ses principes de morale ou tout autre instruction. »

Mais rappelons que, lors de sa parution en France, le roman a été censuré…

Histoire des arts  : Hubert-François Gravelot, Frontispice, 1753 

À plusieurs reprises, l’abbé Prévost témoigne de son admiration pour Les Aventures de Télémaque , roman de Fénelon paru en 1699, auquel il a emprunté son personnage de guide moral dans ses Lettres de Mentor à un jeune seigneu r, que nous retrouvons dans ce bandeau qui ouvre l’édition de 1753 intitulée Histoire de Manon Lescaut . C’est ce qui explique le choix de la gravure pour l’illustrer.

Pour voir un diaporama d'analyse

Gravelot, Manon Lescaut, 1753

Explication : Première rencontre des amants par le narrateur, de "J'entrai avec peine..." à "... lui vouloir du bien." 

Le récit s’ouvre sur l’explication par le narrateur de ses « Mémoires », le marquis de Renoncour, « homme de qualité », des circonstances de sa rencontre avec le chevalier des Grieux , dans une « mauvaise hôtellerie », à Pacy, où il règne à une agitation exceptionnelle. Le narrateur vient d’apprendre qu’elle est due à l’arrivée d’un convoi d’une « douzaine de filles de joie » , en route vers le Havre où elles vont « embarquer pour l’Amérique ». Il décide d’aller lui-même voir ce qui provoque une telle émotion. Pourquoi Prévost a-t-il choisi de placer cette scène avant même « l’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut » ?

1ère partie  : Le portrait de Manon (des lignes 1 à 10) 

Le narrateur, agissant, se présente ici comme le personnage principal de l’action : « J’entrai ». La scène nous est donc présentée à travers son regard, qui  influence ainsi par avance le lecteur : « je vis en effet quelque chose d’assez touchant. » Il nous invite à partager sa compassion pour celle qui reste encore anonyme . Le portrait alors dressé repose sur un contraste .

Une prisonnière

C’est cette « condition » de prisonnière qui est d’abord mise en valeur , à commencer par le fait qu’elle soit une des « douze filles, qui étaient enchaînées six par six ». Le terme « fille » – au lieu de jeune fille, ou « jeune femme » – est déjà, en soi, péjoratif car il désigne souvent une femme facile, voire une prostituée, et un lecteur de cette époque pense immédiatement au châtiment réservé aux prostituées , envoyées en Amérique pour peupler les nouvelles colonies. Nous imaginons la contrainte imposée par cette « chaîne » qui entrave tous les mouvements : « Elle tâchait néanmoins de se tourner, autant que sa chaîne pouvait le permettre ». Enfin, le trajet entre Paris et la mer est long, et elles n’ont aucune possibilité de maintenir la moindre hygiène, d’où la mention de « la saleté de son linge et de ses habits ». Tout laisse donc à penser qu’elle s’est rendue coupable d’une faute pour mériter une telle sentence .

 Maurice Leloir, Les filles déportées, 1885. Gravure in Manon Lescaut , BnF

 Maurice Leloir, Les filles déportées, 1885. Gravure in Manon Lescaut, BnF

Cependant, le narrateur est loin de porter sur elle un jugement sévère . Bien au contraire, il la distingue immédiatement parmi les autres filles, d’abord en haussant son statut social : « il y en avait une dont l’air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu’en tout autre état je l’eusse prise pour une personne du premier rang. » Deux raisons justifient ce jugement. D’abord, il est frappé par sa beauté , résumée par « l’air et la figure », remarquable malgré son état déplorable : « Sa tristesse et la saleté de son linge et de ses habits l’enlaidissaient si peu ». Mais, son jugement dépasse l’apparence pour proposer une interprétation psychologique de son mouvement : « Elle tâchait néanmoins de se tourner […] pour dérober son visage aux yeux des spectateurs. L’effort qu’elle faisait pour se cacher était si naturel, qu’il paraissait venir d’un sentiment de modestie. » Tous les habitants de la petite ville se sont précipités dans cette hôtellerie – d’ailleurs le narrateur a eu de la « peine » à entrer – curieux de voir ces prostituées venues de Paris. Celles-ci sont ainsi transformées en des sortes de bêtes de foire ; mais des prostituées sont habituées à s’exhiber, parfois même à être provocantes. D’où la différence de celle dont l’attitude manifeste sa « tristesse » et un mouvement de honte .

C’est ce qui explique le double sentiment du narrateur, l'insistance renforçant son influence sur les lecteurs : « sa vue m’inspira du respect et de la pitié ». Le « respect » vient de l’impression qu’elle est au-dessus de l’avilissement auquel elle est réduite , et que donc, plus que le blâme, elle mérite « de la pitié ».

2ème partie  : Les informations données (des lignes 11 à 23) 

Le rôle du narrateur

La suite du récit confirme les sentiments du narrateur , à la fois la « pitié » quand il évoque « cette malheureuse bande » – mais ce terme, réservé à des coupables, rappelle la condamnation infligée –, et l’admiration à la vue de « cette belle fille ». Sa demande de « quelques lumières », tout à fait naturelle, permet au lecteur, grâce au discours rapporté direct, de disposer lui-même des informations nécessaires  sur les circonstances de ce voyage, mais aussi sur un autre personnage, « un jeune homme ».

Le discours rapporté du garde

Le jugement sur l’héroïne

Il est tout à fait significatif, car le « chef » des « six gardes », un homme fruste et habitué à convoyer ce genre de « filles », adopte le même point de vue que le narrateur .

D’un côté, il rappelle la culpabilité de celle qui n’est, objectivement, qu’ une prisonnière comme les autres , et la mention de « l’Hôpital », réservé à l’emprisonnement des prostituées, la définit comme telle : « Il n’y a pas d’apparence qu’elle y eût été renfermée pour ses bonnes actions. » C’est aussi ce qui explique son insistance sur son rôle de gardien qui n’a « pas reçu ordre de la ménager plus que les autres ».

De l’autre, il manifeste un intérêt particulier à cette prisonnière , en essayant d’en savoir plus sur elle, en vain : « je l’ai interrogée plusieurs fois sur la route ; elle s’obstine à ne me rien répondre. » Il reconnaît donc sa différence  par rapport aux autres prisonnière, et lui aussi fait preuve de piti é : « je ne laisse pas d’avoir quelques égards pour elle, parce qu’il me semble qu’elle vaut un peu mieux que ses compagnes. »

La présentation de des Grieux

Le discours, toujours dans sa fonction informative, introduit ensuite un second personnage : « Voilà un jeune homme, ajouta l’archer, qui pourrait vous instruire mieux que moi sur la cause de sa disgrâce. » Comme pour l’héroïne, c’est aussi sa tristesse qui est mise en valeur : « Il l’a suivie depuis Paris, sans cesser presque un moment de pleurer. » L’ignorance du garde maintient la vraisemblance, « Il faut que ce soit son frère ou son amant. », mais révèle aussi que le jeune homme n’a pas pu s’approcher de la prisonnière, ce qui aurait permis de déterminer leur lien.

3ème partie  : La rencontre de des Grieux (de la ligne 24 à la fin) 

Un portrait élogieux

C’est à nouveau  le statut social que relève le premier regard du narrateur : « Il était mis fort simplement ; mais on distinguait au premier coup d’œil un homme qui a de la naissance et de l’éducation. » Rappelons que ce narrateur, le marquis de Renoncour, est lui-même un « homme de qualité », capable de reconnaître un  homme de son rang : « je découvris dans ses yeux, dans sa figure et dans tous ses mouvements, un air si fin et si noble […] ».

Les sentiments du narrateur

Comme pour l’héroïne, il est d’abord frappé par l’attitude du jeune homme, son accablement que souligne la connotation métaphorique du verbe qui évoque la mort : « Il paraissait enseveli dans une rêverie profonde. » C’est ce que confirme l’hyperbole qui accentue sa tristesse : « Je n’ai jamais vu de plus vive image de la douleur. » Le résultat de cette observation ferme l’extrait, « je me sentis porté naturellement porté naturellement à lui vouloir du bien. » Il annonce ainsi le rôle actif qu’il va jouer dans cette histoire . Il provoque ainsi la curiosité du lecteur  : comment interviendra-t-il ?

Ce récit du narrateur est important car il joue le rôle traditionnellement accordé à un incipit de roman .

         Même si les personnages restent anonymes, le lecteur, grâce au titre du roman, comprend de qui il s’agit, et dispose ainsi d’informations . De ce fait, le romanesque se met immédiatement en place puisqu’il s’agit d’un convoi de prisonnières.

       Il retient aussi l’attention du lecteur, d’abord par les contradictions du portrait de Manon, aussi bien formulées par le narrateur que par le garde, ensuite par l’insistance sur la douleur des deux personnages observés. L’extrait crée ainsi un horizon d’attente : qui sont réellement ces personnages ? quel lien les unit ? pourquoi une telle « douleur » ? La curiosité du lecteur est éveillée.

         Enfin, très habilement, Prévost prête à son narrateur des sentiments propres à orienter le jugement que le lecteur portera sur les personnages , l’importance accordée à la beauté de l’héroïne, le « respect » et surtout la « pitié », alors même que la situation l'accuse.

Lecture cursive : Seconde rencontre du narrateur avec des Grieux 

Entre les deux rencontres, le lecteur a appris l’amour qui unit les deux personnages, mais aussi comment le manque d’argent empêche le héros de pouvoir rester aux côtés de Manon, car les gardes se font payer pour le lui permettre. Le narrateur intervient alors, en donnant « quatre louis » au jeune homme, et « deux louis » au chef des gardes.

La seconde rencontre

L’extrait nous présente alors les circonstances de la seconde rencontre du narrateur avec le jeune homme , en nous donnant d’abord une indication temporelle : elle a lieu « près de deux ans » après. En l’expliquant par « le hasard », Prévost répond ainsi par l’avance à l’objection sur l’invraisemblance d’une telle coïncidence, cherchant ainsi à donner plus de vérité à son récit , comme par la précision : « il avait la physionomie trop belle pour n’être pas reconnu facilement ».

Le portrait de des Grieux

Pourtant, le portrait insiste sur le changement physique du personnage : « Il était en fort mauvais équipage, et beaucoup plus pâle que je ne l’avais vu la première fois. Il portait sous le bras un vieux porte-manteau, ne faisant que d’arriver dans la ville. » Il crée ainsi un horizon d’attente : qu’a donc pu vivre ce jeune homme ?

Mais sa réaction, rapportée au discours direct, « Ah ! monsieur, s’écria-t-il en me baisant la main, je puis donc encore une fois vous marquer mon immortelle reconnaissance ! », confirme, par la gratitude exprimée , le jugement précédent du narrateur, qui avait reconnu l’« air noble » du jeune homme, d’où l’argent qu’il lui avait alors offert.  En même temps, le portrait montre que sa situation ne semble pas s’être améliorée.

Un horizon d'attente

Cette rencontre est aussi le moyen d’introduire le contenu même du roman, conformément au titre, puisque le jeune homme annonce son récit : « l’histoire de [s]a vie. » Nouvelle façon de susciter la curiosité du lecteur, l’annonce qu’en fait ce narrateur second nous rappelle les contrastes précédemment observés dans le portrait de Manon : « Je veux vous apprendre non seulement mes malheurs et mes peines, mais encore mes désordres et mes plus honteuses faiblesses ». En reprenant ce double aspect, « je suis sûr qu’en me condamnant, vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre ! », Prévost met en évidence sa question au lecteur auquel il appartiendra de décider si ses héros sont coupables par leur immoralité, ou bien victimes des obstacles qui s’opposent à leur amour.

La vérité affirmée

L’adresse au lecteur à la fin de l’extrait insiste fortement sur la vérité , par l’indice temporel, « j’écrivis son histoire presque aussitôt après l’avoir entendue », par le comparatif renforcé, « rien n’est plus exact et plus fidèle que cette narration ». Notons d’ailleurs la reprise de l’adjectif « fidèle », encore accentuée par la présentation finale négative : « Voici donc son récit, auquel je ne mêlerai, jusqu’à la fin, rien qui ne soit de lui. » De ce fait, il annonce trois caractéristiques du récit à venir :

L’analyse psychologique quand il attire en premier lieu l’attention sur « la relation des réflexions et des sentiments ».

Sa dimension romanesque car l’appellation de « jeune aventurier » laisse supposer au lecteur des péripéties nombreuses.

Son style , qui doit correspondre à l’oralité du récit, donc garder de la spontanéité, avec un éloge marqué par le superlatif : il s'« exprimait de la meilleure grâce du monde. »

Explication : Première rencontre de des Grieux et Manon, de "J'avais marqué le temps..." à "... la stérilité du mien." 

Cet extrait marque le début du récit du chevalier des Grieux à l’« homme de qualité ». Après une rapide présentation de sa situation, son âge, « dix-sept ans », la fin de ses « études de philosophie à Amiens » , et son amitié avec Tiberge, il en arrive à sa première rencontre avec l’héroïne . Nous sommes ici dans un topos littéraire fort ancien, la scène de rencontre source d’un coup de foudre, qui tire son originalité du fait que le récit est rétrospectif , alors même que le narrateur – son destinataire et le lecteur – a déjà rencontré le jeune couple dans ce moment de la déportation de Manon au milieu d’autres « filles de joie », spectacle jugé digne de « pitié ». Quelle image cette scène donne-elle de la relation naissante entre les deux héros ?

1ère partie  : Le cadre spatio-temporel (des lignes 1 à 6) 

Les circonstances de la rencontre

Pour inscrire le récit dans la réalité , le narrateur en mentionne le moment : « La veille même de celui où je devais quitter la ville », nommée, « Amiens », et le lieu précis, « l’hôtellerie où ces voitures descendent ». Enfin, est mentionnée l’occupation, bien ordinaire, « étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge », qui permet, en introduisant le personnage qui accompagnera toutes les aventures de des Grieux, de glisser, par la rupture syntaxique, du « je » au « nous ». Tout cela semble donc d’abord très banal , faisant appel, par le choix du présent, à l’expérience des lecteurs de ce temps, qui connaissent les réalités d’un voyage en « coche ». En même temps, il restitue l’atmosphère paisible de ces villes de province où il ne se passe pas grand-chose, ce qui transforme l’arrivée du « coche » en un événement intéressant, digne de stimuler de « la curiosité » : « nous vîmes […] et « nous le suivîmes ».

Le récit rétrospectif

Cependant, il convient de ne pas oublier que ce récit est fait a posteriori , ce qui lui donne un ton particulier car l’aventure vécue charge les événements d’un sens qui n’était pas perceptible au moment où ils étaient vécus.

Ainsi, la première phrase, par son rythme – c’est un alexandrin nettement scandé – et le choix du plus-que-parfait, lui donne une solennité, et va permettre d’ opposer deux moments de la vie de des Grieux . Cette solennité se charge d’une tonalité tragique dans la phrase suivante, avec l’interjection « Hélas ! » et le souhait, expression du regret : « que ne le marquai-je un jour plus tôt ! ». Il introduit donc le sentiment d’ une fatalité qui transforme son destin, en le transformant lui-même : « j’aurais porté chez mon père toute mon innocence. » L’irréel du passé renforce l’aspect irrémédiable de ce changement entre avant et après la rencontre, présenté comme une perte d’« innocence », terme porteur ici d’un double sens. Encore fort jeune, le chevalier n’a, en effet, aucune expérience d’une relation amoureuse, c’est son amour pour Manon qui va faire son apprentissage en le faisant ainsi passer de l’enfance à l’âge d’homme . Mais le terme illustre aussi la fin d’une forme de pureté , l’entrée dans la corruption, et même, puisque le lecteur sait que Manon a été jugée assez coupable pour être envoyer en Amérique, suggère des actes condamnables.

2ème partie  : Le coup de foudre (des lignes 6 à 15) 

Le premier regard

Dès le début du récit  l’héroïne est vue par des Grieux , ce que traduit son récit d’une part par l’opposition, soulignée par le connecteur « mais », entre « quelques femmes » et « une », ainsi isolée de ses compagnes de voyage. Cet isolement est aussi marqué par une autre opposition, entre la forme impersonnelle des verbes, « Il en sortit », « il en resta », tandis qu'intervient ensuite l’implication plus personnelle du narrateur homodiégétique : « Elle me parut ».  

Le regard se limite d’abord à des observations circonstanciées , un âge, « fort jeune », un comportement, « qui s’arrêta seule dans la cour », et la mention de cet « homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur », et de ses actions : il « s’empressait de faire tirer son équipage des paniers », c’est-à-dire de sortir ses bagages des coffres en osier que transporte le coche. 

Cela donne au lecteur une indication du statut social de l’héroïne . Elle appartient à une famille suffisamment élevée pour respecter les convenances sociales qui interdisaient à une jeune fille de se déplacer sans être accompagnée, ici par sans doute un domestique qui lui sert de ce que l’on nommait alors un chaperon, en se chargeant aussi de ses bagages. Cependant, elle voyage en « coche », un transport collectif et non pas individuel, ce qui serait le cas pour une famille noble et riche.

 Un voyage en coche

 Un voyage en coche

Jacques-Jean Pasquier, La première rencontre de des Grieux et Manon, Gravure , 1753

La métamorphose du héros

Mais la fin du paragraphe est construite de façon à mettre en valeur le coup de foudre , à travers l’ effet produit par la vue de la jeune fille sur des Grieux . Déjà, le choix de l’adjectif intensifié « si charmante » révèle sa puissance, car il renvoie, par son étymologie, le latin « carmen » qui désigne une formule d’incantation, à l’idée de magie.

C’est ce qui explique la transformation de des Grieux, dont l’immédiateté est soulignée par le passé simple et la locution adverbiale : « je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport ». S’y ajoute le lexique hyperbolique, avec la reprise de la métaphore précieuse du « feu » dévorant, et d’un égarement, le « transport » qui le  plonge dans un état second . Cette métamorphose est encore davantage mise en valeur parce qu’elle se trouve retardée par la gradation des subordonnées relatives, avec le rythme binaire qui renvoie à l’état passé, bien différent : « moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention ; moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ». Cet état passé renvoie à l’« innocence » précédemment mentionnée, avec les termes choisis, « sagesse » et « retenue », qualités comme en écho à ses « études de philosophie », ici doublement cautionnées, d’abord par l’insistance du récit dont l’oralité est restituée par l’incise, « dis-je », puis par la généralisation : « tout le monde admirait ».

La dernière phrase confirme cette transformation par son rythme, avec la connecteur « mais » qui marque à nouveau l’opposition entre le passé et l’état présent .

Le retour sur le passé insiste sur une personnalité que rien ne préparait à un geste audacieux, avec un redoublement : « être excessivement timide et facile à déconcerter ». 

Mais, en présentant ce trait de caractère comme un « défaut », terme repris par « une faiblesse », le narrateur justifie parallèlement la seconde partie de la phrase, un double alexandrin propre à rendre solennel cet acte qui brise les convenances : « loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur. » 

Notons aussi la rime intérieure entre « faiblesse » et « maîtresse », qui peut paraître une forme d’excuse, en rejetant la culpabilité sur le pouvoir irrésistible de Manon .

3ème partie  :  Un dialogue décisif (des lignes 16 à 38) 

Un premier échange

L'image de Manon

Le premier échange est très banal , une question du chevalier, « Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens, et si elle y avait quelques personnes de connaissance », et une réponse de Manon : « elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. » Mais la phrase qui ouvre le paragraphe introduit déjà un jugement qui marque l’écart de Manon par rapport aux convenances de cette époque , qui imposent à une si jeune fille réserve et pudeur : « Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. »

Mais la suite lui apporte une excuse , car l’adverbe lui prête une franchise enfantine et innocente, tout en l’inscrivant dans la réalité sociale, la soumission à ses parents, l’envoi au couvent également où sont le plus souvent éduquées les filles : « Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse ». Cependant l’objectif, dernier mot de la phrase, ainsi mis en valeur, est déjà inquiétant, puisqu’elle sera alors coupée du monde. Le lecteur, lui, peut s’interroger sur cette contradiction entre l’audace d’accepter de parler ainsi à un jeune homme inconnu et l’ingénuité que lui prête le narrateur …

Tony Johannot, Le bonheur d’aimer, édition de Manon Lescaut , 1839

Tony Johannot, Le bonheur d’aimer, édition de Manon Lescaut, 1839

L'image du narrateur

Le coup de foudre se confirme ensuite, en écho à tant de comédies, de Molière ou de Marivaux, qui mettent en évidence la puissance de l’amour . Le récit du narrateur insiste, en effet, sur le changement qu’il a opéré en lui : « L’amour me rendait déjà si éclairé depuis un moment qu’il était dans mon cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. » Le lexique choisi met en valeur l’obstacle, dramatisant ainsi la situation.

Le récit rétrospectif se dédouble ensuite, car la situation alors vécue, relatée, est réinterprétée à la lumière de l’histoire ultérieure .

            À la rencontre passée se rattache l’aveu d’amour , « Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments », et le discours indirect libre de Manon rapporté : « c’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent ». La précision « malgré elle » a produit son effet, car le discours narrativisé de des Grieux révèle son entrée en lutte : « Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. » Mais notons toute l’ambiguïté de cette présentation, car, au-delà du souci de protéger la jeune fille de cette contrainte, il y a surtout son propre désir et l’aveu de son inexpérience car ses arguments reposent sur une « éloquence scolastique », c’est-à-dire son apprentissage scolaire.

      En revanche, plusieurs commentaires montrent une connaissance psychologique de Manon, qui n’a pu être acquise qu’après cette scène . Ils éloignent Manon de cette image de naïve ingénue, en lui accordant une connaissance de la galanterie amoureuse : « car elle était bien plus expérimentée que moi ». Faut-il y voir déjà une habile excuse du narrateur ? Nous pouvons attribuer le même rôle à l’hypothèse qui suit la réponse de Manon, à peine atténuée par la locution adverbiale, nouvelle accusation de l’héroïne : « pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré », et qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens. » De même, la seconde relative, « qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens », rattache ce trait de caractère de Manon à ce qui s’est produit bien après cette rencontre. Le narrateur continue ainsi, même s’il place en premier les « malheurs » de l’héroïne, à se poser lui-même en victime .

La seconde partie de l'échange

Le rôle de Manon

Son portrait se confirme puisque, face à un discours où l’amour d’un jeune homme se révèle, elle ne fait preuve d’ aucune des réactions que les convenances imposent . Alors qu’elle aurait dû se montrer choquée, voire au moins rougir, « Elle n’affecta ni rigueur ni dédain. » La mention du « moment de silence » est intéressante, car elle suggère que le discours indirect qui suit a été réfléchi , et permet de penser que l’héroïne cherche ainsi à tirer profit de ce jeune homme amoureux pour servir sa propre liberté . L’opposition dans sa phrase, marquée par le connecteur « mais », joue, en effet, habilement sur les sentiments de des Grieux, d’une part en insistant, par la négation qui met en valeur l’adverbe d’intensité, sur son propre état de victime : « elle ne prévoyait que trop qu’elle allait être malheureuse. » D’autre part, elle met en évidence sa résignation, son impuissance : « mais que c’était apparemment la volonté du Ciel, puisqu’il ne lui laissait nul moyen de l’éviter. »  Ce double mouvement est d’ailleurs accompagné du portrait fait par des Grieux avec un chiasme au rythme identique, sept syllabes, « la douceur de ses regards », en écho à sa faiblesse, et « un air charmant de tristesse » pour la victimisation. Elle lance ainsi un véritable défi à un jeune homme, inscrit dans la tradition de l’amour courtois : qu’il sauve sa bien-aimée d’un sort terrible, tel un chevalier médiéval.

Ainsi se met déjà en place la transgression à venir, puisque sauver Manon revient en fait à s’opposer à Dieu .

La réaction de des Grieux

Le verbe introducteur, « je l’assurai », signale la force d’une réponse qui relève aussitôt le défi, en mettant en place le combat à venir , que le lexique choisi amplifie et dramatise : « j’emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents et pour la rendre heureuse. » Tout s’est accéléré car la rencontre vient à peine d’avoir lieu que déjà est lancée une promesse d’amour éternel à laquelle il lui demande de faire confiance : « si elle voulait faire quelque fond sur mon honneur et sur la tendresse infinie qu’elle m’inspirait déjà ».

Le retour sur soi

Le récit fait à l’« homme de qualité » est aussi l’occasion pour le héros, comme dans une autobiographie, de se livrer à une introspection pour expliquer ses actions . Il expose alors deux raisons :

La première renvoie directement à cet « air charmant » de l’héroïne, qui a produit sur lui un effet quasiment magique, ne pas « balancer un moment sur [s]a réponse. » C’est là l’excuse la plus immédiate, le désir amoureux allié au modèle chevaleresque .

La seconde vise à corriger la première : « ou plutôt l’ascendant de ma destinée, qui m’entraînait à ma perte ». Le terme d’« ascendant » renvoie au rôle accordé à l’astrologie, censé déterminer la « destinée » humaine. Des Grieux se dépeint ainsi en victime d’une force supérieure, transcendante, qui ôterait à l’homme toute liberté. Il se donne ici l’image d’un héros tragique, impuissante victime de la fatalité .

À cette double justification s’ajoute la mise en valeur de son innocence par la feinte naïve qui amplifie sa réflexion ultérieure : « Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d’où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m’exprimer » Tout en montrant le rôle fondateur de cette scène de rencontre, la raison invoquée renvoie à la tradition mythologique d’Éros , fils de la déesse Aphrodite, si souvent reprise dans la poésie ou le théâtre et parfaitement connue des lecteurs : « mais on ne ferait pas une divinité de l’amour, s’il n’opérait souvent des prodiges ». Cette nouvelle explication est encore prolongée par le discours narrativisé qui en apporte la preuve  : « j’ajoutai mille choses pressantes ». Des Grieux abrège ainsi son récit, pour éviter de lasser son destinataire.

4ème partie  :  L'aventure décidée (de la ligne 39 à la fin) 

La formule « Ma belle inconnue » renvoie à l’esprit romanesque du jeune homme : le mystère qui auréole une femme contribue à faire naître un désir, avec le déterminant qui affirme déjà sa volonté de possession. Le présent de vérité générale qui suit, « on n’est pas trompeur à mon âge », est ambigu, car est-ce une réflexion de de Grieux qui se définit ainsi lui-même ? Ou bien renvoie-t-elle à Manon, qui expliquerait alors qu'elle s’emploie, précisément, à profiter des sentiments du chevalier dont elle est déjà certaine ? Sa protestation d’amour , réitérée, « Je lui répétai que j’étais prêt à tout entreprendre », est contrebalancée par l’affirmation de sa faiblesse, due à son jeune âge, nouvelle excuse : « mais, n’ayant point assez d’expérience pour imaginer tout d’un coup les moyens de la servir, je m’en tenais à cette assurance générale, qui ne pouvait être d’un grand secours ni pour elle ni pour moi. » Perce aussi ici le sourire a posteriori du narrateur qui a mûri, évolué, et mesure son ancienne impuissance.

Pour illustrer Manon Lescaut : la scène de rencontre

Le portrait de Manon

La scène d’amour ne serait pas complète si, à l’aveu des sentiments amoureux fait par des Grieux, Manon ne répondait pas par un aveu réciproque . Le verbe introducteur, « elle me confessa », suggère un discours timide, avec le sentiment de commettre une faute. Manon aurait donc tout à coup le souci de préserver les bienséances… Mais le discours, lui, n’a rien d’équivoque, et marque clairement la condition d’une relation possible, une aide à fournir : « si je voyais quelque jour à la pouvoir mettre en liberté ». Elle invite ainsi le héros à l’action, à une lutte contre la puissance d’une société patriarcale , des parents qui veulent la faire « religieuse », en annonçant aussi les péripéties à venir, de multiples emprisonnements. En échange, sa promesse est accentuée par le comparatif : « elle croirait m’être redevable de quelque chose de plus cher que la vie. » Manon a, en fait, repris, en les inversant, les deux dimensions de l’aveu de des Grieux, qui avait promis, lui, de consacrer sa « vie » pour la « délivrer de la tyrannie de ses parents ».

Pour illustrer Manon Lescaut : la scène de rencontre

L’obstacle est aussitôt introduit, avec une première péripétie, la surveillance exercée sur Manon : « Son vieil Argus étant venu nous rejoindre ». Argus était, dans la mythologie, un gardien impossible à tromper, car, doté de cent yeux, il n’en fermait jamais que cinquante pour dormir, chargé de surveiller Io, prêtresse de la déesse Héra, que Zeus avait transformée en génisse afin d’empêcher toute vengeance d’Héra, son épouse jalouse. Une telle présentation de la menace ne peut que faire sourire , d’autant que l’hypothèse à l’irréel du passé dément la menace que le futur immédiat a posée : « mes espérances allaient échouer, si elle n’eût eu assez d’esprit pour suppléer à la stérilité du mien. » Mais l’hypothèse reprend le trait de caractère de Manon déjà mentionné, « elle était bien plus expérimentée que moi », en mettant en avant l’« esprit » de Manon, c’est-à-dire la ruse, l’habileté . En soulignant cette supériorité et son rôle, « suppléer à la stérilité du mien », des Grieux se place en spectateur passif des actions de la jeune fille alors même qu’il s’était voulu son vaillant défenseur, se déchargeant à nouveau de toute culpabilité .

Ce récit d’une scène de rencontre joue sur trois dimensions, qui donnent par avance le ton du roman .

       Même si les conditions dans lesquelles elle se déroule la banalisent, c’est une scène romanesque traditionnelle , celle d’ un coup de foudre qui détermine le destin , dont Prévost reprend les principales caractéristiques : le rôle du regard, le bouleversement immédiat qui transforme le héros, les obstacles transgressés. Il annonce ainsi les péripéties à venir, le conflit entre le couple amoureux et les forces dominantes dans la société, celles qui caractérisent le roman d’aventures .

       Prévost reprend aussi la tradition du roman précieux , en mettant en valeur la psychologie de ses deux personnages , une forme de badinage amoureux qui permet au lecteur de découvrir à la fois la jeunesse du chevalier, qui vit avec sincérité les élans d’un amour naissant, et son contraste avec la jeune fille, déjà bien libérée des bienséances, plus « expérimentée » dans la pratique du discours amoureux.

       Enfin le récit étant rétrospectif, il permet de faire peser par avance sur le héros une fatalité tragique . Le narrateur comme son destinataire, le marquis de Renoncour, qui a rencontré Manon enchaînée et a vu la douleur de Des Grieux, connaît les « malheurs » à venir. De ce fait, cette première rencontre oriente le jugement du lecteur , d’autant plus que des Grieux, en se livrant à une sorte de catharsis, multiplie les remarques qui font de lui une victime, du hasard – le choix d’une date, d’un lieu –, d’une femme fatale, voire d’un châtiment céleste…

Histoire des arts  : Étude comparative de deux tableaux 

Les deux illustrateurs du XIXème siècle, Eugène Louis Lami , en 1878, et Maurice Leloir , en 1885, ont parfaitement mesuré l’importance de cette scène de rencontre dans le roman de Prévost. Mais leur peinture, tant par la représentation du décor que par l’image du couple, en propose deux interprétations différentes : le premier évoque davantage un libertinage à venir, le second accorde plus de place aux contraintes sociales.

La scène de rencontre : Manon Lescaut illustrée par Lami et Leloir

Histoire des arts  : Jean Delannoy, Manon Lescaut , extrait du film, 1978 

Manon Lescaut, film de Delannoy, 1978

Pour voir l'extrait

En 1978, Jean Delannoy choisit d'adapter au cinéma Manon Lescaut , une interprétation fidèle comme le prouve cet extrait présentant la scène de rencontre.

La voix off reprend le moment-clé du coup de foudre , en lisant le texte qui souligne le changement vécu par le héros. Cela est soutenu par la musique , à ce même instant, ainsi que par les gros plans sur les visages : bouleversement chez des Grieux, sourire esquissé qui signe l’intérêt de Manon.

Trois points relèvent cependant du choix du cinéaste .

Le décor

Le décor restitue l’époque , l’arrivée du coche dans la cour de l’hôtellerie, qui ressemble aussi à une cour de ferme , avec la charrette, le tas de fumier, le meuglement des vaches, le chant du coq, et surtout les moutons qui encerclent le couple. Peut-être faut-il y voir un symbolisme de leur innocence d’« enfants », sur laquelle insiste d’ailleurs Manon en marquant leur impuissance face aux « grandes personnes », au « monde des adultes […] fermé à double tour comme leur coffre. »

Le personnage de Tiberge

La présentation du personnage de Tiberge renforce son contraste avec des Grieux , par son vêtement, ses lunettes, et par sa réaction face à l’élan de curiosité qui provoque le blâme adressé à son ami, « Tout vous amuse », mais sur un ton indulgent. Même s’il est très vite effacé de la scène par la précision ajoutée au texte de Prévost, « laissant Tiberge interloqué », cela permet au cinéaste d’ introduire d’emblée le thème de la religion , à travers la réponse de des Grieux : « « Toute la vie m’amuse, cher frère. Ce n’est pas un péché. C’est Dieu qui l’a faite ».

C’est essentiellement sur l’image de Manon que joue le cinéaste. Il restitue, certes, son ambiguïté .

D’un côté, son discours adopte un ton résigné , invoque la « volonté du Ciel », comme dans le roman, sa faiblesse devant susciter l’action de des Grieux pour qu’elle ne soit pas « malheureuse », d’où les paroles révoltées qui expriment sa colère, après son aveu direct : « Vous êtes trop jolie ».

Mais, de l’autre, en ajoutant la présentation mutuelle, il met en évidence la réaction de Manon, « Vous êtes noble », suivi de l’exclamation « Dommage ! » il suggère une raison plus intéressée, celle d’ une jeune fille manipulatrice : cet écart social joue un rôle à ses yeux. C’est elle aussi qui pose la raison de son envoi au couvent , que Prévost rattache, lui, à une hypothèse faite a posteriori par le narrateur : « Ils disent que j’aime trop le plaisir. Peut-être est-ce vrai ». Le ton modeste de cet aveu est donc le moyen imaginé par le cinéaste pour effectuer une prolepse, annonciatrice de la suite.

Enfin, notons le jeu de la caméra quand les deux amants réunis contemplent leur image dans l’eau du puits, en une sorte de mise en abyme puisque Manon développe ce qui pourrait être vécu ; mais, en concluant « l’histoire est finie tout de suite », elle lance un défi au chevalier.

La fin du passage dépasse l’extrait du roman étudié , puisque l’inexpérience de des Grieux est renforcée par son silence à la répétition de la question de Manon, « Comment ? », tandis que la ruse de celle-ci est immédiatement montrée. Quand le serviteur, représentant du pouvoir patriarcal, vient s’intercaler comme pour séparer le couple, Manon se transforme en une habile comédienne pour jouer sa joie des retrouvailles avec ce soi-disant « cousin ».

Explication : Première réconciliation, de "Je demeurais interdit..."  à "... un seul de tes regards." 

Le chevalier des Grieux, séduit au premier regard par la belle Manon Lescaut, abandonne son projet d’études au séminaire, s’enfuit avec elle et le couple s’installe à Paris. Mais le père du chevalier sépare rapidement les amants, et des Grieux apprend la perfidie de Manon : elle a entretenu le couple grâce à l’argent obtenu d’un de ses amants, qui a alerté le père du chevalier pour se débarrasser de son rival. Deux ans après, alors qu’il a repris ses études au séminaire de Saint-Sulpice, des Grieux reçoit sa visite au parloir . Trois temps sont envisagés au cours de cette rencontre : le passé, avec le repentir de Manon, le présent, qui correspond à l’élan amoureux, et le futur, avec les promesses.  Comment le romancier met-il en valeur le pouvoir exercé par l’héroïne ?

1ère partie  :  Manon, une séductrice ? 

L'expression de son repentir : le retour sur le passé

Dans un premier temps, Manon est debout, dans une immobilité totale, indice de son inquiétude face à la réaction possible de des Grieux , de « [s]on embarras ». Mais très vite, elle se reprend, et l’on assiste à une scène comme au théâtre, avec un premier geste, interprété par des Grieux : « elle mit sa main devant ses yeux, pour cacher quelques larmes. » Ses paroles sont rapportées au discours indirect ce qui, toujours comme au théâtre, met l’accent sur son « ton timide », comme si c’était une didascalie. La phrase se développe en deux temps :

D’abord il y a l’aveu d’« infidélité » , introduit par le verbe « elle confessait », comme si le fait de se trouver dans le parloir du séminaire, face à des Grieux en soutane, poussait Manon à ce langage religieux qui reconnaît une faute. Mais elle ne dit rien de cette infidélité, n’en invoque aucune raison, seule la réaction supposée du chevalier est mise en valeur : elle « méritait ma haine »

Puis, en opposition, Manon rejette la faute sur le chevalier , en l’accusant de « dureté », sur laquelle le rythme binaire de la phrase insiste : par rapport au passé, « laisser passer deux ans sans m’informer de son sort », et par rapport au présent : « la voir dans l’état où elle était en ma présence, sans lui dire une parole ».

Ainsi des Grieux se retrouve en position d’accusé , puisque l’hypothèse, lancée en tête de la seconde partie de la phrase, met en doute la sincérité de son amour : « s’il était vrai que j’eusse jamais eu quelque tendresse pour elle ». Son mouvement, « elle s’assit », brièvement signalé, est déjà un premier indice de victoire : elle ne craint plus un rejet, et peut s’installer.

Les premières réactions de des Grieux vont permettre à Manon de faire évoluer la situation, en insistant sur son repentir : « Elle me répéta, en pleurant à chaudes larmes, qu’elle ne prétendait point justifier sa perfidie ». Notons la gradation dans les larmes, et la reprise du terme « perfidie », en parallèle avec l’attitude et le mot du chevalier. Elle évite ainsi de devoir donner une explication.  

Ses élans amoureux : l'amour vécu au présent

        Il est marqué d’abord par la déclaration d'amour hyperbolique dans le discours rapporté direct en réponse à la question de des Grieux : « Je prétends mourir, répondit-elle, si vous ne me rendez votre cœur, sans lequel il est impossible que je vive. ». La phrase oppose, de façon hyperbolique, « mourir » à « vivre », et la condition met à nouveau en cause le chevalier. C’est pourtant bien Manon qui, par besoin d’argent, a pris un amant généreux... 

         Ces paroles sont confirmées ensuite par une double gestuelle, dès qu’elle comprend que des Grieux l’aime encore. Le rythme de la phrase, en crescendo, reproduit un mouvement d’élan : « elle se leva avec transport pour venir m’embrasser ». Cet élan est amplifié par l’hyperbole qui suit, avec un verbe qui place même des Grieux dans une position d’infériorité, de victime : « Elle m’accabla de mille caresses passionnées ».

         Enfin, le romancier recourt au discours narrativisé pour le langage amoureux qui complète cette scène , toujours  hyperbolique avec le superlatif : « Elle m’appela par tous les noms que l’amour invente pour exprimer ses plus vives tendresses ».

Ce passage est le moment d’apogée de la scène , qui s’apaise ensuite en réunissant les amants, à travers le pronom personnel choisi et la gestuelle : « Nous nous assîmes l’un près de l’autre. Je pris ses mains dans les miennes. » La victoire de Manon semble alors assurée.

Les promesses

Il reste une dernière étape cependant : rassurer des Grieux sur le futur en répondant à sa question : « dites-moi si vous serez plus fidèle ? » Cela sera accompli en deux temps, qui lient le passé (« son repentir ») au futur (« elle s’engagea à la fidélité »), toujours à l’aide du discours narrativisé. Le « repentir » est donc, comme il est de règle dans une confession chrétienne, le gage de la promesse de ne plus pécher . À nouveau ce discours est accentué par les adverbes d’intensité et le redoublement lexical qui insiste sur la force du sentiment amoureux : « des choses si touchantes », « tant de protestations et de serments ».

Par comparaison à la longueur de ce texte, il y a peu d’interventions de Manon, et une seule est rapportée au discours direct, comme si ce qu’elle avait dit avait eu, pour des Grieux, finalement moins d’importance que ses gestes, et surtout que sa seule vue.

2ème partie  :  Les réactions de des Grieux 

Le trouble initial

Le passage s’ouvre, en effet, sur la « vue » de Manon, et se clôt sur « un seul de ses regards » : c’est dire à quel point le chevalier est fasciné par celle-ci, fascination qui engendre en lui un trouble profond.

        Dans le premier paragraphe , il apparaît comme paralysé, « interdit », reste totalement passif : « j’attendais ». Sa seule solution est d’essayer de détourner son regard, en conservant « les yeux baissés ».  Il ne maîtrise pas non plus ni son corps, pris d’un « tremblement »,  ni  son esprit, ce que résume la dernière phrase du premier paragraphe, aveu de la puissance indicible de l’amour : « Le désordre de mon âme, en l’écoutant, ne saurait être exprimé. ».

        Dans le deuxième paragraphe , nous retrouvons ce même désir d’échapper à cette sorte d’hypnose que la seule vue de Manon exerce sur lui : « Je demeurai debout, le corps à demi tourné, n’osant l’envisager directement. ». Il y a aussi toujours cette absence de maîtrise de son langage, « je commençais plusieurs fois une réponse, que je n’eus pas la force d’achever », et de son corps, qui confirme son impuissance : « des pleurs, que je m’efforçais en vain de retenir ».

Gravelot, La scène au parloir de Saint-Sulpice, Gravure , 1753

Gravelot, La scène au parloir de Saint-Sulpice, Gravure, 1753RetrouvaillesGravelot.jpg

        Enfin, quand Manon l’embrasse , son trouble devient encore plus fort, traduit par l’exclamation qui commente son état : « Quel passage, en effet, de la situation tranquille où j’avais été, aux mouvements tumultueux que je sentais renaître ! » Cette expression d’une forme de douloureux regret donne l’impression qu’il assiste, comme étranger, au bouleversement que Manon provoque en lui . L’amour qu’elle lui apporte n’a rien de paisible, et la fin du paragraphe le souligne d’abord par le choix de verbes hyperboliques : « J’en étais épouvanté », « Je frémissais ». La comparaison, qui relève de la tonalité fantastique, intensifie ce trouble, qui devient effrayant : « comme il arrive lorsqu’on se trouve la nuit dans une campagne écartée : on se croit transporté dans un nouvel ordre de choses ; on y est saisi d’une horreur secrète ». Les participes passés, « transporté », « saisi », marquent le fait que des Grieux ne s’appartient plus, est réduit à l’état de victime passive , et la négation restrictive, « dont on ne se remet qu’après avoir considéré longtemps tous les environs », montre la faiblesse de la raison face à la passion .

De la révolte à l'aveu amoureux

Dans un premier temps, des Grieux fait une tentative pour exprimer sa révolte : nous trouvons deux fois le verbe « s’écrier », et le discours direct exclamatif, avec l’interjection, « Ah ! » et la répétition triple de « Perfide ! ». De même, l’insistance de sa question, soutenue par la conjonction « donc », « Que prétendez-vous donc ? », prouve sa tension extrême . Mais, parallèlement, ce discours est plus empreint de souffrance que de colère : « m’écrier douloureusement », « en versant moi-même des pleurs ».

Cela le conduit tout naturellement à un aveu amoureux , renforcé par le choix de l’impératif, d’abord encore mêlé au reproche, « Demande donc ma vie, infidèle ! », renforcé par le passage au tutoiement, ensuite soutenu par la litote : « mon cœur n’a jamais cessé d’être à toi ». Mais cet amour se présente immédiatement comme une sorte de martyre à subir puisqu’il l’associe à l’idée de se « sacrifier ».

L'image d'une soumission

La soumission culmine dans le troisième paragraphe , en écho au rapprochement des corps, et se traduit par le regard, à présent soutenu par le qualificatif, « en la regardant d’un œil triste », et le constat chargé d’amertume amplifié par la négation : « je ne vois que trop que vous êtes plus charmante que jamais ». Le comparatif rappelle l’action quasi magique exercée par Manon sur le héros . Il revient au vouvoiement, et ton change alors, devient celui de la plainte à travers la métaphore accusatrice : « la noire trahison dont vous avez payé mon amour ». Puis, en filant une personnification du « cœur », le chevalier se pose en victime : « il vous était facile de tromper un cœur dont vous étiez la souveraine absolue et qui mettait toute sa félicité à vous plaire et à vous obéir ». L’opposition des deux relatives accentue la toute puissance de Manon , qui devient la "dame" suzeraine de l’amour courtois face aux deux infinitifs compléments, « plaire » et « obéir », qui dépeignent la soumission de des Grieux. Ce rythme binaire insistant se répète dans la question indirecte, introduite par un impératif de supplication, « Dites-moi maintenant si vous en avez trouvé d’aussi tendre et d’aussi soumis », question rhétorique puisqu’il lui répond lui-même avec force aussitôt : « Non, non, la nature n’en fait guère de la même trempe que le mien. »

3ème partie : L'image d'une femme fatale 

Tony Johannot, La réconciliation, édition de Manon Lescaut, 1839

La victoire de Manon

La multiplication des questions de des Grieux, avec l’impératif repris en anaphore, traduit sa véritable angoisse, la crainte que le passé ne se répète : « Dites-moi du moins si vous l’avez quelquefois regretté. Quel fond dois-je faire sur ce retour de bonté qui vous ramène aujourd’hui pour le consoler ? » Mais cette formulation révèle aussi la puissance de Manon, puisque le chevalier envisage ainsi un avenir possible , un retour de sa confiance. La dernière question, avec l’invocation qui l’introduit, « au nom de toutes les peines que j’ai souffertes pour vous », le place à nouveau en situation d’attente passive : « belle Manon, dites-moi si vous serez plus fidèle. » Nous notons d’ailleurs le glissement de l’accusation « Perfide Manon ! » à « belle Manon », qui révèle le pouvoir qu’elle exerce , pour arriver à « Chère Manon », qui ouvre le discours direct rapporté.

Tony Johannot, La réconciliation, édition de Manon Lescaut , 1839

À aucun moment Manon n’est décrite, et le récit ne reprend pas précisément ses paroles, seule l’hyperbole dans la conséquence met en évidence son triomphe : « Elle me répondit des choses si touchantes sur son repentir, et elle s’engagea à la fidélité par tant de protestations et de serments, qu’elle m’attendrit à un degré inexprimable. » Il suffit de l’exaltation du héros pour que le lecteur mesure sa défaite, et c’est bien le regard qui, comme lors de la première rencontre, cause sa perte, ses « beaux yeux », et même « un seul de [s]es regards ».

Ainsi, dans le dernier paragraphe, Manon se trouve totalement divinisée , « tu es trop adorable pour une créature », ce que souligne d’ailleurs le narrateur : « avec un mélange d’expressions amoureuses et théologiques ».

La fatalité tragique

Mais l’amour de Manon entraîne aussi une fatalité tragique, dont le chevalier est parfaitement conscient : « je le prévois bien, je lis ma destinée dans tes beaux yeux ». Il est ainsi prêt à tout sacrifier pour l’amour de Manon comme le signale l’énumération des renoncements dans les dernières lignes : « je vais perdre ma fortune et ma réputation pour toi », repris par « les faveurs de la fortune ne me touchent point », « la gloire me paraît une fumée », « tous mes projets de vie ecclésiastique étaient de folles imaginations ». Sa déclaration signe la défaite de sa raison, qui n’est plus que le support d’illusions, face à une passion triomphante , « victorieuse », que le terme « délectation » compare aux délices aux délices promis au chrétien dans l’au-delà.

Mais c’est alors le "Ciel", si souvent invoqué dans le roman, qui se trouve bravé car Manon s’est révélée plus puissante que la foi chrétienne du héros, qui se trouve balayée . Des Grieux nie ainsi un dogme essentiel du christianisme, qui laisse à l’homme son libre-arbitre : « Tout ce qu’on dit de la liberté à Saint-Sulpice est une chimère ». Des Grieux se reconnaît totalement aliéné à Manon, et sa passion profane efface toute son instruction religieuse qui lui a forcément inculqué l’idée que le bien suprême ne peut être que le paradis dans l’au-delà : « tous les biens différents de ceux que j’espère avec toi sont des biens méprisables ».

Un retournement s’est opéré au fil du texte : la confession initiale de Manon, son aveu de faute, se sont transformés en une reconversion de des Grieux à l’amour, plus fort que la faute, plus fort que les doutes, plus fort aussi que tous les interdits sociaux, moraux et religieux. Ainsi la confession a fonctionné à l’envers : au lieu de ramener la pécheresse à la vertu, c’est elle qui détourne le confesseur du droit chemin. Cela révèle la toute-puissance de l’héroïne , à la fois manipulatrice d’un chevalier bien naïf, mais aussi capable de lui donner tous les signes d’un amour qui semble tout à fait sincère. Le lecteur hésite sans cesse entre ces deux interprétations de cette scène …

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Mais à la fin de cet extrait, les paroles de des Grieux, qui traduit en des termes « théologiques » son amour totalement profane et est prêt à s’éloigner de la foi chrétienne, laissent planer la menace d’un châtiment, d’autant plus qu’il est parfaitement conscient du risque qu’il prend, annonce du dénouement tragique . Or, rappelons l’avis au lecteur qui précède le roman : le public « verra, dans la conduite de M. des Grieux, un exemple terrible de la force des passions. », et l’auteur insiste sur son désir de « servir à l’instruction des mœurs ». Cela ne peut que nous rappeler les déclarations de Racine, notamment dans la Préface de Phèdre .

Lecture cursive  : Remords et pardon 

Après chaque « perfidie » de Manon se reproduit une même scène où les reproches de des Grieux conduisent à une réconciliation . La première a lieu dans le parloir de Saint-Sulpice, la deuxième après sa relation avec le « vieux G...M..., puis, dans la seconde partie, alors que Manon a séduit le fils de M. de G…M…, celle-ci est la troisième. Manon n’est pas venue au rendez-vous fixé à la Comédie-Française, mais a envoyé une fille à l'intention de des Grieux à sa place, avec une lettre qui le rejette. Il se précipite alors pour lui demander des explications, et la trouve en train de lire tranquillement. Cet extrait présente trois différences importantes avec la première réconciliation .

Les reproches de des Grieux

Il accentue l’expression de la douleur : « j’ai le cœur percé de la douleur de votre trahison », qualifiée de « si cruel traitement ». Le ton adopté renforce sa plainte, dramatisée puisqu’il évoque sa mort : « il est bien tard de me donner des larmes, lorsque vous avez causé ma mort. » C’est ce qui explique que les reproches sont bien plus violents , réitérés avec force : « infidèle et parjure Manon ! », « Inconstante Manon, repris-je encore, fille ingrate et sans foi, où sont vos promesses et vos serments ? », « Horrible dissimulation ! m’écriai-je ; je vois mieux que jamais que tu n’es qu’une coquine et une perfide. C’est à présent que je connais ton misérable caractère. » Sa violence se traduit par la multiplication des exclamations et des interrogations : « Amante mille fois volage et cruelle, qu’as-tu fait de cet amour que tu me jurais encore aujourd’hui ? Juste ciel ! ajoutai-je, est-ce ainsi qu’une infidèle se rit de vous, après vous avoir attesté si saintement ! C’est donc le parjure qui est récompensé ? Le désespoir et l’abandon sont pour la constance et la fidélité ! »

Il semble donc plus lucide et prêt à quitter celle qui le trompe sans cesse : « Adieu, lâche créature, continuai-je en me levant ; j’aime mieux mourir mille fois que d’avoir désormais le moindre commerce avec toi. Que le ciel me punisse moi-même si je t’honore jamais du moindre regard ! »

L'attitude de Manon

        Pendant toute la première partie de la scène, Manon ne parle pas, elle se contente d’ une attitude qui fait écho à la douleur de son amant : « Elle ne me répondit point ; mais, lorsque je fus assis, elle se laissa tomber à genoux, et elle appuya sa tête sur les miens, en cachant son visage de mes mains. Je sentis en un instant qu’elle les mouillait de ses larmes. », « Elle baisait mes mains sans changer de posture. »

      Le seul discours rapporté directement n’est plus l’aveu d’une faute, mais le rejet de sa culpabilité , fondée sur la conception, la casuistique héritée des jésuites, que l’intention pure excuse cette faute, soutenue par l’appel au châtiment céleste  : « Il faut que je sois bien coupable, me dit-elle tristement, puisque j’ai pu vous causer tant de douleur et d’émotion ; mais que le Ciel me punisse si j’ai cru l’être, ou si j’ai eu la pensée de le devenir. »

        Enfin, c’est elle qui, quand elle constate que son amant est prêt à partir, adopte la soumission jadis habituelle à des Grieux , « Elle fut si épouvantée de ce transport, que, demeurant à genoux près de la chaise d’où je m’étais levé, elle me regardait en tremblant et sans oser respirer. », et elle choisit  la supplication : « Elle laissa tomber ses bras sur mon cou, en disant que c’était elle-même qui avait besoin de ma bonté pour me faire oublier les chagrins qu’elle me causait ».

La faiblesse de de des Grieux

Dans la première réconciliation, des Grieux avait mis du temps avant d’être reconquis par Manon. Mais, dès le début, son « ton tendre » laisse supposer que son amour est, à présent, si enraciné en lui qu’il est inaltérable. C’est ce qui explique que le retournement de situation soit si brutal , sans que rien ne le justifie, sinon à nouveau un regard sur Manon : « Mais il aurait fallu que j’eusse perdu tout sentiment d’humanité pour m’endurcir contre tant de charmes. / J’étais si éloigné d’avoir cette force barbare, que, passant tout d’un coup à l’extrémité opposée, je retournai vers elle, ou plutôt je m’y précipitai sans réflexion ».

L’inversion est telle que c’est lui qui en arrive à implorer son pardon : « Là, tout ce qu’un amant soumis et passionné peut imaginer de plus respectueux et de plus tendre, je le renfermai en peu de mots dans mes excuses. Je lui demandai en grâce de prononcer qu’elle me pardonnait. » Le dernier discours direct du chevalier, en totale contradiction avec ses reproches, souligne donc à quel point il est à tout jamais lié à Manon : «  ah ! je ne vous demande point de justification, j’approuve tout ce que vous avez fait. Ce n’est point à moi d’exiger des raisons de votre conduite : trop content, trop heureux, si ma chère Manon ne m’ôte point la tendresse de son cœur ! »

Cette scène inverse donc la première : la demande de pardon de Manon à des Grieux devient celle de des Grieux à Manon, d’autant plus frappante que les reproches, eux, ont été bien plus développés, plus violents, révélant sa lucidité sur le caractère de Manon. La raison a donc perdu toute force face à la passion .

Étude de la langue : les discours rapportés  

Pour une étude précise, avec des exercices.

1/ « Elle me dit d’un ton timid e qu ’ elle confess ait que son infidélité mérit ai t ma haine. »

2/ « " Que prétend ez - vous donc ? m’écriai-je encore. — J e préte nds mourir, répondit-elle, si vous ne me rend ez votre cœur, sans lequel il es t impossible que je vive " . »

3/ « Elle m’appela par tous les noms [ que l’amour invente pour exprimer ses plus vives tendresses. ] »

4/ « xxx  [C]’ét ait malgré elle qu’on l ’envoyait au couvent […] »

Ces quatre phrases permettent d’observer les quatre formes de discours rapporté . Pour chacune, seront observés les éléments mis en valeur par la typographie. On insistera tout particulièrement sur

la différence entre le discours indirect (phrase n°1, repérable par la conjonction qui l'introduit, ici à deux reprises), dans lequel il est important d’observer la façon dont le verbe introducteur indique le ton , et le discours direct (phrase n°2, repérable par les guillemets et le tiret pour le changement d'émetteur) dans lequel le ton, ici l’interrogation, est marqué par la ponctuation expressive . On comparera aussi le choix des personnes (pronoms, déterminants possessifs) et des temps. 

le discours narrativisé (phrase n°3) qui signale au lecteur une prise de parole, mais dont le contenu n’est que résumé , sans que ne soient repris les termes précis. Il relève donc plutôt du portrait psychologique des personnages.

le discours indirect libre (phrase n°4), encore très rare au XVIIIème siècle : il possède toutes les caractéristiques du discours indirect (énonciation à la 3ème personne et concordance des temps au passé), mais sans verbe ni conjonction pour l’introduire. Il est très ambigu, car les mots rapportés peuvent se confondre avec le récit du narrateur .

Étude d’ensemble  : L’image de l’amour 

Ces trois premières explications et les documents d’accompagnement permettent de mesurer la place centrale qu’occupe l’amour à la fois dans l’intrigue du roman et dans la psychologie des deux protagonistes .

L’intrigue repose, en effet, sur les nombreux obstacles qui entravent l’amour des héros, les contraintes sociales, l’importance du matérialisme dans une société qui prône le plaisir, d’où les transgressions successives , sociales, morales, religieuses, qui conduisent à des délits, à des crimes, à la mort. En même temps, le lecteur, devant les incessantes trahisons de Manon, est en droit de s’interroger sur la réciprocité de l'amour au sein du couple  : aime-t-elle réellement des Grieux ? Ne s’agit-il pas pour elle de jouer de ses « charmes » pour profiter de la faiblesse immédiatement perçue dans ce jeune homme ?  

Les péripéties inscrivent ainsi l’amour dans une dimension propre à provoquer la compassion du lecteur. La fatalité , caractéristique du tragique, est, certes, sans cesse invoquée par des Grieux pour expliquer, dans un récit a posteriori, les malheurs vécus. Mais ce tragique vient-il d’un châtiment céleste, ou bien tout simplement de la nature même des deux personnages, dont l’impuissance devient pathétique face au pouvoir de la société patriarcale et monarchique ?

Pour se reporter à l'analyse

Explication : un stratagème, de "l'heure du souper étant venue..."  à "... cette ridicule scène." .

Après la trahison de Manon avec M. de B…, riche fermier général, qui a conduit à une longue séparation d’avec des Grieux, le couple s’est réconcilié mais, très vite, le manque d’argent se fait sentir à cause de l’amour de Manon « pour le plaisir » et du rôle de parasite que joue son frère. Quand un vol complète la menace de ruine, celui-ci en vient même, à la grande indignation du chevalier, à lui conseiller de tirer profit des charmes de Manon. Une nouvelle péripétie s’annonce alors, quand des Grieux apprend que Manon a séduit M. de G… M… et en a déjà obtenu de l’argent . Après un temps de douleur et de colère, le chevalier accepte de participer à la tromperie qui se met alors en place : faire passer des Grieux pour le jeune frère de Manon, promettre une nuit d’amour à M. de G…M…, mais s’éclipser dès qu’il se sera retiré dans sa chambre, Manon s’enfuyant avec son frère et son amant. En quoi cette scène met-elle en valeur la façon transgressive dont le couple vit son amour ? 

1ère partie : Les préalables (des lignes 1 à 9) 

La mise en scène

Le récit prêté par Prévost à des Grieux suit la chronologie des faits , nettement marquée, comme les actes d’une pièce de théâtre : « L’heure du souper étant venue », « Le premier compliment », « ensuite », « en attendant que… » Cela permet au lecteur de découvrir le rôle de chacun des protagonistes, comme lors d’un prologue . Sont d’abord présents « dans la salle » celle qui est la clé de l’action, Manon, et son frère, qui, tel un metteur en scène, est l’instigateur de cette comédie. C’est donc lui qui doit donner le signal de l’entrée en scène du héros : « J’étais à la porte, où je prêtais l’oreille en attendant que Lescaut m’avertît d’entrer. » Des Grieux a, en effet, accepté de se prêter à ce jeu, pour l’instant en tant que témoin  caché, ce qui peut tout de même révéler son inquiétude. L’appellation des protagonistes rappelle d'ailleurs les personnages d’une comédie , un barbon, un « vieillard », face à celle qu’il veut séduire, « sa belle ».

Le but du stratagème

Quand la victime, « M. de G… M… », entre en scène, l’objectif de cette rencontre est aussitôt montré par le champ lexical qui met d’emblée l’accent sur l’argent par l’énumération des bijoux, avec la précision de leur coût exact : « Le premier compliment du vieillard fut d’offrir à sa belle un collier, des bracelets et des pendants de perles qui valaient au moins mille écus. » Mais le fait de considérer comme un « compliment » l’offre de bijoux montre que, dans cette société, le matérialisme règne : une femme s’achète . C’est ce que confirme encore plus directement – et plus grossièrement – le prix de cet achat, mentionné : « Il lui compta ensuite en beaux louis d’or la somme de deux mille quatre cents livres, qui faisaient la moitié de la pension. »

Ce n’est qu’après cela que viennent les paroles, avec un verbe qui montre que ce n’est qu’un ajout, comme une sorte d’obligation à remplir. Mais c’est aussi le premier signe de ridicule de cet homme d’âge qui ne maîtrise pas le langage élégant de la séduction : « Il assaisonna son présent de quantité de douceurs dans le goût de la vieille cour. » La formule renvoie aux premiers temps de la monarchie, quand les manières élégantes de la Préciosité n’étaient pas encore de mise.

L’idée qu’il s’agit bien d’un marché se complète du côté de Manon, qui, à son tour, paie sa part en entrant dans une sorte de troc . Par la négation, « Manon ne put lui refuser quelques baisers », des Grieux assume sa pleine complicité. Aucune jalousie, en effet, mais une justification qui inscrit le marché dans la légalité : « c’était autant de droits qu’elle acquérait sur l’argent qu’il lui mettait entre les mains. » Ainsi, la tromperie est, par avance, excusée.

2ème partie : La présentation (des lignes 10 à 16) 

L'entrée en scène du héros

Comme au théâtre, l’intrigue se noue alors avec l’entrée en scène du héros, des Grieux , acteur totalement soumis à son metteur en scène : C’est, en effet, toujours le frère de Manon qui mène le jeu , « Il vint me prendre par la main », « me conduisant vers M. de G… M… », « il m’ordonna de lui faire la révérence ». C'est lui qui en règle les étapes : la subordonnée temporelle, « lorsque Manon eut serré l’argent et les bijoux », montre sa prudence : il ne perd pas de vue l’objectif visé.

Mais cette présentation fait sourire p ar la façon d’abord dont des Grieux joue son rôle , avec le superlatif qui souligne l’exagération du mouvement : « J’en fis deux ou trois des plus profondes. »

Tony Johannot, La présentation de des Grieux à M. de G... M..., Gravure , 1839

Gravelot, La présentation de des Grieux à M. de G... M..., Gravure, 1753

Le double discours

Après le comique de gestes vient le comique de mots, avec le double langage du discours de Lescaut directement :

        D’abord à l’adresse de leur hôte , il présente le chevalier , censé être le jeune frère de Manon, en accentuant sa jeunesse et sa naïveté par l’emploi des adverbes d’intensité : « c’est un enfant fort neuf. Il est bien éloigné, comme vous le voyez, d’avoir des airs de Paris ». Il s’agit de le faire accepter aux côtés de Manon, d' empêcher toute méfiance du vieil homme, qu’il flatte aussi en lui donnant le rôle d’un professeur de belles manières : « nous espérons qu’un peu d’usage le façonnera ». Le pronom « nous » rappelle au lecteur la complicité des trois protagonistes.

        Ensuite à l’adresse de des Grieux , il poursuit sa feinte , avec un lexique mélioratif, qui renforce encore sa flatterie à l’égard du séducteur : « Vous aurez l’honneur de voir ici souvent monsieur, ajouta-t-il en se tournant vers moi ; faites bien votre profit d’un si bon modèle. »

3ème partie : Le dialogue (des lignes 17 à 29) 

Le stratagème réussi

L’acte suivant introduit le dialogue initial, qui vient prouver le succès du stratagème : « Le vieil amant parut prendre plaisir à me voir. » Son geste ridicule , comme si des Grieux était un petit enfant, montre que son sentiment de supériorité l'a fait immédiatement tomber dans le piège : « Il me donna deux ou trois petits coups sur la joue en me disant que j’étais un joli garçon ». Son discours surtout fait sourire le lecteur , public qui lui est dans la connivence, car son avertissement, « qu’il fallait être sur mes gardes à Paris, où les jeunes gens se laissent aller facilement à la débauche. » retrace précisément l’itinéraire suivi par des Grieux. Notons aussi le cynisme de ce conseil donné par un homme qui, dans un âge avancé, est lui-même tombé dans « la débauche » quand il utilise sa fortune pour s’acheter une femme…

Pour répondre à l’idée de « débauche », Lescaut intervient et le verbe qui introduit le discours indirectement rapporté traduit sa volonté de rassurer encore davantage leur victime en invoquant la religion   : « Lescaut l’assura que j’étais naturellement si sage, que je ne parlais que de me faire prêtre, et que tout mon plaisir était à faire des petites chapelles. » Mais ce mensonge, rendu insistant par le rythme ternaire des subordonnées, est d’autant plus scandaleux qu’il prête à des Grieux le choix d’un état et un comportement religieux – il jouerait, comme les enfants, à élaborer et à décorer de petits autels – alors même que celui-ci s’est enfui du séminaire de Saint-Sulpice !

Le comique de l'équivoque

Le dialogue devient franchement comique, par l’équivoque mise en évidence à chaque phrase du dialogue entre le héros et M. de G… M…

            La naïveté de M. de G… M… ressort de son premier commentaire, qui confirme le succès du stratagème : « Je lui trouve de l’air de Manon », et qui peut prendre un double sens puisque les deux amants partagent cette tromperie. Des Grieux maintient son jeu d’acteur par ses mimiques : « Je répondis d’un air niais ». Mais, contrairement au vieillard dupé, le lecteur, complice, perçoit, lui, le double sens érotique de la riposte de des Grieux , « Monsieur, c’est que nos deux chairs se touchent de bien proche », qui lui offre en outre l’occasion de proclamer à Manon la force de son amour : « aussi j’aime ma sœur comme un autre moi-même. »

         Le jeu se poursuit par la deuxième réplique de M. de G... M..., qui confirme sa confiance accordée au rôle joué par des Grieux , celui d’un provincial ignorant les manières de la bonne société : « L’entendez-vous ? dit-il à Lescaut ; il a de l’esprit. C’est dommage que cet enfant-là n’ait pas un peu plus de monde. » Il prend ainsi à témoin le menteur lui-même, Lescaut , à deux reprises, en répétant son qualificatif d’« enfant », avec un enthousiasme que souligne l’impératif : « Voyez, ajouta-t-il, cela est admirable pour un enfant de province. » La protestation du héros, qui conserve soigneusement l’image de son personnage fréquentant « les églises », accentue encore le comique, puisqu’à présent, par le comparatif, il se moque directement de la naïveté de son interlocuteur : « Ho ! monsieur, repris-je, j’en ai vu beaucoup chez nous dans les églises, et je crois bien que j’en trouverai à Paris de plus sots que moi. » L’aveuglement de M. de G… M… participe donc à ce double jeu .

4ème partie : Le souper (de la ligne 30 à la fin) 

Tony Johannot, Le souper chez M. de G... M..., édition de Manon Lescaut, 1839

Tony Johannot, Le souper chez M. de G... M..., édition de  Manon Lescaut , 1839

Le comique de caractère

Pour ne pas allonger le récit, le discours est narrativisé, révélant tout l’art des trois complices acteurs : « Toute notre conversation fut à peu près du même goût pendant le souper. » Ce récit met en valeur le contraste des caractères :

D’un côté, il y a ceux qui s’amusent , et d’abord Manon : « Manon, qui était badine, fut plusieurs fois sur le point de gâter tout par ses éclats de rire. » Mais ce rire est aussi une façon, pour le narrateur, d’ atténuer sa culpabilité : au-delà de l’argent, il s’agit d’abord de se divertir. Parallèlement, des Grieux souligne son talent de portraitiste , « je l’achevai si adroitement », autre moyen de faire oublier son rôle dans l’escroquerie .  

De l’autre, la victime se retrouve en position d’accusé , car le récit le rend responsable du succès de la tromperie. S’il ne comprend rien, c’est parce que sa position sociale le rend aveugle : « je faisais son portrait au naturel ; mais l’amour-propre l’empêcha de s’y reconnaître ».

Le comique de situation

La situation relève, en fait, de la mise en abyme fréquente au théâtre , notamment dans la comédie, puisque le contenu du dialogue illustre précisément la scène qui se joue : « Je trouvai l’occasion en soupant de lui raconter sa propre histoire et le mauvais sort qui le menaçait ». Il prend ainsi un risque, « Lescaut et Manon tremblaient pendant mon récit », mais tout se passe comme si cela donnait encore plus de saveur à la tromperie, qui devient un pur moment d’amusement , surtout quand la victime en arrive elle-même à y participer : « il fut le premier à le trouver fort risible ». C’est cet aspect cocasse que met en évidence la conclusion sur cette « ridicule scène », qui nous ramène au théâtre.

Cette phrase de conclusion nous ramène aussi à la situation d’énonciation, le récit fait a posteriori , puisque des Grieux interpelle son destinataire, le marquis de Renoncour : « Vous verrez que ce n’est pas sans raison que je me suis étendu sur cette ridicule scène. ». Très habilement, Prévost met ainsi en place un horizon d’attente , en stimulant, à travers celle du destinataire, la curiosité du lecteur . Mais, en même temps, il renforce  le rôle du décalage temporel . Les protagonistes vivent ce moment dans une totale inconscience de leur immoralité, ne pensant qu’à s’amuser en tirant un bénéfice de leur duperie. Leur jeunesse leur offre ainsi une forme d’innocence. Tout heureux de leur succès, ils en ignorent forcément les conséquences, que le narrateur, lui, connaît, et qui doivent, elles, soutenir le sens moral du roman. 

Cet extrait correspond parfaitement au double intérêt du roman : le conflit entre les personnages et la société et le « romanesque » plaisant .

            Le stratagème raconté révèle pleinement, en effet, des personnages que nous pouvons juger "en marge" car habiles à mentir, à porter un masque, et, en utilisant la religion, à détourner les règles morales. Cependant, Prévost les condamne-t-il vraiment ? Sont-ils plus coupables de leur supercherie que leur victime, tout aussi immorale dans son désir d’utiliser sa richesse pour satisfaire son désir ? Plus que des personnages « en marge », tous ne sont-ils pas, en fait, le reflet d’une société fondée sur le pouvoir que donne la richesse ? Une société où les valeurs collectives, l’ordre monarchique et la morale chrétienne sont remplacées par les valeurs individuelles, la volonté de vivre « hic et nunc » en profitant des plaisirs du siècle .

        À cela s’ajoute l’art du récit, ici une péripétie mise en scène comme le serait une comédie , et soutenant l’intérêt du lecteur. Les personnages deviennent des acteurs, jouant parfaitement leur rôle en mettant en œuvre toutes les formes du comique : une situation qui inverse les rapports de force, car le barbon puissant, aveuglé, se retrouve trompé par les jeunes gens, provoquant le rire par le comique des gestes, exagérés, et des discours, à double sens. Cette tonalité comique est d’autant plus frappante qu’elle contraste avec d’autres péripéties, qui, au contraire, mettent en évidence par la dramatisation pathétique la sensibilité des cœurs.

Explication : L'évasion de Saint-Lazare, de "Ce compliment devait..."  à "... à Saint-Lazare pour longtemps." 

Le stratagème destiné à tirer profit de M. de G… M…fonctionne à merveille : le couple et Lescaut parviennent à s’enfuir avec la richesse soutirée au vieillard. Mais ce triomphe dure fort peu : alors même que les amants sont au lit, ils sont arrêtés  et emmenés, Manon à l’Hôpital prison réservée aux prostituées, le chevalier à Saint-Lazare .

Dans cette prison, le Père supérieur, touché par la douleur de des Grieux, le traite avec douceur, mais celui-ci joue « l’hypocrite ». Il parvient ainsi à recevoir la visite de Tiberge, et à lui transmettre une lettre prétendument destinée à « un honnête homme de [s]a connaissance », chargé, lui, de transmettre celle, cachée à l’intérieur, destinée au frère de Manon auquel il demande son aide pour s’évader. Ainsi, muni du pistolet remis par Lescaut, il frappe, de nuit, à la porte du Père supérieur pour l’obliger à lui remettre les clés. En quoi le récit de cette évasion est-il révélateur de la personnalité du héros ? 

Maurice Leloir, L'arrestation de des Grieux et de Manon, 1885

Maurice Leloir, L'arrestation de des Grieux et de Manon, 1885

1ère partie : Une argumentation convaincante (des lignes 1 à 16) 

Tony Johannot, L'évasion, 1839

Tony Johannot, L'évasion, 1839

La tonalité du récit

L'accueil bienveillant du Père supérieur explique que ce prisonnier, qui peut sortir librement de sa chambre, ait fait appel à  son « amitié » en venant frapper à sa porte en pleine nuit. Mais il convient de ne pas oublier que ce récit est fait a posteriori et devrait donc, pour correspondre à l’objectif moral affiché par Prévost dans son « Avis au lecteur », témoigner de regrets, voire de remords du héros. Mais ce n’est pas le cas, car il se charge d’humour , par exemple en qualifiant de « compliment », petit texte élogieux récité à l’occasion d’une fête ou d’une cérémonie officielle, sa demande des clés pour s’évader. Ce même humour se retrouve dans le jeu sur l’indice temporel, entre le moment vécu, la surprise du Père supérieur, et le moment du récit du narrateur, destiné à expliquer son comportement : « Il demeura quelque temps à me considérer sans me répondre. Comme je n’en avais pas à perdre... ». 

Ce ton humoristique est encore accentué dans la périphrase, « de peur qu’il ne lui prît envie d’élever la voix pour appeler du secours, je lui fis voir une honnête raison de silence, que je tenais sur mon justaucorps. », plutôt cocasse puisqu’il s’agit du pistolet que lui a fourni Lescaut.

Le discours indirect

L’opposition marquée par le connecteur « mais » dans le discours indirect témoigne aussi de la volonté de se justifier , fort habile puisque le premier argument invoqué fait appel à un dogme essentiel du christianisme, la liberté accordée à l’homme , dont la valeur est amplifiée par le superlatif : « j’étais touché de toutes ses bontés, mais que la liberté étant le plus cher de tous les biens […], j’étais résolu à me la procurer cette nuit même, à quelque prix que ce fut ». La menace formulée par ce discours est à nouveau justifiée par un second argument, une protestation d’innocence , qui efface par avance toute idée de faute, passée comme présente : « surtout pour moi à qui on la ravissait si injustement ». Argumentation adressée à son interlocuteur d’autrefois, mais également au destinataire, l’« homme de qualité », une façon donc d’influencer son jugement.

Le dialogue direct

Dans le dialogue qui s'instaure ensuite, le Père supérieur manifeste sa peur et son indignation par ses exclamations, « Un pistolet ! », « Quoi ! »,  et ses questions : « vous voulez m’ôter la vie pour reconnaître la considération que j’ai eue pour vous ? », « que vous ai-je fait ? quelle raison avez-vous de vouloir ma mort ? ». Il tente ainsi de faire appel à la raison de celui qu’il continue à nommer religieusement, son « cher fils », en retournant contre des Grieux l’idée d’injustice par laquelle celui-ci justifie son évasion. Mais son prisonnier met alors en avant une conception morale héritée des jésuites, destinée à excuser un acte coupable par la pureté de l’intention , d’où son invocation, « À Dieu ne plaise ! », et sa protestation négative, insistante : « Eh ! non, répliquai-je avec impatience. Je n’ai pas dessein de vous tuer ». Enfin, son ultime justification consiste à rejeter le risque sur le comportement de son interlocuteur qui l'obligerait, en quelque sorte, à commettre un crime : « vous avez trop d’esprit et de raison pour me mettre dans cette nécessité ; mais je veux être libre, et j’y suis si résolu, que si mon projet manque par votre faute, c’est fait de vous absolument. » La formulation, soutenue par les adverbes, renforce la menace et l’injonction finale, par le jeu entre la condition introduite et la conséquence accentuée par le superlatif, confirme son rejet de toute culpabilité : « si vous voulez vivre, ouvrez-moi la porte, et je suis le meilleur de vos amis. »

2ème partie : Un roman d’aventures (des lignes 16 à 23) 

Pour maintenir l’intérêt de cette péripétie, le récit s’accélère grâce aux verbes d'action dans les courtes propositions qui s’enchaînent : « J’aperçus les clefs qui étaient sur la table ; je les pris, et je le priai de me suivre en faisant le moins de bruit qu’il pourrait. Il fut obligé de s’y résoudre. » Mais les paroles rapportées des deux protagonistes rendent  cette scène un peu ridicule :

d’un côté, la lamentation du Père supérieur, qui déplore sa naïveté : « « À mesure que nous avancions et qu’il ouvrait une porte, il me répétait avec un soupir : « Ah ! mon fils, ah ! qui l’aurait jamais cru ? »

de l’autre, l’image de l’évadé, particulièrement inquiet et soucieux de réussir son évasion , ce que marque l’injonction répétée : « "Point de bruit, mon père" répétais-je de mon côté à tout moment. » 

Prévost, après la description du parcours suivi,  « Enfin nous arrivâmes à une espèce de barrière qui est avant la grande porte de la rue. », prend soin également de conserver dans son récit un horizon d’attente par le verbe annonçant une nouvelle péripétie : «  Je me croyais déjà libre, et j’étais derrière le père, tenant ma chandelle d’une main et mon pistolet de l’autre. » Cette scène offre ainsi toutes les caractéristiques du roman d’aventures .

3ème partie : Le crime (de la ligne 23 à la fin) 

Un acte criminel

À nouveau l’action s’accélère, avec une nouvelle péripétie mise en valeur par le brusque recours au présent de narration : « Pendant qu’il s’empressait d’ouvrir, un domestique qui couchait dans une chambre voisine, entendant le bruit de quelques verrous, se lève et met la tête à sa porte. » Dans son récit, cependant, des Grieux s’emploie à effacer sa propre culpabilité :

     d’une part, l’intervention du domestique est rejetée sur l’action du Père supérieur , présentée comme une erreur de jugement par l’adverbe, « Le bon père le crut apparemment capable de m’arrêter. », et le commentaire circonstanciel, « Il lui ordonna avec beaucoup d’imprudence de venir à son secours. »

      d’autre part, le portrait du domestique fait de lui l’agresseur : « C’était un puissant coquin, qui s’élança sur moi sans balancer. » Ainsi le geste de des Grieux apparaît comme de la légitime défense : « Je ne le marchandai point ; je lui lâchai le coup au milieu de la poitrine. » Notons la brièveté de ces deux propositions dans un récit qui ne montre à aucun moment la victime.

Maurice Leloir, Le crime de des Grieux, 1885

Maurice Leloir, Le crime de des Grieux, 1885

Le déni de culpabilité

Tout au contraire, quoique fait a posteriori, le récit n’introduit aucune réflexion morale .

Le discours rapporté insiste, en effet, sur la volonté du personnage de nier toute culpabilité personnelle , et même, avec l’adverbe, de mettre en avant son courage héroïque : « « Voilà de quoi vous êtes cause, mon père, dis-je assez fièrement à mon guide. Mais que cela ne vous empêche point d’achever, » ajoutai-je en le poussant vers la dernière porte. »

La juxtaposition des actions ramène à l’essentiel,  la réussite de l’évasion, dont le plan a parfaitement fonctionné : « Il n’osa refuser de l’ouvrir. Je sortis heureusement, et je trouvai à quatre pas Lescaut qui m’attendait avec deux amis, suivant sa promesse. » Nous retrouvons ici le rôle du frère de Manon, toujours complice pour assister des Grieux dans ses actes coupables : c’était son idée de se servir des charmes de Manon pour tirer profit de M. de G… M…, c’est lui, à nouveau qui facilite la fuite.

Mais le dernier paragraphe introduit une opposition  :

Le premier mouvement de des Grieux est de rejeter sur lui, par sa question, la responsabilité du meurtre en rappelant sa demande de lui fournir un pistolet non chargé : «  C’est votre faute, lui dis-je ; pourquoi me l’apportiez-vous chargé ? »

Dans un second temps, son ton s’adoucit : « Cependant je le remerciai d’avoir eu cette précaution, sans laquelle j’étais sans doute à Saint-Lazare pour longtemps. »

Mais, dans les deux cas, l’accent mis sur l’arme qui a servi au meurtre décharge de toute culpabilité celui qui, face au danger, a pourtant choisi d’appuyer sur la gâchette.

Nous avons choisi cet extrait pour son double intérêt .

         La vivacité du récit, avec les courtes phrases, la place accordée aux discours direct, et la façon dont Prévost maintient la curiosité du lecteur par l’horizon d’attente créée, permet de mettre l’accent sur le danger couru. Prévost adopte ainsi toutes les ressources propres au romanesque , tout particulièrement présentes dans les romans picaresques.

     Il conduit également le lecteur à s’interroger sur la personnalité du héros . Sa passion pour Manon explique, bien évidemment, sa volonté de s’évader au plus vite pour tenter de la retrouver. Mais que de mauvaise foi dans son argumentation ! Ses discours rejettent sans cesse la responsabilité de ses actes sur autrui : sur son intention louable d’abord, puis sur une société injuste, sur le Père supérieur lui-même, sur son domestique, trop agressif, et finalement sur Lescaut et sur l’arme fournie… Un tel déni de toute culpabilité est-il admissible , alors même que le récit est fait après que des Grieux a pu mesurer toutes les conséquences de ses choix, surtout si nous pensons que Prévost insiste sur sa volonté moralisatrice ? Ou bien est-ce le moyen de renforcer l’idée que le personnage subit, à chaque moment de sa vie, une sorte de fatalité, qui excuserait ses actes immoraux ?

Explication : La mort de Manon, de "Pardonnez, si j'achève..."   à "... j'attendis la mort avec impatience." 

Après son évasion rocambolesque de Saint-Lazare, des Grieux, toujours aidé de Lescaut, fait évader Manon de la prison de l’Hôpital, et le couple vit alors un nouveau moment de bonheur, qui ne dure guère, car la seconde partie du roman s’ouvre sur une nouvelle trahison de Manon : ayant séduit le fils du vieux G… M…, elle entreprend de lui extorquer à lui aussi de l’argent en se vengeant ainsi de son père, et elle convainc son amant de partager ce nouveau forfait, récidive fatale aux amants, tous deux arrêtés . Emprisonné au Petit-Châtelet, des Grieux en sort grâce à l’intervention de son père qui a réussi à convaincre le vieux G… M… de renoncer à sa plainte.

Tony Johannot, La déportation de Manon en Louisiane, 1839

En revanche, aucune excuse pour Manon, condamnée à être envoyée en Louisiane , où les colons attendent des épouses. Après son échec dans sa tentative pour la libérer en route, des Grieux s’embarque avec elle pour cette colonie, où, les croyant mariés, le gouverneur les accueille avec bienveillance. Mais une nouvelle péripétie surgit quand des Grieux demande le droit de se marier, révélant ainsi la vérité : le neveu du gouverneur, Synnelet, exige d’épouser Manon, d'où un duel à l'issue duquel des Grieux est blessé et Synnelet s’écroule. Pour échapper à l’inévitable châtiment, le héros décide de fuir avec Manon vers une colonie anglaise … Une route difficile car le paysage est hostile,  et Manon n’est pas habituée à une longue marche, quand la nuit les contraint à s’arrêter. En quoi ce dénouement donne-t-il au roman son sens ? 

Tony Johannot, La déportation de Manon en Louisiane, 1839

1ère partie :Le présent du récit 

Une introduction (des lignes 1 à 4)

Le récit de cette fuite s’interrompt une première fois pour revenir au moment présent , « Je vous raconte », avec une adresse au destinataire, le marquis de Renoncour, qui insiste sur l’ampleur de la douleur, présentée par avance comme indicible par l’injonction : « Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. » Ainsi, le récit s’inscrit par avance dans la tonalité pathétique , en multipliant les hyperboles : « un récit qui me tue », « un malheur qui n’eut jamais d’exemple. », « Toue ma vie est destinée à le pleurer ». Le ton en arrive ensuite au tragique , puisqu’à la pitié s’ajoute le sentiment de terreur à travers l’image d’un supplice éternel avec une personnification qui en accentue encore la violence : « Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer. »

L'image du narrateur (des lignes 15 à 23)

Une nouvelle interpellation du marquis de Renoncour intervient après la description des derniers instants du couple : « N'exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. » Cette  double négation renforce cette douleur indicible, qui paralyse le langage, au point que la mort n’est mentionnée que par un bref euphémisme : « Je la perdis ». La tonalité tragique s’accentue ainsi, à la fois par l’image du narrateur, accablé par son récit qui lui fait revivre ce moment, et par le sens donné à cet « événement », autre euphémisme : « C'est tout ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement. »

Au-delà de la dimension pathétique marquée par l’adjectif « déplorable », le second adjectif « fatal » renvoie à l’ idée d’une destinée inéluctable . C’est ce que confirme le commentaire du narrateur, qui insiste sur le poids d’un châtiment céleste : «  Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. » Ainsi, si Manon est punie par la mort, le fait de devoir vivre sans elle est présenté comme une punition bien pire, ce qui accentue sa propre culpabilité : « Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. » Les indices temporels suggèrent l’éternité de ce châtiment , par le glissement du passé au présent, suivi d’une projection dans l’avenir qui, en remettant des Grieux en fonction de sujet, révèle son acceptation du malheur : « Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse. » Reprendre en charge le cours de son existence serait la seule façon de surmonter le tragique en cessant de reporter la culpabilité sur d’autres.

Léopold Flameng, La mort de Manon, illustration, 1875 

2ème partie : La mort de Manon (des lignes 5 à 19) 

Léopold Flameng, La mort de Manon, illustration, 1875 

L'ultime moment d'amour

L’ouverture du récit, « Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit.» met en place l’union du couple , que traduit ensuite l’alternance des sujets, avec le pronom « je » pour le comportement du héros et le pronom « elle » pour dépeindre Manon. Le récit se déroule en trois étapes :

         La première est encore un moment de paix , de calme et de silence. Mais le verbe du récit, parce qu’il est fait a posteriori, démasque à quel point la retenue de des Grieux était une illusoire preuve d’amour : « Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. »

La mort de Manon : les ultimes gestes d'amour

La mort de Manon : les ultimes gestes d'amour

       La deuxième étape correspond au réveil avec les indices révélateurs de l’agonie : « Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. » Mais le geste du narrateur illustre encore son déni , puisqu’il n’y voit que l’effet de la froideur nocturne : « Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. » Alors que le discours de Manon rapporté indirectement tente de détromper son amant, « Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. », celui-ci persiste dans son refus d’envisager le pire , souligné par la double négation restrictive : « Je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. »

         Enfin l’énumération des indices physiques, « ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains », marque la douloureuse certitude du héros : ils lui « firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. » La mort de Manon est ainsi présentée comme une délivrance pour elle.

La réhabilitation de Manon

Le roman a souvent mis en évidence le libertinage de Manon, son goût des plaisirs qui la conduit, à trois reprises, à trahir son amant, et a entraîné sa condamnation à la déportation en Louisiane. Mais cette ultime image de l’héroïne efface ses mensonges et ses trahisons en soulignant la sincérité de son amour , symbolisé par la gestuelle, les mains de Manon, que des Grieux « approch[e] de [s]on sein pour les réchauffer », puis le geste de Manon « faisant un effort pour saisir les [s]iennes », avant le gros plan qui met en valeur leur union : « le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes » Le parallélisme des déterminants possessifs, « son silence à mes interrogations », « ses mains […] les miennes », «  mes sentiments […] ses dernières expressions », reproduit cette fusion, encore renforcée par l’entrecroisement final : « Je la perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. » Tout est fait pour faire de l’amour l’ultime vérité de Manon , masquée lors de sa vie mondaine, mais rétablie au moment de la mort.

3ème partie : Des funérailles pathétiques (de la ligne 24 à la fin) 

La divinisation de Manon

Tous les moments importants du roman, depuis la  première rencontre de Manon jusqu’aux moments de réconciliation, en passant par les moments de vie commune, ont mis l’accent sur les charmes de l’héroïne, perçus par les regards du chevalier, incapable de résister à cet attrait physique . C’est ce que nous rappelle l’ultime image de leur relation : « Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon. »

C’est ce qui explique le désir de sauvegarder de toute atteinte ce corps si précieux : « mais je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. » Le lexique marque ainsi une véritable divinisation de Manon : « j’y plaçai l’idole de mon cœur, après avoir pris soin de l’envelopper de tous mes habits pour empêcher le sable de la toucher. » Les hyperboles accentuent encore le contraste entre l’amour profane, charnel, amplifié par le lexique, « après l’avoir embrassée mille fois » et cette divinisation qui attribue à Manon un terme propre à l’ expression religieuse de l’amour porté à un être divin : le superlatif, « toute l’ardeur du plus parfait amour » est répété et prolongé avec insistance par «  j’ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu’elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. »

Jacques-Jean Pasquier, L'enterrement de Manon , gravure, 1753

Jacques-Jean Pasquier, L'enterrement de Manon , gravure, 1753

Mais cet enterrement dépeint aussi, avec insistance, l’état de désespoir extrême du héros : « Mon dessein était d’y mourir », « Je formai la résolution de l’enterrer, et d’attendre la mort sur sa fosse. ». C’est sur cette affirmation réitérée que s’achève ce passage : « Je me couchai ensuite sur la fosse, le visage tourné vers le sable ; et, fermant les yeux avec le dessein de ne les ouvrir jamais, j’invoquai le secours du ciel, et j’attendis la mort avec impatience. » 

Ce portrait pathétique oblige le narrateur à expliciter comment il a pu surmonter la contradiction entre la mise en valeur de son état d’accablement physique par les termes qui l’intensifient, et les efforts exigés par les derniers gestes à accomplir : « J’étais déjà si proche de ma fin, par l’affaiblissement que le jeûne et la douleur m’avaient causé, que j’eus besoin de quantité d’efforts pour me tenir debout. Je fus obligé de recourir aux liqueurs fortes que j’avais apportées ; elles me rendirent autant de force qu’il en fallait pour le triste office que j’allais exécuter ». 

Pascal Dagnan-Bouveret, La mort de Manon, 1878. Peinture, 70 × 99,2. Coll° privée

L’enterrement est ainsi dramatisé par sa représentation, qui repose, dans un premier temps, sur une vision tragique du héros , comme vaincu au combat : « c’était une campagne couverte de sable. Je rompis mon épée pour m’en servir à creuser ». Mais l’arme, symbole de son statut social qui empêchait leur amour, est ensuite remplacée par ses « mains », qui témoignent de leur lien charnel : « mais j’en tirai moins de secours que de mes mains. » La fin du récit met en parallèle le corps de Manon et celui du héros , réduit lui aussi à une totale immobilité, tout en rappelant à quel point les regards, jusqu’à la fin, jouent un rôle dans son amour : « Je m’assis encore près d’elle ; je la considérai longtemps ; je ne pouvais me résoudre à fermer sa fosse. »

Pascal Dagnan-Bouveret, La mort de Manon , 1878. Peinture, 70 × 99,2. Coll° privée

Si le récit de la mort a été réduit, car présenté comme indicible par des Grieux, les commentaires du narrateur mettent en évidence le double sens de la mort de Manon .

D’une part, ils soulignent, par le portrait de des Grieux, la dimension pathétique de cette fin cruelle d’un amour profond , qui s’inscrit dans l’éternité.

D’autre part, ils apportent une morale tragique au roman : alors même que les amants avaient choisi, en demandant le droit de se marier, de revenir au respect de la morale, la mort de Manon devient un châtiment céleste, que devra porter à jamais le héros.

Cependant, Prévost fait-il vraiment ressortir, par cette scène, le sens moral des aventures de ses personnages , en montrant la fin terrible réservé à la passion quand elle efface toute autre valeur ? Ou bien les gestes d’amour de Manon, sa douceur et sa résignation face à la mort, comme la douleur de des Grieux lors de l’enterrement, témoignage d’un amour absolu, n’invitent-ils pas plutôt le lecteur à plaindre les héros qu’à les juger justement punis ? Il appartient au lecteur d'en décider...

Deux tonalités : le pathétique et le tragique  

Pour une étude précise.

La tonalité tragique

Ce dénouement, la mort de l’héroïne qui condamne le héros à passer le reste de ses jours dans le désespoir, correspond à la définition du tragique formulée par le philosophe grec Aristote : il doit provoquer la pitié et la terreur face à la fatalité qui accable un héros dont la lutte est par avance condamnée.

L’horreur de cette mort en plein désert, la volonté de des Grieux d’enterrer sa bien-aimée pour lui éviter d’être dévorée par les bêtes sauvages sont, assurément, des éléments propres à amplifier ce que le narrateur lui-même présente comme un châtiment céleste .

La question reste cependant posée : les fautes des deux amants ont-elles été si effroyables, sont-ils coupables au point de mériter un tel châtiment ? Finalement, sont-ils victimes d’une fatalité, ou plus simplement de leur jeunesse, de leurs propres faiblesses et des injustices de la société ?

La tonalité pathétique

L'explication nous a permis de constater l’absence de cris et de plaintes lors de l’agonie de Manon, la discrétion du récit de sa mort, le refus d’une expression qui serait amplifiée par des exclamations ou des interrogations prenant le Ciel à témoin. Cette expression brise donc le tragique en mettant surtout l’accent sur la lamentation . Ainsi, c’est donc la pitié qui l’emporte chez le lecteur pour ces deux amants , victimes attendrissantes d’un amour dont le récit fait ressortir, pour Manon, comme pour des Grieux, la profonde sincérité.

Histoire de l'art  : Giacomo Puccini, Manon Lescaut , 1893, le finale  

Placido Domingio et Renata Scotto dans le finale de l'opéra de Puccini, 1980

Jules Massenet est le premier, en 1884, à créer au Théâtre national de l’opéra-comique, Manon , une adaptation du roman de Prévost. Lui succède l’italien Giacomo Puccini , qui fait de Manon Lescaut , en 1893 au Teatro Regio de Turin, un drame lyrique en quatre actes , sur un livret composé par Domenico Oliva, Giulio Ricordi, Luigi Illica et Marco Praga.

Le dernier acte, comme dans le roman, se déroule en Louisiane, mais les péripéties en sont très simplifiées , puisque la mort de Manon se déroule aussitôt après leur arrivée. Le couple ne sait où aller pour passer la nuit, Manon est épuisée et des Grieux part lui chercher de l’eau. Elle se croit abandonnée et, quand il revient, elle meurt dans ses bras.

En se comparant à Massenet, Puccini proclame son objectif : « Massenet sent la pièce comme un Français, avec l’atmosphère de la poudre et des menuets. Je la ressentirai comme un Italien, avec la passion du désespoir. » Ainsi, interprété par  Placido Domingo dans la mise en scène de Desmond Heeley au Metropolitan Opera en 1980, des Grieux est le rôle de ténor le plus long des opéras de Puccini, essentiellement montré comme victime : ses lamentations déchirantes atteignent leur apogée au moment où Manon meurt. La soprano Renata Scotto, qui interprète Manon , a une présence musicale plus réduite, mais plus diversifiée : jeune fille innocente au premier acte, elle se transforme en une maîtresse coquette et en une amante passionnée, avant de s’inscrire dans le tragique comme prisonnière, puis par sa douloureuse agonie .

Doucement accompagné par l'orchestre, le duo final des amants, reprend les images principales de Prévost , à commencer par le « froid » de l’agonie, les caresses et les baisers échangés : « Tes lèvres contre les miennes. / Unissons-les. » Les dernières phrases de Manon, au moment où elle revoit sa « jeunesse », expriment bien, comme l’indique Prévost, son amour sincère : « Elle t’aimait follement, Manon, tu sais ? » Enfin, c’est à Manon aussi que Puccini attribue l’aveu de culpabilité, « Sur mes fautes c’est l’éternel oubli », l’idée donc d’une rédemption apportée par la mort, et elle répète l’affirmation du héros, « Nos flammes sont éternelles » en exhalant son dernier souffle: « nos amours... vivront... ». La musique s'intensifie alors pour souligner la douleur de l'amant abandonné . 

Étude d’ensemble  : Le romanesque 

Rappelons les critères qui fondent, des l’origine du « roman », ce que l’on nomme "le romanesque"  :

Il met en scène des personnages qui sortent de la norme , originaux par leur façon de plonger dans le rêve, dans l’imaginaire, emportés par leurs élans sentimentaux. Il leur fait parcourir des lieux pittoresques et leur attribue des comportements qui s’écartent de la banalité du réel, et prouvent leurs qualités exceptionnelles.

Il implique une suite d’événements, des péripéties inattendues , conduisant à des conséquences contrastées, tantôt l’échec, tantôt le succès, mais toujours perçues comme excessives. L’objectif du romancier est donc de toujours surprendre le lecteur , de le captiver par une lecture divertissante.

L’étude observera donc la présence de ces critères dans la construction de l’intrigue, dans l’élaboration des personnages et dans l’écriture de Prévost .

Conclusion 

Réponse à la problématique  .

Rappelons la problématique qui a guidé cette étude du roman : Comment le parcours prêté par le romancier aux deux amants met-il en valeur le conflit entre la passion qui les anime et les valeurs sociales ? 

Un parcours amoureux

De la première rencontre entre les deux jeunes gens à Amiens dans la cour d’une hôtellerie jusqu’à la douloureuse agonie de Manon dans un paysage désolé de Louisiane, nous avons pu mesurer l’itinéraire de ces amants, de rares moments heureux interrompus par de multiples péripéties . Prévost dépeint ainsi une passion, née au premier regard de des Grieux sur les « charmes » de Manon, avec tous les excès qu’elle implique. Nous nous sommes ainsi interrogés sur la réciprocité de cette passion , car Manon domine bien souvent le jeune homme, incapable de lui résister quand elle implore son pardon à chacune de ses trahisons, et qui l’accompagne jusqu’à la mort. Mais cette mort, précisément, apporte une réponse car, éloignée en Louisiane des plaisirs mondains, Manon répond alors pleinement et sincèrement à l’amour que lui voue des Grieux , qu’elle exprime dans ses derniers moments.

La passion en lutte contre la société

Cela conduit à proposer une autre interprétation du roman : l’échec de cet amour viendrait, en fait, des obstacles nombreux que lui oppose la société , à commencer par l’ordre monarchique qui place des Grieux sous le pouvoir absolu de son père en lui interdisant la transgression de son statut social que représenterait un mariage avec une fille sans noblesse. Le second obstacle vient de l’évolution de cette société qui fait du plaisir, des divertissements, donc de l’argent que cela nécessite, des valeurs hédonistes que tous pratiquent. Des hommes comme M. de B…, le vieux M. de G…M… et même son fils, qui, séduits par Manon, sont prêts à payer pour en acquérir la possession, donnent eux-mêmes des exemples de cette corruption mondaine . Dans ce contexte, comment les jeunes amants peuvent-ils survivre, sinon en exploitant eux-mêmes ces êtres corrompus, en choisissant à leur tour la corruption : tricher aux cartes, mentir, escroquer, et même tuer pour fuir la prison… ? Prévost, en les menant de péripétie en péripétie, avec les châtiments qui leur sont infligés, prison, déportation..., ne leur laisse que le choix, finalement, de se soumettre aux codes de cette société . Cependant, au moment même où ils se soumettent, des Grieux venant solliciter auprès du gouverneur de la Nouvelle-Orléans le droit de régulariser sa situation en épousant Manon, arrive l’ultime échec, la mort de l’héroïne.

Les ressources du romancier

Cet itinéraire est mis en valeur par les deux choix qui soutiennent le roman :

        En présentant son roman comme un récit, fait a posteriori lors de la seconde rencontre de des Grieux avec l’« homme de qualité », le marquis de Renoncour qui l’inclurait dans ses Mémoires , Prévost peut jouer sur la temporalité : tantôt nous voyons les personnages dans leur  existence passée , tantôt il nous ramène au présent du récit . Cela lui permet alors d’introduire un recul du narrateur – qui, lui, connaît la fin de l’histoire – de formuler des réflexions, des regrets, des explications, tout en stimulant la curiosité de son destinataire fictif, le marquis, mais aussi réel, le lecteur.

      D’autre part, à travers les péripéties, Prévost fait alterner des tonalités bien différentes . Tantôt, les événements font sourire , notamment quand les deux héros élaborent des stratagèmes cocasses pour arriver à leurs fins : la tromperie du vieux G… M… rappelle une scène de comédie. Tantôt, au contraire, la tension s’accentue, et les sentiments sincères des héros en font des victimes. L’expression lyrique, même si elle reste encore discrète, ne peut que toucher le lecteur, et le récit s’inscrit alors dans la tonalité pathétique et même, parfois, en donnant l’impression que la fatalité les écrase, dans le tragique .

Le roman de Prévost se situe donc au confluent de deux tendances du XVIIIème siècle : d'un côté, le libertinage propre à la société s'inscrit pleinement dans les portraits des personnages et les aventures qui leur sont prêtées, de l'autre, la montée du courant sensible explique la place accordée à l'expression des sentiments.

Lecture cursive : Le dialogue avec Tiberge à Saint-Lazare  

Alors qu’il est retenu prisonnier à Saint-Lazare, des Grieux n’a qu’une idée en tête : s’évader pour retrouver Manon, elle aussi prisonnière, à l’Hôpital. Mais pour cela il a besoin  d’aide : par son comportement qui joue la soumission et par le réel chagrin qu’il montre, il obtient du Père supérieur de recevoir la visite de son ami Tiberge , qu’il veut charger d’une lettre prétendument adressée à une connaissance, mais qui en contient une autre, destinée à Lescaut.  Comme à chacune des péripéties, Tiberge tente de ramener son ami à la vertu, ce qui conduit à un vif débat .

La confession de des Grieux (1er paragraphe)

Depuis la première rencontre entre des Grieux et Manon, Tiberge a alerté son ami sur les dangers de cette relation amoureuse, en vain. Mais cela n’a pas mis fin à leur amitié, même si au début de leur entretien des Grieux associe sa confession sincère à un mensonge "par omission" : « Je lui ouvris mon cœur sans réserve, excepté sur le dessein de ma fuite. » Il lui confirme sa passion, en reconnaissant sa culpabilité morale : « Si vous avez cru trouver ici un ami sage et réglé dans ses désirs, un libertin réveillé par les châtiments du ciel, en un mot, un cœur dégagé de l’amour et revenu des charmes de Manon, vous avez jugé trop favorablement de moi. » Cet aveu sincère traduit aussi sa lucidité : il est parfaitement conscient des dangers de la passion , qualifiée d’ailleurs de « fatale tendresse », dans le double sens de l’adjectif, à la fois une destinée irrésistible mais aussi une promesse de châtiment. Mais le parallélisme « toujours tendre et toujours malheureux » et la double affirmation qui suit montrent qu’il n’est pas prêt à renoncer à son amour  : « Vous me revoyez tel que vous me laissâtes il y a quatre mois », « je ne me lasse point de chercher mon bonheur. »

Le blâme adressé par Tiberge (2ème paragraphe)

Tiberge a suivi, lui, le parcours initialement prévu pour des Grieux, au sein de la religion, ce qui explique l’argumentation de sa riposte, un blâme violent : « l’aveu que je faisais me rendait inexcusable ». C’est précisément la lucidité de Des Grieux qui soutient son argumentation critique et son appel à la raison . Tiberge se montre, en effet, prêt à excuser ceux qui sont « dupes de l’apparence » en confondant le « faux bonheur du vice » au « vrai bonheur de la vertu ». Mais des Grieux ne bénéficie pas de cette circonstance atténuante puisqu’il persiste à se « précipiter volontairement dans l’infortune et dans le crime », conséquences d’une passion dont il reconnaît qu’elle est « fatale ».

Tony Johannot, Le dialogue des deux amis, 1839

Tony Johannot, Le dialogue des deux amis, 1839

L'argumentation de des Grieux (3ème paragraphe)

Ponctuée de questions rhétoriques, la longue argumentation de des Grieux repose sur une habile comparaison entre la morale religieuse, défendue par Tiberge, et la morale hédoniste qu’il défend , à partir du constat que, dans les deux cas, le « bonheur » promis ne s’obtient qu’à travers les souffrances : « Or, si la force de l’imagination fait trouver du plaisir dans ces maux mêmes, parce qu’ils peuvent conduire à un terme heureux qu’on espère, pourquoi traitez-vous de contradictoire et d’insensée dans ma conduite une disposition toute semblable ? » Il se compare ainsi à un martyr qui, pour atteindre le bonheur que lui promet sa foi – la sienne étant sa passion pour Manon –, est prêt à subir les pires souffrances : « je tends, au travers de mille douleurs, à vivre heureux et tranquille auprès d’elle. » Mais sa comparaison va encore plus loin et touche au blasphème , puisqu’il proclame la certitude qu’un bonheur terrestre, « proche » et « sensible au corps », est préférable à un bonheur céleste, « éloigné » et que nul ne peut définir car il relève de la seule « foi » religieuse. Le blasphème consiste à placer ce qui relève du corps, donc le matérialisme, au-dessus de ce qui touche à l’âme , part supérieure de l’homme pour un croyant et propre à assumer son salut éternel.

La réaction de Tiberge (4ème paragraphe)

Prévost sait très bien qu’il prête à son héros un raisonnement irrecevable dans une optique religieuse, et  le personnage de Tiberge lui  permet d’atténuer cette audace par sa réaction indignée , renforcée d’abord par la redondance dans le discours indirect, « c’était un malheureux sophisme d’impiété et d’irréligion », puis par les hyperboles violemment critiques : « une idée des plus libertines et des plus monstrueuses. » Mais rappelons que la présence de ce personnage, représentant de la stricte morale chrétienne , n’empêchera pas le roman d’être frappé de censure, lors de sa parution en France.

POUR CONCLURE

Ce dialogue pose une question philosophique fondamentale, celle de la « quête du bonheur », objet de bien des écrits au siècle des Lumières . Elle oppose les tenants de la morale religieuse , qui placent le bonheur dans le paradis de l’au-delà, auquel seules la vertu et la vie spirituelle permettent d’accéder, et ceux qui prônent une morale hédoniste , la jouissance des plaisirs terrestres, comme le fait Voltaire en s’écriant dans Le Mondain en 1736 : « Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde. / Ô le bon temps que ce siècle de fer ! » Notons d'ailleurs que l’existence même de Prévost oscille pendant longtemps entre ces deux pôles, la religion et le libertinage.

Devoir  : Dissertation  

Pour lire le corrigé proposé.

SUJET   :   Dans son « Avis de l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité », qui sert de préface à son roman, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut , paru en 1731, Prévost affirme qu’« on y trouvera peu d’événements qui ne puissent servir à  l’instruction des mœurs » et il précise : « c’est rendre, à mon avis, un service considérable au public que de l’instruire en l’amusant. »

Ce double objectif vous paraît-il atteint ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé, en vous appuyant sur le roman de Prévost, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

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    Bac de français 2023 : Proposition de corrigé pour le sujet de dissertation « Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu'au récit d'une passion amoureuse ? » Nous allons nous pencher sur le sujet A, qui correspond à l'oeuvre de l'Abbé Prévost, Manon Lescaut, Parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

  6. Manon Lescaut L'abbé Prévost 5 sujets de dissertation possibles au bac

    L'abbé Prévost. 5 sujets de dissertation possibles au bac de français. 5 sujets sur Les aventures du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de l'abbé Prévost, liés au parcours : « Personnages en marge, plaisirs du romanesque ».

  7. The Narrative of Fascination: Pathos and Repetition in 'Manon Lescaut'

    conclusion. Manon seems to defy any ultimate appropriation or domestication - by des Grieux, by repressive societal forces, by the readers of her story.2 In America, where a kind of continuity and peace seems to have settled over the two lovers ("J'étais réglé dans ma conduite; Manon ne l'était pas moins" [p. 177]), Manon's

  8. Manon Lescaut, abbé Prévost : fiche de lecture et résumé

    Le Parcours sur Manon Lescaut - Partie 2 @commentairecompose.fr Pour te démarquer en dissertation sur Manon Lescaut, regarde ça… Comme tous les #lyceens vont écrire que Manon Lescaut est immorale et marginale, à toi d'avancer des arguments plus subtils et recherchés . Car l'art de la dissertation au bac de français, c'est de ...

  9. Manon Lescaut

    Manon Lescaut - Abbé Prévost. Autre commentaire sur cette scène de première rencontre. INTRODUCTION. A) Vie de l'auteur : L'Abbé Prévost était partagé entre ses maîtresses (l'ivresse de la passion) et sa vocation religieuse. Sa vie fut trépidante, scandaleuse. B) La situation d'énonciation :

  10. Manon Lescaut : pourquoi ce roman plaît-il

    Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie. Introduction [Accroche] Au xviii e siècle, alors que le genre romanesque est souvent décrié pour ses invraisemblances, voire son immoralité, Manon Lescaut connaît un grand succès. [Explication du sujet] L'écrivain Montesquieu, philosophe précurseur des Lumières, dit ne pas s'étonner que « ce roman dont ...

  11. Dissertation corrigée

    Préparez-vous à l'épreuve écrite du Bac de français en examinant attentivement le corrigé de cette dissertation. Vous répondrez dans un développement structuré, en prenant appui sur votre lecture de Manon Lescaut de l'abbé Prévost, sur les textes étudiés en classe ou lus dans le cadre du parcours associé, ainsi que sur votre culture personnelle.

  12. Manon Lescaut, L'Abbé Prévost, la rencontre : analyse (BAC)

    Manon Lescaut, La rencontre amoureuse, conclusion. On retrouve dans cette scène de rencontre de Manon Lescaut les topoï du coup de foudre. ... Dissertation sur Manon Lescaut (exemple de dissertation) Manon Lescaut, l'avis au lecteur (analyse linéaire) Manon Lescaut, le souper interrompu [analyse]

  13. Is 'Manon Lescaut' a Jansenist Novel?

    Manon Lescaut, which is a masterpiece, had its origin in ... To reinforcehis thesis, M. Hazard enters now into a biographical digression the object of which is to show that Prevost satirized his former masters, the Jesuits, whom he ... He reserves it for the conclusion of his study, though Prevost uses it halfway through his novel. In a conversa-

  14. Manon Lescaut, La Mort de Manon : Analyse Linéaire (Bac 2024)

    Conclusion de l'analyse linéaire de la mort de Manon Lescaut Rappel du développement Nous avons pu constater que le récit de la mort de Manon est entouré de deux excuses du narrateur dans lesquelles il affirme sa difficulté de raconter cet événement.

  15. Dissertation guidée 2

    Retrouvez la leçon et de nombreuses autres ressources sur la page Dissertation guidée 2. ... Dans Manon Lescaut, ... la conclusion, en proposant une ouverture sur le roman picaresque (p. 21. et l'extrait de Gil Blas. p. 300-301). Afficher la correction.

  16. Manon Lescaut, La Rencontre : Analyse Linéaire (Bac 2024)

    Conclusion de l'analyse linéaire de la scène de la rencontre dans Manon Lescaut Rappel du développement. Nous avons pu constater que le récit de la rencontre entre Manon et Des Grieux est l'occasion pour le jeune homme de revenir sur les sentiments forts qu'il a ressentis dès les premiers instants.

  17. Abbé Prévost, Manon Lescaut : personnages en marge, plaisirs du ...

    Manon Lescaut ou l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut selon son titre premier est un court récit qui s'insère dans un ensemble romanesque plus vaste, dont il constitue le septième et ultime tome : les Mémoires d'un homme de qualité, publiés entre 1728 et 1731, narrant la vie du marquis de Renoncour, personnage inventé par le tumultueux Antoine François Prévost, dit ...

  18. Dissertation Manon Lecaut

    Brossier Mahé 1°1 Dissertation Manon Lescaut. Le roman est une œuvre d'imagination dont l'intérêt du livre est surtout dans complexité et la psychologie des personnages. L'auteur l'Abbé Prévost qui est un auteur du XVIII ème siècle pendant le mouvement des Lumières.

  19. Manon Lescaut : PREMIÈRE PARTIE, la première trahison ...

    Manon Lescaut Résumé et Analyse. Au bout de trois semaines de parfait bonheur passés dans leur appartement parisien situé rue de Vivienne, les amants rencontrent des difficultés financières qui poussent Des Grieux à vouloir demander au père de Manon l'autorisation d'épouser sa fille. La jeune femme réticente à l'idée ...

  20. Dissertations sur Manon Lescaut, Prévost. Séquence roman bac

    Manon Lescaut Prévost commentaire linéaire, les plaintes et les reproches d'un amant, parcours associé/ personnages en marge, plaisirs du romanesque. Le 19/01/2023. Dans Quiz ton bac de français 2023. Etudier, réviser les parcours, auteurs, études linéaires, la grammaire, lectures cursives, procédés littéraires.

  21. Manon Lescaut : Parcours personnages en marge et plaisirs du romanesque

    Découvrez les clés pour analyser "Manon Lescaut" de Prévost au bac de français : personnages marginaux, plaisir du romanesque et contexte littéraire. Apprenez à étudier les motivations, relations et évolutions des personnages, à identifier les moments forts du récit et à comprendre les enjeux sociaux et moraux soulevés par l'auteur. Suivez nos conseils pour réussir votre analyse ...

  22. Dissertation Manon Lescaut

    En conclusion, l'étude de la marginalité dans le roman Manon Lescaut nous permet de comprendre les mécanismes de la domination et les critiques sociales et morales de l'époque. Cependant, cette thématique de la marginalisation reste pertinente aujourd'hui, alors que les luttes pour l'égalité et la reconnaissance de la diversité se ...

  23. ManonLescaut-parcours

    Parcours pédagogique sur "Manon Lescaut" de l'abbé Prévost, complétant l'étude d'ensemble du roman : une introduction et suivie de 6 explications d'extraits accompagnées de documents complémentaires, textuels et iconographiques. Deux approches stylistiques (les discours, les tonalités) et deux analyses d'Histoire des arts, un tableau et un extrait d'opéra. Un sujet de dissertation ...